Un cri du cœur lancé par la Coalition ontarienne de l’autisme

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TORONTO – Des membres de la Coalition ontarienne pour l’autisme (COA) étaient présents à Queen’s Park, le mardi 4 avril, pour lancer un véritable cri du cœur aux députés ontariens. Selon eux, les jeunes atteints d’autisme n’ont presque pas de soutien dans les salles de classe et des changements drastiques s’imposent.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Les membres de la COA ont présenté aux députés un rapport intitulé « Nouveaux horizons » contenant 64 recommandations pour offrir de meilleurs services aux enfants atteints d’autisme. La COA demande notamment que davantage de ressources soient offertes aux familles, qui peinent à obtenir du soutien pour leurs enfants.

La COA aimerait également que soit appliquée à la grandeur de la province une méthode d’enseignement nommée analyse du comportement appliquée (ACA). L’ACA est une technique qui établit un répertoire de comportements acceptables tout en réduisant ceux qui posent problème pour les jeunes avec un trouble de l’autisme. Selon eux, cette technique n’est pas suffisamment implantée dans les salles de classe et il n’y a pas assez d’enseignants formés pour s’en servir.

Par ailleurs, les membres de la COA croient que le ministère de l’Éducation doit revoir la politique 140, instaurée en 2007. Cette politique a pour but d’aider les conseils scolaires à utiliser ACA comme approche pédagogique dans l’enseignement.

Cinq recommandations principales de la COA :

  • Augmenter et améliorer la formation des éducateurs spécialisés et des futurs enseignants
  • Revoir la politique 140 et s’assurer qu’elle soit appliquée
  • Revoir le financement en éducation pour qu’il soit adapté à une approche basée sur les besoins
  • Allouer plus de fonds pour l’embauche d’éducateurs spécialisés et s’assurer qu’ils soient formés à la méthode d’analyse du comportement appliquée
  • Créer une école provinciale pour les jeunes avec un trouble de l’autisme.

Ce n’est pas la première fois que la COA interpelle le gouvernement à ce sujet. En novembre dernier, une manifestation ainsi qu’une pétition avaient été remises à la ministre de l’Éducation, Mitzie Hunter.

Des investissements déjà faits, assure le gouvernement

Mitzie Hunter a voulu se montrer rassurante auprès des parents inquiets, sans pour autant dire si les recommandations de la COA allaient être implantées par son ministère.

« Nous continuons d’investir dans l’éducation spécialisée et nous avons déjà augmenté le financement de près de 65 % en la matière depuis 2003 », a rappelé la ministre.

« Nous faisons beaucoup pour les élèves ayant un trouble de l’autisme. (…) Quand un étudiant vient dans le système, nous nous assurons qu’il ait le support dont il a besoin », a-t-elle ajouté.

En mars dernier, le gouvernement de l’Ontario avait annoncé des investissements de plus de 330 millions de dollars sur cinq ans pour changer du tout au tout la stratégie de la province en matière d’autisme.

Avec des sommes injectés dans le système, l’Ontario avait indiqué son souhait de vouloir réduire de moitié les temps d’attente pour obtenir des services d’aide et servir plus de familles.

La ministre Hunter a tout de même concédé que plus d’actions peuvent être faites en la matière.

« C’est très important pour moi de poursuivre la formation des enseignants et c’est d’autant plus important puisque nous avons 20 000 élèves avec un trouble de l’autisme dans le système scolaire ontarien. Nous voulons nous assurer qu’ils aient le support dont ils ont besoin », s’est exclamée la ministre de l’Éducation.

Une rencontre est prévue avec les membres de la COA le 5 avril prochain.

Inaction inacceptable

Pour le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (PC de l’Ontario), Patrick Brown, il est clair que le gouvernement n’agit pas assez pour venir en aide aux parents de jeunes avec un trouble de l’autisme.

« Je crois que la Coalition (ontarienne pour l’autisme) soulève des points importants alors que 65 % des conseils scolaires n’ont pas les fonds nécessaires pour soutenir les éducateurs spécialisés et (…), la seule réponse du gouvernement est d’attaquer et de nier le problème », a-t-il dit.

Selon lui, cela est très révélateur de la part du gouvernement.

« Posez la bonne action et aidez ces enfants », s’est empressé d’ajouter Patrick Brown.

Andrea Horwarth, la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, a souligné l’absence de financement et d’accès aux programmes.

« Certains parents ont dû refinancer leurs maisons pour pouvoir payer pour les programmes d’aide, les services sont trop dispendieux et les familles sont désespérées de trouver des solutions », a-t-elle regretté.

La chef du NDP de l’Ontario déplore également le cynisme du gouvernement dans ce dossier.