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Une nouvelle étude sur la prestation des services de santé pour les jeunes et les aînés francophones à Ottawa

Une nouvelle étude sur la prestation des services de santé pour les jeunes et les aînés francophones à Ottawa. Photo : Lila Mouch

OTTAWA – Deux étudiantes de l’Université d’Ottawa mènent une recherche visant à mieux comprendre l’accès aux services de santé pour les jeunes et les aînés francophones de la capitale. L’objectif est d’enrichir les données existantes tout en proposant des solutions adaptées aux besoins des francophones.

Mariya Somyk et Shaza El Bagoury, toutes deux étudiantes en sciences de la santé, réalisent cette étude en collaboration avec la Dre Sarah Fraser. Leur recherche porte sur la prestation des soins de santé pour les jeunes adultes et les aînés francophones en situation minoritaire à Ottawa.

« Nous espérons trouver des solutions concrètes pour améliorer l’accès aux soins des aînés francophones. Quant aux jeunes, ils sont peu étudiés dans la littérature scientifique, car on suppose souvent qu’ils sont en bonne santé », explique Mariya Somyk.

Mme Somyk s’intéresse particulièrement à la barrière linguistique. « L’anglais étant la langue majoritaire au Canada, il arrive que les jeunes francophones doivent s’adapter en communiquant en anglais dans le système de santé, bien que le français soit l’une des langues officielles », précise-t-elle.

Concernant l’accès aux soins pour les jeunes francophones, elle note que, si la pandémie a mis en lumière les enjeux de santé mentale, de nombreux autres services leur restent difficilement accessibles. L’étude cible les jeunes de 18 à 30 ans, bien que la moyenne d’âge des participants soit actuellement d’environ 25 ans.

« Nous organisons des discussions en groupe, posant des questions ouvertes pour ne pas influencer les réponses », explique Mme Somyk. La première phase de l’étude consiste à recueillir les impressions des participants, en abordant des sujets comme l’impact d’avoir ou non un médecin de famille sur leur santé et leur perception de leur état de santé en lien avec leur âge.

Défis, stratégies et amélioration de l’accès aux services de santé chez les jeunes adultes

Avant chaque rencontre, les participants remplissent un questionnaire démographique pour établir des profils en fonction de critères comme la langue parlée, la présence d’un médecin de famille, la gestion de maladies chroniques, ou encore les stéréotypes auxquels ils sont confrontés dans le système de santé. Ces données permettront aux chercheures de tirer des conclusions plus précises à la fin de l’étude.

Mme Somyk souligne l’importance de connaître l’opinion des jeunes sur le système de santé et d’explorer leurs idées pour l’améliorer. Bien que les résultats soient encore confidentiels, elle est convaincue de la pertinence de l’étude.

Elle ajoute qu’elle cherche à proposer des solutions pratiques qui pourraient être appliquées dans un futur proche. « Les groupes de discussion ont déjà fourni des suggestions très intéressantes », ajoute-t-elle.

« Il y avait beaucoup d’émotion lors des échanges. Les participants étaient heureux qu’on leur pose des questions, car les jeunes sont rarement consultés sur ces sujets. Ils partageaient souvent des expériences personnelles auxquelles d’autres répondaient en disant avoir vécu des situations similaires », observe-t-elle.

Les difficultés soulevées semblent fréquentes et partagées. « Sans trop généraliser, il est probable que d’autres jeunes rencontrent les mêmes problèmes, et nous espérons le confirmer dans les prochaines étapes de notre étude », conclut Mariya Somyk.

Les deux étudiantes recherchent encore des volontaires pour leur étude. Sur la photo à gauche, Mariya Somyk et à droite, Shaza El Bagoury. Photo : Gracieuseté de Mariya Somyk

Des problèmes persistants pour les aînés francophones

Selon Shaza El Bagoury, qui se concentre sur le cas des aînés, un stéréotype persiste à leur égard.

« Les aînés sont souvent perçus comme des personnes vulnérables, et nous voulons aborder cette idée tout en évaluant l’impact combiné de la barrière linguistique et de l’âgisme », explique-t-elle.

« Ce n’est pas seulement une question d’âgisme ou de langue, mais de la combinaison des deux. Parfois, des problèmes de communication surviennent lorsque des aînés francophones ne reçoivent pas de services en français, mais en anglais. Cela peut mener à des diagnostics erronés et à des traitements inappropriés », ajoute-t-elle.

Mme El Bagoury partage le même objectif que sa collègue : proposer des solutions efficaces pour améliorer l’accès aux soins et la qualité des services de santé à Ottawa.

Bien que de nombreuses recherches aient déjà été réalisées sur ce sujet, elle souhaite apporter une nouvelle perspective. « À l’Université d’Ottawa, des chercheurs comme le Dr Sauvé-Schenk et le Dr Bouchard ont mené des études similaires, mais sans se concentrer autant sur l’aspect de l’âge », précise-t-elle.

Les deux étudiantes sont toujours à la recherche de volontaires pour participer à leur étude. Pour Mme El Bagoury, l’étude cible principalement les aînés de plus de 65 ans, mais des personnes un peu plus jeunes pourraient également correspondre aux profils recherchés.

Les résultats de cette étude seront publiés en mai prochain.