Metalingo, un nouvel outil gratuit pour apprendre le français aux enfants de 3 à 6 ans. Gracieuseté

La firme torontoise Voilà Learning, spécialisée dans l’éducation virtuelle en français, annonce le lancement immédiat de « MetaLingo », une expérience immersive d’enseignement en français pour les enfants de 3 à 6 ans. Cette initiative, totalement gratuite, pourrait séduire les conseils scolaires francophones du Nord, où la pénurie d’éducateurs se fait plus durement ressentir.

« L’idée de créer ces salles de classe virtuelles où nos enseignants sont ici pour les préparer aux vraies salles de classe avec le vocabulaire qui y est rattaché », raconte Hosni Zaouali, président de Voilà Learning.

Selon le père de famille franco-ontarien, l’idée derrière le projet vient en partie du fait qu’il serait de plus en plus difficile pour des parents anglophones d’aider leurs enfants à faire des devoirs. « À travers des situations réelles dans une classe virtuelle et basée sur des avatars, les enfants deviennent des personnages et se lancent dans une aventure virtuelle, guidée par des enseignants en direct utilisant également des avatars. »

Celui qui a aussi été enseignant à la maternelle au Conseil scolaire Viamonde de Toronto dit être en discussion avec des conseils scolaires francophones du Nord afin de faire partie du projet. L’expérience est présentement disponible de 11h à 15h tous les jours et il est question de l’étendre prochainement pour le Nord de l’Ontario.

Avec une pénurie de personnel de l’éducation, à fortiori quand il s’agit de francophones, et le manque de ressources plus importante dans le Nord, ce type de projet pourrait s’avérer être une solution pertinente.

Hosni Zaouali rappelle qu’un autre enjeu de taille est que le tutorat n’est pas très accessible dans ces régions isolées : « Et même si tu as de quoi te payer un tuteur, encore faut-il le trouver dans le Nord. »

Hosni Zaouali anime trois cours à l’Université Stanford et est conseiller en entrepreneuriat auprès
de la Banque africaine de développement et des Nations Unies. Archives ONFR

Ce campus virtuel vient donc avant tout sensibiliser les enfants à la langue française : «  On veut aussi favoriser le passage des enfants anglophones vers l’immersion et le système francophone sans problème. »

Il cite aussi l’exemple des conclusions d’une étude selon laquelle les difficultés des enfants ayant grandi dans un environnement anglophone seraient à l’origine de leur retrait du système francophone au stade de la maternelle.

« On perd la majorité des parents quand ils essaient de mettre leurs enfants dans une maternelle francophone ou une maternelle d’immersion, à cause de ce conflit », déplore-t-il.

Préparer les enfants à l’internet du futur

Avec le succès grandissant des jeux vidéo auprès des jeunes enfants, la formule de cette expérience pourrait séduire ces derniers. « Il y a 220 millions d’enfants dans le monde qui jouent à Roblox et Fortnite, des mondes virtuels avec des avatars », note-t-il.

Et de continuer : « Pourquoi ne pas aider nos enfants à se préparer à cet internet du futur? »

Car, selon lui c’est évident, l’avenir étant dans le métavers, il est essentiel de préparer les enfants dès leur plus jeune âge à la réalité professionnelle du futur : « Si tu joues à 14 ans, quatre ans plus tard, tu es déjà dans le monde du travail. »

 « Tous les tests montrent que ça fonctionne, que les enfants adorent et que c’est une seconde nature d’avoir un avatar et interagir dans une salle de classe en français. »

Cette initiative s’inscrit dans l’objectif du gouvernement d’atteindre un taux de bilinguisme de 20 % chez les Canadiens d’ici 2036.

La firme torontoise est déjà très présente dans le Nord, avec notamment un bureau au Collège Cambrian et des ententes avec le Collège Boréal.

En janvier 2023, Patrimoine canadien a approuvé un financement de plus de 1,6 million de dollars sur 2 ans pour le projet « MetaLingo ». Cette somme aurait permis, entre autres, de construire la technologie, embaucher les enseignants et déployer le projet.

« La petite enfance joue un rôle critique pour favoriser la transmission de la langue, la construction identitaire et le maintien du poids démographique des francophones au pays », avait déclaré l’ex-ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor lors de l’annonce de financement à Toronto en mai dernier. Archives ONFR

Bilan positif pour le projet IDENO

Par ailleurs, l’entreprise s’apprête à publier un rapport faisant état du bilan d’un autre programme, l’Initiative de Développement Économique dans le Nord de l’Ontario (IDENO).

Financé par FedNord, il s’agit d’un incubateur d’entrepreneuriat virtuel pour les francophones du nord de l’Ontario utilisant également le métavers. L’objectif ultime : « Amener les francophones à une indépendance économique via l’employabilité et surtout l’entrepreneuriat. »

Hosni Zaouali explique que des critiques lui avaient été adressées à propos de la pertinence de ce programme pour le Nord, lancé avant la pandémie.

« Tout le monde me disait, dans le Nord, tout le monde préfère les poignées de main et le face-à-face, mais tout le monde était content de l’avoir quand la pandémie est arrivée », confie le président à l’origine du projet.

Aujourd’hui, le projet semble avoir rencontré un certain succès dans la région avec 17 startups ayant réussi à se lancer ou à progresser pendant ou après le programme selon les données de l’entreprise.

Néanmoins, certains points restent à améliorer selon M. Zaouali comme le fait de rendre la plateforme disponible sur internet plutôt que via un lourd téléchargement de logiciel : « Il faut que ce soit sur le web pour que ce soit utilisable via le téléphone, via la tablette, via un chromebook. Les étudiants peuvent l’utiliser, n’importe qui peut l’utiliser, surtout après le covid. »