Un ministère à part entière pour les Franco-Ontariens
TORONTO – Le gouvernement ontarien a annoncé, lundi 31 juillet, la création d’un ministère à part entière pour les Affaires francophones. Une annonce majeure, faite discrètement, mais qui pourrait avoir de multiples conséquences favorables pour les quelque 611 500 Franco-Ontariens de la province.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
En plein milieu de l’été et à la toute fin d’un communiqué annonçant la venue d’un nouveau ministre à l’Environnement, le gouvernement ontarien a révélé que l’Office des Affaires francophones de l’Ontario deviendrait un ministère à part entière. Marie-France Lalonde guidera la destinée de ce nouveau ministère, elle qui était auparavant à la tête de l’Office.
« L’Office des affaires francophones de l’Ontario deviendra un ministère autonome, ce qui reflète l’importance de la population francophone de l’Ontario dans la prospérité économique de la province et de ce segment culturel diversifié et dynamique. Marie‑France Lalonde cumulera les fonctions de ministre des Affaires francophones et de ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels », a indiqué le gouvernement ontarien par voie de communiqué.
« J’ai la conviction que l’Ontario est plus forte avec une francophonie plus forte. La création d’un ministère autonome donne encore plus de poids au fait que le gouvernement de l’Ontario reconnaît que la population francophone, sa culture et sa langue sont un volet dynamique de la vie en Ontario » – Kathleen Wynne, première ministre de l’Ontario
L’annonce du nouveau ministère ne vient pas de pair avec l’annonce de nouveaux fonds pour les francophones ou la création d’emplois au sein de cette nouvelle structure gouvernementale, indique pour l’instant le gouvernement.
La décision d’annoncer la création d’un ministère des Affaires francophones à ce moment-ci de l’année a été prise directement par le bureau de la première ministre, selon les informations obtenues par #ONfr. Le changement de ministre de l’Environnement a été vu comme une « fenêtre d’opportunité » pour faire l’annonce, dit-on.
« Un message clair que l’Ontario parle français »
Mme Lalonde affirme que ce changement était étudié depuis quelques mois. Même si l’annonce survient à moins d’un an de l’élection générale, elle n’est pas motivée par des motifs électoralistes, jure-t-elle.
Quel impact aura la transformation de l’Office des Affaires francophones en ministère à part entière sur la vie des Franco-Ontariens? Pour l’instant, la ministre Lalonde parle de continuité et de symbolique. « Ça vient réaffirmer l’engagement de la première ministre que les francophones sont importants », dit-elle. « Mais il ne faut pas minimiser ce que l’Office a fait au cours des dernières années », insiste Mme Lalonde.
En entrevue, la députée d’Ottawa-Orléans associe explicitement la création du ministère avec l’adhésion de la province à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « On est un joueur clé à l’international en francophonie et on appuie nos francophones avec le nouveau fonds communautaire francophone. C’est une confirmation beaucoup plus concrète que le gouvernement Wynne prend à cœur sa francophonie. C’est une action pour le démontrer », a-t-elle indiqué.
L’an dernier, l’Ontario a joint les rangs de l’OIF. Dernièrement, des intervenants actifs au sein de l’institution confiaient à #ONfr que l’Ontario devait officialiser encore davantage le statut conféré au français pour qu’elle soit perçue comme crédible sur la scène internationale.
Mme Lalonde ne cache pas sa fierté d’être à la tête du nouveau ministère. « Je suis la toute première ministre du nouveau ministère des Affaires francophones. On va poursuivre le rayonnement de la Francophonie avec d’autres belles nouvelles à venir », promet-elle, affirmant du même souffle pouvoir diriger sans problème deux ministères à la fois.
Écoutez l’entrevue réalisée par #ONfr avec la ministre aux Affaires francophones de l’Ontario
De nombreuses réactions
« C’est une bonne nouvelle », affirme le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin. « Un ministère à part entière a toujours plus de poids. Maintenant le gouvernement doit doter cela de manière significative, par un budget et des ressources élargis », affirme t-il en entrevue pour #ONfr.
Sur les réseaux sociaux, la nouvelle de la création d’un ministère francophone en Ontario a été accueilli avec énormément d’enthousiasme. « Je vous le dis, en vue de la prochaine campagne électorale en Ontario, les partis politiques n’hésiteront pas à interpeller l’électorat franco », a soutenu le politologue Martin Normand sur Twitter, suite à l’annonce. « Une énorme avancée pour la communauté franco-ontarienne! Nous nous rapprochons d’une province qui nous reconnaît complètement », a pour sa part souligné Pablo Mhanna-Sandoval, président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO).
Une énorme avancée pour la communauté franco-ontarienne! Nous nous rapprochons d’une province qui nous reconnaît complètement. @laFESFO https://t.co/jUNBYvXjNO
— Pablo Mhanna (@PabloMhanna) 31 juillet 2017
D’autres ont aussi affirmé sur leur compte qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle pour les Franco-Ontariens et attendait de voir quels changements seront provoqués par la naissance de ce ministère. Sur son compte Twitter, le Centre francophone de Toronto parle d’une « nouvelle ère » qui débute avec la création d’un ministère à part entière pour les citoyens de langue française.
Par voie de communiqué, le RDÉE Ontario a indiqué qu’il s’agit d’« un signal fort et un engagement majeur du gouvernement de l’Ontario à la francophonie ontarienne. »
France Gélinas, critique néo-démocrate en matière de francophonie, apporte un éclairage différent sur la création du ministère. « Cette annonce vient avec plusieurs bémols. Pour l’instant, il y a seulement le nom de nouveau. Il n’y a pas de nouvelles ressources, pas d’argent neuf, pas de nouvelles personnes et même pas de mandat », souligne-t-elle.
La décision de faire une telle annonce à ce moment-ci cache une autre intention, croit-elle. « Ce n’est pas une annonce faite en début de mandat. Pourquoi ça a pas été fait il y a 3 ans? On a plutôt choisi de créer un ministère à 10 mois d’une élection », fait-elle valoir.