Une étude pour développer les arts et la culture
OTTAWA – Pourquoi la francophonie bat-elle son plein dans certaines communautés canadiennes et non dans d’autres? C’est la question que se pose la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) qui a mandaté l’Université Laurentienne pour mener une étude pour trouver de nouveaux modèles afin de développer la vitalité culturelle de la francophonie en milieu minoritaire.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« Quand on pense aux piliers du développement des communautés francophones en situation minoritaire, on cite toujours l’économie, l’éducation et la santé. Mais on oublie souvent le quatrième pilier, les arts et la culture, qui est tout aussi important pour assurer la construction identitaire et la vitalité de nos communautés », lance le président de la FCCF, Martin Théberge.
Son organisme mène, depuis plus de deux ans, en partenariat avec l’Université Laurentienne, une étude baptisée Pôles culturels de la francophonie canadienne, dont la première partie a été publiée au début du mois de mai.
« C’est la première fois que nous menons une telle étude. Nous le faisons à la demande de nos membres qui souhaitent que l’on établisse des modèles pour appuyer le développement culturel et artistique dans nos communautés », explique M. Théberge. « Nous voulons comprendre quels sont les facteurs qui font, par exemple, que la vitalité culturelle et artistique francophone est plus grande à Caraquet qu’à Toronto », illustre-t-il.
Organisme porte-parole des arts et de la culture de la francophonie canadienne, la FCCF regroupe 22 membres et se donne pour mission de promouvoir l’expression artistique et culturelle des communautés francophones et acadiennes.
En soumettant un questionnaire à 2775 personnes, acteurs des arts et de la culture, mais aussi personnes totalement extérieures à ce milieu, dans 20 communautés francophones à travers le Canada, et en rassemblant des données notamment auprès de Statistique Canada et des municipalités, les chercheurs de l’Université Laurentienne sont parvenus à déterminer quatre catégories de facteurs qui contribuent à la vitalité culturelle d’une communauté.
Avoir des écoles de langue française et un nombre significatif de francophones sont des incontournables pour y parvenir. Mais d’autres facteurs permettent de renforcer ce développement, comme des programmes d’appui pour les arts, une politique culturelle locale et des organismes artistiques francophones et non francophones dans les écoles secondaires. Avoir des lieux de production ou des médias francophones peut également être utile, à condition d’avoir des organismes et des acteurs francophones pour s’en servir. Enfin, il y a bien sûr, les éléments universels à la vitalité culturelle d’une communauté, comme le niveau d’instruction, le revenu et l’emploi.
« Ces facteurs (universels) agissent donc directement sur la vitalité culturelle franco-minoritaire. Cependant, la vitalité culturelle agit, en retour, sur ces mêmes facteurs : elle favorise l’instruction, elle accroît les revenus, elle réduit le chômage et module la structure des professions d’une communauté », peut-on lire dans le document.
Principale conclusion de la phase 1 de l’étude, la vitalité dépendrait directement de la présence d’organismes francophones artistiques et culturels.
Résultats au printemps 2017
Une deuxième phase est prévue qui vise à enquêter sur les liens entres les organismes et les autres facteurs. Les résultats finaux de l’analyse devraient être présentés au printemps 2017, tout juste pour le 40e anniversaire de la FCCF.
« Les principales conclusions de cette première phase ne constituent pas vraiment de surprise pour nous qui évoluons dans ce milieu. On attend plus de la seconde phase, notamment pour établir des modèles de développement qui serviront directement à nos membres et aux communautés. »
L’étude finale permettra également, selon M. Théberge, d’avoir des arguments solides pour discuter avec les différents paliers de gouvernement.
« Patrimoine canadien se dit très intéressé par notre étude. Elle pourra nous servir pour le prochain plan d’action pour les langues officielles en 2018, même si ce n’est pas son objectif direct. On compte plutôt s’en servir lors de nos discussions avec les gouvernements. Nous regrettons souvent que les programmes gouvernementaux ne soient pas toujours adaptés à notre réalité. Cette étude devrait nous permettre de proposer de nouvelles façons de faire, plus efficaces et adéquates, qui répondent à nos besoins. »