Un projet d’école à quatre jours suscite des questions chez les parents

L'École catholique de l'Étoile-de-l'Est a organisé une session d'information ce lundi à propos du projet pilote de l'école à quatre jours du CECCE. Crédit image: Lila Mouch

ORLÉANS – Une séance d’information organisée par le Conseil scolaire des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) présentait lundi le nouveau projet pilote d’école à quatre jours auprès des parents de l’École élémentaire catholique l’Étoile-de-l’Est et de l’École élémentaire catholique Saint-Rémi, dans la région d’Ottawa. Cette réunion, bien qu’informative, a soulevé de nombreuses questions chez les familles présentes.

À l’École élémentaire catholique l’Étoile-de-l’Est à Orléans, une trentaine de parents se sont déplacés, ainsi qu’une centaine d’autres en ligne. Après une présentation étoffée par le personnel scolaire et la directrice de l’école, une période de questions invitant les parents à s’exprimer s’est déroulée jusque tard dans la soirée.

Plusieurs parents ont pris la parole pour souligner le caractère novateur d’un tel projet avant que, progressivement, l’échange ne laisse place à de nombreux doutes chez les familles.

Ce projet d’école à quatre jours sera offert aux enfants et familles qui le désirent à partir de la rentrée prochaine. La rentrée serait le 22 août au lieu du 29 août et l’année se terminera trois jours plus tard pour les élèves de l’école à quatre jours. La possibilité de continuer dans l’école de cinq jours sera quant à elle toujours possible.

La Loi sur l’Éducation requiert 935 heures de classe durant l’année. Cette formule se déroulera donc du lundi au jeudi. Ainsi, les enfants feront leur apprentissage avec 38 minutes de plus par jour et finiront leur journée à 15h53, au lieu de 15h15 pour ceux qui seront à l’école pendant cinq jours.

Les parents s’inquiètent d’une forme de favoritisme

« C’est très novateur. On était une petite école tranquille… Je vous souhaite bonne chance », a lancé une mère de famille, vers la fin de la séance.

Le projet de l’école à quatre jours dans les deux écoles présélectionnées est pourtant pensé pour répondre à un besoin et une tendance en hausse à l’internationale, selon le surintendant du CECCE, Nya Njeuga.

Les familles auraient par exemple exprimé au Conseil le besoin d’avoir plus de temps avec leurs enfants, partir en week-end plus tôt, pouvoir planifier des rendez-vous, des compétitions sportives ou encore une journée pour faire les devoirs.

C’est aussi une réponse face au défi lié au recrutement, « une occasion de se démarquer et d’attirer plus d’enseignants », insiste M. Njeuga.

Une trentaine de personnes se sont déplacées à Orléans pour assister à la session d’information du CECCE. Crédit image : Lila Mouch

Dans d’autres pays comme la France, l’école de quatre jours existe pour les écoles élémentaires depuis les années 1990. Ce pays possède un très bon niveau d’éducation selon plusieurs classements. Mais ce qui inquiète les parents, c’est finalement ce qui adviendra des élèves qui ne pourront pas participer à ce projet.

« Je suis contente de savoir que nous avons de la place dans notre école, qu’il y aura une direction pour l’école à quatre jours, mais comment aller vous assurer le bien-être de nos enfants, ceux qui vont rester cinq jours? », a demandé une mère de famille, visiblement peu convaincue.

« Le but n’est pas de pénaliser les élèves » – Mona Leblanc

« Je veux vous rassurer, le but n’est pas de pénaliser les élèves », a répondu la directrice de l’école, Mona Leblanc.

D’autres parents demandaient si l’école à quatre jours était appropriée aux plus petits, « ces derniers risquant d’être très fatigués ».

Au niveau des groupes d’âge, le personnel scolaire a expliqué, à ce titre, qu’en effet pour les plus jeunes, ce nouvel horaire pourrait être difficile. En revanche, les enseignants auront une stratégie d’enseignement.

Mais, là encore, plusieurs mères ont demandé : « Est-ce que vos enseignants seront formés pour enseigner différemment? »

De gauche à droite : Nya Njeuga, Mona Leblanc, Robert Rainboth ont présenté la séance d’information. Crédit image : Lila Mouch

« Définitivement », a affirmé le surintendant du CECCE : « Les enseignants auront un accompagnement pédagogique pour mieux engager les élèves. »

Mais beaucoup de parents ont posé des questions, auxquelles la directrice, Mme Leblanc, et le surintendant, M. Njeuga, n’ont su répondre.

« Nous, avec nos emplois, on ne pourra pas » – Une mère de famille

Progressivement, quelques familles ont exigé qu’une autre session d’information soit organisée. « Peut-être pouvez-vous mettre en place une autre rencontre afin que l’on partage notre intérêt ou non. On ne peut pas se décider avant le 10 avril, avec si peu de réponses », a alors lancé une mère, visiblement agacée.

« Nous, avec nos emplois, on ne pourra pas », a fulminé la dernière mère à prendre le micro. « Mon enfant va rester cinq jours à l’école, mais maintenant va-t-il être désavantagé? »

« On a choisi cette école parce que c’est la meilleure », a rebondi un autre parent depuis son siège.

Des avantages qui suscitent un timide intérêt

Sophie-Catherine Ménard, mère de deux enfants et coprésidente du conseil des parents de l’École catholique l’Étoile-de-l’Est a confié, au micro d’ONFR+, être intéressée par le projet pilote. « Il y a un intérêt, mais on n’est pas certain que ça puisse fonctionner pour notre famille. »

« Nos enfants seraient très contents de venir à l’école seulement quatre jours. Il faudrait voir si ce sera une journée en famille et si on trouve un équilibre. »

En tant que représentante des parents, Mme Ménard trouve que ce projet est novateur, mais conçoit également que les parents aient beaucoup de questions. « Il va falloir un peu de temps avant de se prononcer, car les données ne sont pas tout à fait disponibles. On a beaucoup de questions. »

Marc Bertrand, directeur du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est. Crédit image : Lila Mouch

« On serait le premier conseil scolaire ontarien à offrir cela », se ravit le directeur du CECCE, Marc Bertrand. « Cela demande un ajustement familial, mais plusieurs parents étaient intéressés. »

« Nous avons étudié les modèles déjà existants et on constate qu’il y a une amélioration de l’assiduité, tant pour le personnel que pour les élèves. »

« L’équilibre de vie, le bien-être, la santé mentale, c’est aussi un bon moment pour souffler ou faire du rattrapage scolaire », a-t-il ajouté.  

Pour l’instant, les parents demandent plus d’informations et plus de temps pour se décider. Au départ, le conseil scolaire demandait aux familles de s’inscrire d’ici au 10 avril. L’inscription de leurs enfants dans l’école à quatre jours devra être un engagement pour l’année et il ne sera pas possible de changer de format au cours de celle-ci, sauf cas exceptionnel.