Un projet de Carrefour francophone à Barrie se dessine
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Sylvia Bernard est la directrice générale de La Clé d’la Baie, l’organisme qui offre de multiples services aux francophones et francophiles du comté de Simcoe.
LE CONTEXTE :
L’organisme communautaire La Clé d’la Baie souhaite savoir si la ville de Barrie, qui compte plus de 3 000 Franco-Ontariens, est prête à accueillir un lieu de rassemblement francophone. La Clé a reçu une subvention de 50 000 $ de Patrimoine canadien pour réaliser une étude de faisabilité.
L’ENJEU :
Le carrefour francophone espère regrouper plusieurs organismes francophones de la région afin d’avoir des espaces de travail partagés. La question d’inclure une salle de spectacle, une salle communautaire, une garderie et un café sera aussi explorée.
« Le projet propose d’inclure plusieurs organismes partenaires. Qui pourrait éventuellement faire partie de ce nouveau carrefour?
On veut vraiment ratisser large, comme on dit. On a donc une longue liste de partenaires potentiels qui inclut, entre autres, les écoles, le Collège Boréal, le Centre Colibri pour femmes et divers organismes francophones et francophiles de la région.
Nous allons aussi solliciter le Centre de santé communautaire Chigamik, qui a des installations dans le Nord du comté, mais qui offre actuellement ses services à Barrie dans un centre de santé anglophone. Lorsqu’il voulait étendre ses services à Barrie, il nous avait approchés. Mais malheureusement, nous n’avions pas l’espace suffisant pour les accueillir à ce moment.
Depuis qu’on a envoyé le communiqué de presse, aujourd’hui, il y a des gens à qui nous n’avions même pas pensé qui nous ont approchés pour dire qu’ils aimeraient être considérés. Les gens voient le potentiel d’avoir un hub francophone dans la région. De là l’importance de vraiment sonder le terrain.
Comment cet établissement souhaite-t-il répondre aux besoins des organismes francophones de la région?
Le but, c’est de permettre un partage des ressources et un partage des espaces en commun. Par exemple, bien des organismes de la région ont un employé à la réception qui prend les appels. Ça pourrait permettre de centraliser les appels afin de libérer des ressources pour d’autres projets. Il y a une économie d’échelle qui peut être intéressante à explorer.
Le projet souhaite sonder l’intérêt pour une salle de spectacle. Y a-t-il des lacunes importantes dans la région?
En tant que diffuseur culturel, nous offrons une quinzaine de spectacles chaque année, un peu partout dans le comté. La disponibilité des salles de spectacle, à Barrie en particulier, est problématique. Il n’y a actuellement pas assez de disponibilité pour répondre aux besoins des francophones de la région.
De là l’importance d’avoir un espace culturel, non seulement pour nous, mais aussi pour les autres organismes francophones. Les écoles ont aussi besoin d’une salle de spectacle pour leurs présentations, par exemple. Ça permettrait aussi d’offrir une expérience professionnelle aux jeunes de la région.
Ensuite, il y a même une troupe de théâtre ici qui est maintenant bilingue. Je sais qu’elle est à la recherche d’un toit pour ses répétitions et tout ça. Il y a vraiment beaucoup de possibilités.
Ce projet n’est pas sans rappeler la Place des Arts de Sudbury. Avez-vous consulté les gens qui ont mené ce projet pour tirer de l’inspiration?
Les gens de la Place des Arts ont fait un travail extraordinaire à Sudbury. J’ai eu la chance d’en discuter longuement avec Stéphane Gauthier, le président, et il avait de bons conseils pour nous guider. Nous nous inspirons aussi des démarches du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) à Ottawa, qui a eu une campagne de financement incroyable.
Ces projets sont bien sûr plus avancés que le nôtre. Nous, ce n’est pour l’instant qu’une petite graine qui est en train de germer. Mais ces projets démontrent qu’on peut voir grand, et un jour ces rêves se réaliseront.
Il y a dix ans, bien des gens doutaient que la Place des Arts allait se concrétiser. Mais maintenant, un édifice prend forme à Sudbury. Ça démontre qu’il y a beaucoup d’espoir pour les lieux francophones.
Vous avez fait une demande similaire, en 2018, qui avait alors été refusée. Comment le projet a-t-il évolué depuis?
Depuis 2018, on a toujours gardé un œil sur ce projet. Depuis, les statistiques démographiques du comté aident certainement. On a de plus en plus de francophones qui viennent s’établir à Barrie. Puisque nous sommes le long du corridor de la 400, nous avons vu beaucoup d’immigration francophone lors des dernières années.
Nous avons aussi eu l’appui de divers nouveaux organismes. Il y a beaucoup d’organismes francophones dans le Sud du comté qui sont actuellement locataires. Les espaces locatifs deviennent de plus en plus dispendieux, donc ils voient l’occasion de se mettre ensemble pour avoir de meilleures conditions.
Barrie n’est pas une zone désignée. Pensez-vous que c’est quelque chose qui pourrait changer lors des prochaines années?
Il y a des régions désignées dans le comté de Simcoe, comme Penetanguishene et les cantons de Tiny et Essa. Barrie elle-même n’est pas désignée par contre, mais c’est peut-être quelque chose qui peut changer dans les années à venir.
Le problème, c’est qu’on a que les statistiques de 2016. Depuis 2016, le portrait démographique de la région a énormément changé. Le prochain recensement le démontera.
Le maire actuel parle bien le français et se montre très ouvert à la communauté francophone. Chaque année, on tient un lever du drapeau à l’hôtel de ville, et il nous dit que c’est son lever préféré de l’année. Je ne serais pas étonnée qu’il entreprenne des démarches pour que la ville soit désignée dans les années à venir. »