Un festival sur l’histoire franco-ontarienne en projet à Penetanguishene
PENETANGUISHENE – La Clé d’la Baie en Huronie (La Clé) étudie la possibilité de créer un tout nouveau festival francophone à caractère historique dans le comté de Simcoe. Un festival dont la première édition pourrait voir le jour dès 2020.
« Dans les dernières années, avec les festivités autour du 400e anniversaire de présence française en Ontario et la création du parc commémoratif Champlain, nous avons beaucoup réfléchi. Les gens trouvaient ça beau d’avoir un nouveau parc, mais ils voulaient le faire vivre avec des festivités », explique la directrice générale de La Clé, Sylvia Bernard, à ONFR+.
Mais pas question de se lancer dans un festival de musique, alors que plusieurs existent déjà dans la région, rappelle-t-elle. La Clé imagine plutôt retracer l’histoire francophone de la région et de la province avec un festival à caractère historique. En 2017, l’organisme a donc envoyé une délégation aux Fêtes de La Nouvelle-France, à Québec, afin d’en savoir plus sur les bonnes pratiques et la faisabilité d’organiser un tel festival.
« On a des histoires similaires et des affinités avec eux, mais pourtant il y a peu de choses qui se font en Ontario sur notre histoire francophone. On veut faire un legs à notre communauté et ne pas seulement parler de notre histoire tous les 400 ans. On souhaite offrir un festival d’ambiance qui nous plonge dans le temps! »
« On ne fera jamais trop d’animations historiques! » – Félix Saint-Denis, directeur artistique de L’écho d’un peuple
L’idée séduit particulièrement le cofondateur et directeur artistique de L’écho d’un peuple, Félix Saint-Denis, qui serait prêt à y collaborer avec sa troupe, pour fournir des costumes ou partager son savoir-faire.
« C’est une idée merveilleuse et très importante d’un point de vue symbolique et historique, car la région de la Huronie est le berceau de l’Ontario français. C’est là que tout a débuté! »
Le maire franco-ontarien de Penetanguishene, Douglas Leroux, applaudit l’initiative.
« C’est une très bonne idée et j’ai déjà eu des discussions avec Mme Bernard à ce sujet! Nous n’avons pas de festival comme celui-ci, bilingue, et je pense que la communauté serait très fière d’accueillir un tel événement. J’appuie le projet! »
Décision dans quelques semaines
La décision d’aller de l’avant sera prise fin juillet-début août, explique Mme Bernard. Le temps d’analyser l’étude de faisabilité menée par la firme PGF ces dernières semaines et pour laquelle La Clé a reçu récemment une subvention de 59 500 $ du gouvernement fédéral.
« On sait que la création d’un festival, ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Il faut y réfléchir et avoir toutes les données en main pour prendre une décision éclairée », insiste la directrice générale de l’organisme francophone de Penetanguishene.
Alors que plusieurs festivals éprouvent des difficultés, M. Saint-Denis juge cette approche très sage, lui qui a connu les affres de la faillite avec le mégaspectacle L’écho d’un peuple, après cinq ans d’existence.
« Quand nous avons bâti L’écho d’un peuple, nous avons été touchés par des impondérables. Les 400 ans de Québec nous ont fait très mal, en 2008, et on n’a pas pu se relever. Mais s’ils vont petit à petit, en bâtissant au fur et à mesure et en s’ajustant selon ce qui marche ou pas, ça va fonctionner. »
Première édition en 2020?
Les choses pourraient rapidement évoluer si l’étude de faisabilité s’avère concluante puisqu’une première édition pourrait avoir lieu dès 2020, confie Mme Bernard.
« Ce serait une édition découverte, assez sobre, sur trois jours. On pourrait imaginer un souper de l’ordre du bon temps le vendredi, des activités familiales le samedi et un petit déjeuner de clôture le dimanche. »
Une façon de prendre le pouls et aussi d’être ensuite admissible à une aide des paliers provincial et fédéral qui ne subventionnent pas la première année d’un festival, précise la directrice générale de La Clé. Pour la suite, les idées ne manquent pas.
« On pourrait avoir des petits sketches ambulants d’histoire, un défilé avec la marionnette géante de Champlain, une présentation des métiers d’antan, un marché des saveurs, une auberge animée, un géorallye… Il y a beaucoup de potentiel! »
Mme Bernard verrait bien également intégrer au festival de façon permanente les projections multimédias sur l’édifice historique de La Clé relatant l’histoire de la francophonie en Ontario, plus particulièrement dans Simcoe, qui seront mises en place cette année dans le cadre des 40 ans de l’École de la Résistance.
En faire un incontournable
Si la décision n’est pas encore prise, la directrice générale de La Clé se montre confiante.
« Quand on voit l’enthousiasme autour de notre exposition permanente pour le 40e anniversaire de l’École de la Résistance, ça prouve qu’il y a de l’intérêt pour l’histoire franco-ontarienne », dit-elle.
Pour M. Saint-Denis, le succès d’un tel festival est d’autant plus envisageable que la région est déjà une destination touristique.
« Il y a tout pour réussir, avec plusieurs attraits touristiques intéressants dans la région, comme Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, le Sanctuaire des martyrs canadiens… De plus, le parc Champlain Wendat est de toute beauté! »
À terme, Mme Bernard ne manque pas d’ambition.
« On veut en faire un événement touristique incontournable dans la région. Je rêve du jour où les gens viendront de loin et prendront leurs vacances spécialement pour venir à notre festival et que celui-ci commencera à faire des jaloux du côté des Fêtes de La Nouvelle-France! », sourit-elle.