« Un hiver exceptionnel » pour les saisonniers du Nord
SUDBURY – Température positive, pluie, dernières tempêtes de neige… La saison hivernale touche à sa fin en Ontario et l’heure est au bilan dans les villes du Nord. L’industrie touristique a tiré son épingle du jeu selon plusieurs membres d’établissements de plein air, même si la neige est arrivée plus tard cette année.
« On a eu un gros hiver cette année », se réjouit Isabelle Nesseth qui s’est occupée de la cuisine du Club des As de Moonbeam. Avec une capacité de 100 personnes dans la salle à manger, et des journées avec jusqu’à 167 convives, le restaurant a été très actif cet hiver.
Après deux ans de fermeture en lien avec les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, la réouverture du restaurant a apporté un grand soulagement dans la communauté.
« On a eu beaucoup de touristes, ils étaient vraiment enchantés qu’on soit ouvert », explique-t-elle en ajoutant que le Club est le seul établissement ouvert sur les sentiers de motoneige.
Parmi eux des touristes venus principalement du sud de la province, mais aussi de plus loin comme New York et même l’Australie.
« On a un livre d’invités et on voyait des signatures de partout dans le monde, c’est vraiment le fun », termine-t-elle.
Même enthousiasme du côté de Dubreuilville où le Relais Magpie a enregistré une affluence importante cet hiver.
Le propriétaire, Pat Dubreuil, note que l’abandon par le gouvernement canadien des règlements à la frontière, notamment en ce qui a trait à l’obligation vaccinale, a eu des conséquences positives pour les saisonniers cet hiver.
« Ça a été un gros changement cette année, les Américains sont de retour, ils dépensent des sous, ça fait du bien », lâche-t-il.
« On a eu un hiver exceptionnel, il a fait doux, les sentiers sont de très bonne qualité », affirme quant à elle Lysanne Boisvert, gestionnaire du Companion à Hearst.
Des sentiers ouverts plus tard
Les changements climatiques auront eu raison de l’ouverture plus tardive des sentiers de motoneige. Généralement, ils sont prêts la deuxième semaine de janvier, mais ceux-ci ont ouvert en février cette année. Un retard de trois semaines qui a eu un impact sur le travail des saisonniers.
« C’est beaucoup, c’est important », dit M. Dubreuil avant de poursuivre, « tu perds trois semaines de revenu donc ça fait mal au portefeuille ».
Moins de neige, des cours d’eau non gelés, températures plus douces : le défi a été de taille cet hiver.
« Ça pose des problèmes dans les sections de marécageuses, car le sol est trop chaud, et quand on arrive avec l’équipement avec les surfaceuses c’est mou et elles peuvent rester prises », raconte Patrice Dubreuil. Des conditions qui peuvent affecter durablement le développement des sentiers en début de saison.
Une saison plus courte
Et avec l’arrivée du printemps dans le Sud, il est difficile de s’imaginer que l’hiver est encore bien présent dans le Nord.
« Les gens du sud de l’Ontario voient le gazon chez eux, alors ils ont du mal à s’imaginer que nous dans le Nord on a encore cinq pieds de neige et ils pensent que la saison est terminée. »
« On espère que la saison va s’étirer pour qu’on puisse chercher des revenus additionnels », conclut-il.
De son côté, Isabelle Nesseth juge que si elle n’avait pas à partir en voyage, le restaurant qui a fermé ses portes le 26 mars aurait pu continuer à accueillir de la clientèle.
« On ferme toujours en fin mars, on ne pensait pas qu’on aurait autant de neige sinon on aurait pu rester ouverts encore deux semaines », déclare-t-elle.
La fin prévue pour les derniers sentiers ouverts devrait se situer aux alentours du 15 avril dans le Grand Nord.
Le choix du Nord
Nancy Savoie était propriétaire d’un gite à New Liskaerd qu’elle avait dû fermer en raison de la pandémie et a emménagé depuis à Earlton.
Passionnée de motoneige depuis cinq ans, elle a choisi de se rendre dans le nord de l’Ontario pour ses virées cet hiver, bien qu’elle soit plus proche du Québec.
« On est accueillis les bras ouverts, on nous fait toujours nous sentir comme chez nous », raconte Mme Savoie. Elle dit y retourner aussi en raison de la qualité de l’entretien des sentiers, de l’organisation optimale des établissements et des installations complètes qui s’y trouvent.
Nancy Savoie se réjouit de partager les pistes avec plus d’amateurs de motoneige : « Cette année c’est définitivement la première année où on a beaucoup plus de monde sur les sentiers. »
Kapuskasing, Hearst, Timmins, Cochrane : elle a parcouru 3 500 kilomètres sur les sentiers du Nord cet hiver en l’espace de quatre voyages.
Importance du tourisme local
La reprise du tourisme est bien amorcée dans le Nord, selon David MacLachlan, directeur exécutif à Destination Nord Ontario.
« On s’en est bien tirés pendant la pandémie grâce au tourisme national et on comprend que l’intérêt pour le marché local est en hausse de 10 % par rapport à l’année passée. »
Celui-ci explique, en outre, que malgré le fait que le nombre de locaux à bord de vols internationaux vers le Sud a augmenté suite à la fin des restrictions de voyage, le tourisme n’en a pas été impacté dans le Nord.
Les villes de Kenora, Sudbury, North Bay, Sault Ste-Marie ou encore Thunder Bay ont été celles qui ont le moins souffert durant la pandémie et ont également tiré leur épingle du jeu ces derniers mois.
« Ces villes ont terminé l’année 2022 avec un taux d’occupation supérieur à ceux d’avant la pandémie et des tarifs de chambres qui étaient considérablement plus élevés qu’avant la pandémie », constate M. MacLachlan.
Bien que les chiffres concernant cet hiver ne soient pas encore disponibles, ce dernier estime qu’il est fort probable que la tendance constatée pour l’année passée se soit poursuivie pour la saison hivernale.