Un an après son élection, Bernadette Clément charme toujours les francophones
Le 22 octobre 2018, il y a un an jour pour jour, Bernadette Clément devenait la première mairesse élue de l’histoire de Cornwall. Francophone, issue des minorités visibles, la nouvelle élue déclenchait aussitôt une vague de sympathie.
« J’ai senti la pression, des fois c’est même un peu lourd », reconnaît un an après, la mairesse en entrevue pour ONFR+. « Pendant le porte-à-porte de la campagne électorale, on me parlait de l’eau, du déneigement… Les gens ont élu Bernadette, parce qu’ils me connaissaient en tant qu’avocate, conseillère scolaire. Mais une fois que j’ai été élue, j’avais toutes les parties de mes identités qui sont devenues intéressantes. Oui, il y avait de la pression, mais j’ai compris la chance de pouvoir parler de Cornwall à l’extérieur de Cornwall. »
Dans une ville où les francophones représentent plus de 10 000 résidents, et l’équivalent de plus de 20 % de l’ensemble des résidents, Bernadette Clément était naturellement très attendue par les Franco-Ontariens.
Un an plus tard, l’ACFO Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO-SDG) juge positivement l’action de la mairesse.
« Elle est définitivement proactive, elle est à l’écoute de sa communauté, même si des idées sont contraires aux siennes. Avec la francophonie, elle est présente de partout », souligne la présidente de l’organisme porte-parole des francophones, Diane Poirier.
« L’ACFO-SDG a toujours eu une bonne relation avec la mairesse. Bernadette était déjà présente en tant que membre de l’ACFO, avant d’être élue. Elle était souvent la personne qui présidait les réunions. »
La nouvelle mairesse le confirme. « Je fais toujours l’effort de parler en français dans toutes les places officielles (…) J’essaye d’inclure le message qu’on possède à Cornwall une belle francophonie et que l’on se doit de l’inclure de partout. »
Le dossier de l’immigration francophone
C’est probablement sur le dossier de l’immigration que la nouvelle mairesse semble le plus déterminée en matière de francophonie.
« Ça fait des années que notre population est à 48 000 résidents. On aimerait bien franchir le cap des 50 000, mais nous sommes en compétition avec d’autres communautés de l’est de l’Ontario. »
Interrogée sur la réalisation principale de Mme Clément, l’ACFO-SDG cite sans hésiter son travail sur l’immigration.
« Elle a beaucoup œuvré, par exemple, pour la tenue d’une rencontre stratégique sur l’immigration francophone à Cornwall le 7 novembre prochain. »
Un son de cloche identique du côté de Brigitte Duguay Langlais, coordinatrice du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est Ontario.
« Nous avons son appui inconditionnel, et elle a une grande ouverture sur le dossier de l’immigration francophone. »
En début d’année, Cornwall avait raté le titre de « communauté accueillante francophone » aux dépens de Hawkesbury.
« Cornwall a un besoin de main d’œuvre qualifiée, la ville est bien située, il y a des transports en commun (…) Nous pouvons toujours transférer des initiatives sur l’immigration montées à Hawkesbury jusqu’à Cornwall », illustre Mme Duguay Langlais.
L’Université de l’Ontario français… à Cornwall
Si les actions se dessinent du côté de l’immigration francophone, c’est une autre initiative bien plus inattendue qui avait récemment attiré les regards sur la municipalité. Le 23 septembre, une motion était approuvée au conseil municipal pour que la ville devienne « un site possible pour la construction de la première université de langue française de l’Ontario ».
Bernadette Clément revient sur cet épisode. « On voulait être les premiers à envoyer un message qu’on avait quelque chose ici, dire aux gouvernements provincial et fédéral de penser aux autres petits centres pour un campus satellite sur le long terme. Je n’ai rien contre Toronto, mais il faut aussi penser aux petits centres plus abordables. C’est plus cher de s’installer à Toronto! Nous avons déjà le Centre Nav qui pourrait accueillir un tel projet. »
Concernant l’affichage municipal en français, Mme Clément affirme vouloir mettre les bouchées doubles.
« On a une politique sur les services en français, et l’on essaye toujours que l’affichage dans nos bâtiments soit bilingue, voire trilingue, si l’on ajoute la langue mohawk. »
La mairesse n’est toutefois pas décidée « à imposer » l’affichage commercial bilingue, comme c’est le cas dans plusieurs municipalités de l’Est ontarien.
« On préfère démontrer notre leadership en sensibilisant les commerçants à accueillir en français et en anglais, notamment par la campagne Bonjour/Welcome. »
Projet de développement économique
Impossible aussi de ne pas évoquer avec Mme Clément l’aspect économique. D’autant que la fermeture de la papetière de Domtar en 2006 avait marqué un tournant pour Cornwall, entraînant presque un millier de perte d’emplois.
« Depuis, on cherche continuellement une autre vocation », laisse entendre Mme Clément.
Et la municipalité aimerait développer la propriété du bord de l’eau du fleuve Saint-Laurent, un lieu qu’elle partage avec la communauté de première nation Akwesasne.
« Pour la première fois en dix ans, nous sommes allés souper avec le grand chef Mohawk Abram Benedict, mais il y a du chemin à faire avant de dire qu’on veut des magasins et des condos. Nous sommes pour l’instant en train de développer une vision conjointe. »
Et de conclure : « En ce moment où l’on est en train de développer une nouvelle transition, je suis très fière d’être la première mairesse à Corwnall en 235 ans. »