TVO
Les locaux de TVO à Toronto. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – Pour la première fois depuis 2015, les employés de TVO affiliés à la Guilde canadienne des médias (GCM) ont voté unanimement en faveur d’un mandat de grève. En cause, des augmentations salariales inférieures aux normes de l’industrie et à l’inflation au cours des dix dernières années et la menace d’un changement du mandat journalistique du groupe média qui met le feu aux poudres. Une information contestée par le ministère de l’Éducation et la direction du diffuseur public anglophone.

La convention collective, qui régit les relations du radiodiffuseur provincial et ses journalistes, producteurs et les travailleurs de l’éducation, a expiré en octobre dernier et n’a depuis pas été renouvelée. Le projet de Loi 124 dont dépendent les salaires, ayant été jugé inconstitutionnel en novembre dernier, fait maintenant l’objet d’un appel par la province.

TVO n’a reçu aucune augmentation inflationniste du financement de base du gouvernement provincial depuis plusieurs années y compris les trois années de gel complet des salaires, subissant en parallèle une diminution de 5 % de son financement de base en 2019.

Les représentants syndicaux dénoncent également la multiplication de contrats précaires, de licenciements, d’interruptions de contrat puis du maintien des travailleurs sous contrat permanents.

Le mandat journalistique menacé?

Outre les contestations salariales, c’est aussi la menace d’un changement du contenu fortement orienté vers l’éducation au détriment de l’actualité qui alerte la GCM : « Le changement dans la lettre d’instructions du ministre de l’Éducation à TVO ne contient plus aucune référence au journalisme. »

Une déclaration catégoriquement contestée par une source ministérielle : « Ce n’est pas vrai et nous ne comprenons pas pourquoi un tel changement est mentionné. Preuve en est, rien n’a changé par rapport à la lettre de 2016 sur laquelle il n’y avait pas non plus de mention du caractère journalistique que TVO développe de toute façon et nous les y encourageons ».

« Ce changement se reflète dans le plan d’affaires de TVO, qui ne fait pas non plus mention du journalisme et décrit les changements majeurs à venir dans son contenu d’actualité », affirme pourtant le communiqué de presse de la Guilde.

« Nous ne comptons pas réduire la partie journalisme. Nous appuyons TVO et son mandat. Nous développons aussi continuellement l’apprentissage en ligne pour soutenir les étudiants. C’est une mauvaise interprétation de la Guilde », ajoute la source ministérielle.

« En fait, cet engagement a considérablement augmenté au cours des dernières années – y compris de nouveaux podcasts, des séries vidéo, des événements en direct, The Thread avec Nam Kiwanuka, entre autres initiatives – et est clairement intégré à notre plan stratégique », conclut-elle.

Julia Vrabec, la vice-présidente People and Culture de TVO, confirme les propos du ministère dans une déclaration publiée aujourd’hui sur le site internet du groupe média : « TVO est présentement en négociation collective avec GCM (…) dans le but d’en arriver à une convention collective équitable. Il est très trompeur et tout simplement faux de suggérer que TVO a réduit (ou prévoit de réduire) son engagement envers le journalisme. »