Une année de hauts et de bas pour les langues officielles
L’année 2019 a été marquée par les élections fédérales, mais aussi par plusieurs dossiers qui n’ont pas avancé en matière de langues officielles. Retour sur une année qui pourrait toutefois avoir ouvert plusieurs perspectives intéressantes pour 2020.
DEUX PERSONNALITÉS
Serge Joyal et François Larocque
Ce n’est pas un, mais deux acteurs de la francophonie canadienne qui se sont distingués en 2019. Fatigués d’attendre un geste d’Ottawa, le sénateur québécois Serge Joyal et le professeur franco-ontarien de droit à l’Université d’Ottawa, François Larocque, ont décidé, mi-septembre, de poursuivre le gouvernement fédéral devant les tribunaux pour forcer l’adoption d’une constitution canadienne officiellement bilingue.
Selon l’Association du Barreau du Canada (ABC), 71 % des textes constitutionnels n’ont toujours pas de version française officielle, incluant la Loi constitutionnelle de 1867.
« Devant l’inaction politique, nous n’avons pas d’autres avenues. À chaque nouveau ministre de la justice, on espère, mais force est de constater que ce n’est pas une préoccupation. Pourtant, c’est fondamental », explique le sénateur Joyal.
Ce sera à la Cour supérieure du Québec à Montréal de se pencher sur cette question dans les mois à venir.
UNE DATE
Le 21 octobre
2019 est une année d’élections au niveau fédéral. Et les francophones en milieu minoritaire veulent se tailler une place dans les discussions pendant la campagne électorale.
Finalement, le dossier des langues officielles est abordé pendant les débats électoraux en français, sans que les différents partis détaillent davantage leurs propositions.
Toutefois, la modernisation de la Loi sur les langues officielles, dossier prioritaire de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, se retrouvent dans toutes les plateformes électorales, à l’exception de celle du Parti populaire du Canada.
Le 21 octobre, le Parti libéral de Justin Trudeau obtient un second mandat, mais devient minoritaire. La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, se voit promue au sein du gouvernement, en devenant ministre du Développement économique. Elle conserve également le dossier des Langues officielles.
La députée franco-ontarienne d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier obtient quant à elle une première responsabilité ministérielle, comme ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances.
Deux députés francophones de l’extérieur du Québec font leur entrée à la Chambre des communes, l’ancien ministre néo-écossais Chris d’Entremont, pour le Parti conservateur du Canada (PCC), et l’ancienne ministre libérale ontarienne, Marie-France Lalonde.
Mais les francophones perdent aussi de précieux alliés, dont deux anciens porte-paroles en matière de langues officielles pour le PCC, Sylvie Boucher et Alupa Clarke, ainsi que leur homologue néo-démocrate, François Choquette. Le député franco-albertain Randy Boissonnault et la secrétaire parlementaire de la ministre Joly, Alaina Lockhart sont également défaits.
UN CHIFFRE
1,68 %
Le gouvernement fédéral souhaitait atteindre 4 % d’immigrants économiques d’expression française à l’extérieur du Québec en 2018. Il n’en a finalement accueilli que 1,68 %, selon les chiffres qu’obtient ONFR+ en mai 2019.
En 2018, ce sont 2 646 immigrants économiques d’expression française qui ont posé leurs valises dans l’une des communautés francophones en contexte minoritaire. Si ce nombre a connu une progression régulière au cours des cinq dernières années, ayant plus que doublé depuis 2014, il reste largement loin des objectifs énoncés.
Si Ottawa a raté sa première cible, sa seconde risque aussi d’être difficile à atteindre. Le gouvernement fédéral vise 4,4 % d’immigration francophone à l’extérieur du Québec, toutes catégories confondues, en 2023. En 2018, ce pourcentage n’était que de 1,8 %, comme en 2017.
UN LIEU
Québec
C’est à Québec que se tiendra le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes. Après avoir répété à plusieurs reprises son intention de renforcer les liens avec les francophones en situation minoritaire, la ministre québécoise responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel, a officialisé la tenue d’un tel événement, le 7 mai dernier.
« Le moment est venu, pour le Québec, d’assumer un leadership à l’égard des différentes francophonies canadiennes. Le gouvernement du Québec accorde une importance à la vitalité et à la pérennité du français au Québec, mais aussi ailleurs au Canada. Nous continuerons d’appuyer nos actions en matière de francophonie canadienne, sur les valeurs que sont la solidarité, la justice, l’équité, la diversité et la collaboration », explique alors la ministre.
Le sommet, organisé en partenariat avec la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et le Centre de la francophonie des Amériques, doit réunir des représentants du Québec, de la société civile et des communautés francophones des provinces et territoires. Il se tiendra les 16 et 17 juin 2020, juste avant la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, prévue les deux jours suivants.
UNE CITATION
« La modernisation de la Loi sur les langues officielles va être un immense dossier pour nous »
Réélu par acclamation, le 8 juin 2019, le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, n’a pas tardé à livrer ses priorités pour ce nouveau mandat de deux ans. Ou plutôt, sa priorité : la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Le dossier mobilise l’attention de l’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire depuis au moins deux ans.
En mars, la FCFA a dévoilé son propre projet d’une Loi sur les langues officielles modernisée. Un travail auquel se sont ajoutés ceux du Commissariat aux langues officielles du Canada, du comité sénatorial permanent des langues officielles et du comité permanent des langues officielles.
Le Parti libéral de Justin Trudeau et l’ensemble des partis aujourd’hui représentés à la Chambre des communes se sont engagés, pendant la campagne électorale, à moderniser cette Loi qui n’a pas connu de refonte majeure depuis plus de trente ans.