Un vibrant hommage à Sylvie Lessard à Sudbury

Près de 150 personnes se sont rendues à la soirée en hommage à Sylvie Lessard à la Place des Arts de Sudbury jeudi. Crédit image : Inès Rebei.

SUDBURY – Des rires aux larmes, ce fut tout un cocktail d’émotions ce jeudi soir à la Place des Arts de Sudbury. La communauté culturelle francophone et francophile s’est réunie afin de rendre un hommage vibrant à Sylvie Lessard, pionnière du milieu de la ville du Nickel.

Alors qu’une centaine de personnes avaient confirmé leur présence, ce sont près de 150 amis, membres de la famille et de la communauté qui se sont déplacés au Studio Desjardins afin de rendre un dernier hommage se voulant une célébration de la vie de celle qui fut un véritable pilier du milieu de la culture sudburois.

L’événement aura attiré tant de monde que certains ont dû rester debout, d’autres assis à même le sol tandis qu’un certain nombre a dû se diriger vers la salle de la Galerie du Nouvel Ontario et regarder la cérémonie sur un écran géant.

Les boites de mouchoirs disposées sur les tables se sont rendues très utiles au courant de cette soirée très forte en émotions. Crédit image : Inès Rebei.

Et la soirée fut conçue à l’image de Sylvie Lessard, amoureuse des arts et passionnée de cuisine avec un copieux buffet, de nombreuses capsules vidéo et autres prestations musicales entremêlées de danses du public.

Quoi de plus approprié que de célébrer les accomplissements de la mère de famille qu’en tenant l’événement à la Place des Arts dont elle est, en grande partie, responsable de l’ouverture survenue après 14 ans de lutte en avril dernier.

Un esprit de battante

« J’ai grandi en voyant ma mère travailler dans tous les organismes communautaires de Sudbury », lance son fils aîné, Joël Dempsey-Bienvenue dans un long discours d’ouverture qui donnera le ton de la soirée marquée par beaucoup de larmes mais aussi des moments d’humour.

Celui-ci a lu un extrait du livre du Petit Prince de l’auteur Antoine de Saint-Exupéry puis continué en lisant un passage particulièrement chargé d’émotions tiré du journal intime de Sylvie Lessard.

Joël Dempsey-Bienvenue, fils aîné de Sylvie Lessard, a reconnu avec humour que sa mère avait plus d’amis de son âge que lui. Crédit image : Inès Rebei.

Il s’agit de sa dernière entrée dans laquelle elle décrit une belle analogie entre sa tumeur et la rose de l’ouvrage de Saint-Exupéry, imaginant avec elle un dialogue.

Elle y raconte ses 15 années en présence de la maladie, pour laquelle elle n’a jamais voulu recourir à la chirurgie, qu’elle a appris à apprivoiser jusqu’à en arriver à la paix intérieure.

« Merci, chère tumeur, je te chérirai toujours pour tout ce que tu m’as apporté, pour l’évolution spirituelle, énergique, mentale, émotive que tu m’as fait vivre. Je t’aimerai toujours », a-t-il terminé envahi par les larmes.

Un buffet a été servi en début de soirée dans la Galerie du Nouvel-Ontario devant des images de Sylvie Lessard. Crédit image : Inès Rebei.

Pilier du monde communautaire

De la Galerie du Nouvel-Ontario, au Théâtre du Nouvel-Ontario à la maison d’édition Prise de Parole et en finissant par la Place des Arts, Sylvie Lessard a laissé sa marque sur le milieu et dans le cœur des nombreuses personnes qu’elle a côtoyées avant de succomber à un cancer du sein en août dernier.

Parmi les personnes qui ont tenu à faire le déplacement, plusieurs membres de sa famille, dont ses deux fils, sa sœur aînée, ses neveux et nièces, son frère et ses cousines venus d’aussi loin que Sault-Sainte-Marie, Ottawa, Rockland ou encore Petrolia.

L’artiste et éducatrice Sudburoise Pandora Topp a animé la soirée. Crédit image : Inès Rebei.

Des discours prononcés majoritairement en français ont également jalonné la soirée qui aura duré près de quatre heures.

« Maintenant si vous m’excusez, je crois que ma mère me regarderait très mal si elle savait que je parlerais aussi longtemps en anglais donc je vais retourner au français avant qu’il soit trop tard », a lâché le fils aîné de Sylvie Lessard sous les rires de l’assistance.

Un hommage fort de la communauté

Stéphane Gauthier, directeur du Carrefour francophone de Sudbury, Geneviève Leblanc du Salon du livre de Sudbury, Julie Boissonneault, rédactrice en chef de la Revue du Nouvel-Ontario, Denise Truax, directrice générale aux Éditions Prises de parole, Danielle Tremblay de la Galerie du Nouvel-Ontario ou encore Monique Beaudoin du Centre de santé communautaire du Grand Sudbury font partie de la longue liste d’amis qui se sont ensuite exprimés sur scène.

« Sylvie irradiait de fierté et d’optimisme pour la Place des Arts », soutient Stéphane Gauthier avant d’ajouter que Sylvie Lessard a joué le rôle de conciliatrice entre les sept organismes fondateurs lors de certaines mésententes.

Stéphane Gauthier a tenu à remercier Sylvie Lessard pour « ses espoirs fous pour la Place des Arts » lors de son discours. Crédit image : Inès Rebei.

Julien Cayouette, rédacteur en chef du journal communautaire Le Voyageur, a lui aussi tenu à lui lancer un dernier remerciement, notamment pour une donation qu’elle a faite avant de décéder à l’organisme de bienfaisance Sudbury Toastmasters Club dont il fut le président sortant.

« Dès qu’elle rentrait dans la salle, on sentait que l’atmosphère était plus légère », lance-t-il.

« Elle a travaillé au Salon du livre jusqu’au dernier moment. C’était une femme avec une grande éthique de travail », lâche avec émotion Geneviève Leblanc qui confie que Sylvie Lessard était son mentor.

« Tout en toi est encore vivant. Si je me tiens plus droite aujourd’hui c’est grâce à toi », déclare de son côté l’écrivaine franco-ontarienne Sonia-Sophie Courdeau.

« Ma mère était un ange parmi les humains. Elle nous a quittés beaucoup trop tôt », conclut Joël Dempsey-Bienvenue en toute fin de soirée après avoir chanté une berceuse que sa mère lui contait lorsqu’il était enfant.