Une réouverture des terrasses calme à Ottawa
OTTAWA – La seconde phase du déconfinement, amorcée ce vendredi en Ontario, ne déplace pas pour autant les foules, à Ottawa. Symbole de cette nouvelle étape, les fameuses terrasses des bars et restaurants étaient loin d’être bondées.
Midi se rapproche dans le Marché By. Claude Bonnet observe d’un œil les clients à l’intérieur de son commerce. Pour la première fois depuis des mois, les tables sont installées à l’extérieur du Moulin de Provence. Deux ou trois personnes, pas plus, dégustent des pâtisseries.
« Aujourd’hui, c’est le déconfinement officiel, mais demain il y aura beaucoup plus de monde », prévient M. Bonnet. « C’est vendredi, et il y a un peu de vent, ça n’aide pas. »
La possibilité des clients de manger à l’extérieur provient directement de la décision du gouvernement ontarien de rouvrir un peu plus l’économie, dès ce vendredi. Une décision valable pour l’ensemble de la province, à l’exception du Grand Toronto, ainsi que neuf autres régions, dont celles de Niagara, Windsor, York, Peel et Durham.
Aux côtés des bars et restaurants, les salons de coiffures, centres d’achat, musées, bibliothèques, plages provinciales, terrains de camping publics et privés peuvent rouvrir dès aujourd’hui… à condition de mettre en place des mesures de précaution et de distanciation physique.
Ouvert depuis deux semaines, le Moulin de Provence a changé d’allure. Flèches rouges sur le sol à l’appui, le passage obligatoire des clients serpente sur toute la surface du magasin. Derrière une grande barrière de plexiglas, les employés masqués accueillent les clients.
« Depuis que nous avons rouvert, nous marchons à 40 % de nos ventes habituelles. On est loin dans la capacité. La difficulté, c’est que le trafic local n’existe pas. Il n’y a pas de touristes et pas de festivités. Si on veut arriver à faire une amélioration, il va falloir 20 à 30 % de ventes en plus. »
« La Ville d’Ottawa a approuvé la disposition de notre terrasse. Pour le moment, nous pouvons accueillir 70 places à l’extérieur, mais à long terme si on pouvait réduire cela à un mètre de distance, ça serait beaucoup plus facile. »
Faire preuve d’optimisme malgré tout
À quelques encablures, le propriétaire du restaurant The Blue Cactus, Bob Firestone, garde un œil sur le ciel. Cette réouverture de l’espace pour dîner à l’extérieur est synonyme de chaises en moins pour respecter la distanciation sociale.
« Nous souhaitons évidemment que les gens sortent, profitent du soleil et viennent dîner. Je pense que vraiment les gens sont motivés pour venir. Mon téléphone n’arrête pas de sonner. »
Le propriétaire ne croit pas un impact négatif sur la clientèle.
« Je ne pense pas que nous aurons un retour à la normale, mais beaucoup de gens vont venir redécouvrir Ottawa durant le week-end. Peut-être qu’à la fin du mois, nous serons à 50 % de notre capacité habituelle! »
Non loin de là au Zak’s Cantina, les serveuses peaufinent les derniers préparatifs.
Chemise blanche et lunettes de soleil, le propriétaire John Borsten affiche son optimisme. « Nous voyons progressivement un changement d’esprit. Les gens sont moins inquiets par rapport à la COVID-19, et davantage prêts à sortir. Ça devrait être bon. »
Et de poursuivre : « Il nous reste environ dix semaines pour l’été, nous devons continuer nos efforts, parce que c’est difficile de fermer un restaurant à la clientèle plus que trois mois! Nous portons des masques, nous nettoyons toutes les tables, nous ne voulons pas avoir à fermer de nouveau! »
Un peu plus loin, une réalité semblable ou non
À quelques kilomètres du Marché By, le quartier de La Petite-Italie constitue l’une des autres grandes artères d’Ottawa pour dîner en terrasses. Selon nos observations, l’ambiance était plutôt calme aux alentours de midi.
Devant une bière, quelques personnes étaient assises au Pub Italia, sans doute le bar-restaurant le plus populaire sur la rue Preston.
« Le nombre de places est limité et se fera sur la base du premier arrivé/ premier servi. Nous demandons à tout le monde d’être patients avec nous pendant que nous naviguons dans cette nouvelle norme de service. La sécurité de notre personnel et de nos clients est notre priorité absolue », explique le commerce via les médias sociaux.
Reste que tous les restaurants n’ont pas eu l’autorisation d’installer une terrasse directement, ce vendredi.
Dans le secteur Vanier, Jimmy Bizimana du restaurant Simba Restaurant and Lounge prépare sa demande dans ce sens à la Ville d’Ottawa. Pour ce « petit business », comme son propriétaire se définit lui-même, ouvert seulement depuis août 2019, la remontée est plus lente.
« On est en train de proposer un plan d’application. On n’a pas réussi encore à déterminer le nombre de gens que l’on proposera à l’intérieur et à l’extérieur. »
Les trois mois de fermeture ont été difficiles, en dépit de la vente à emporter.
« La perte est là, avec plus ou moins 50 000 à 100 000 $ de perdus, soit 80 % de ventes en moins. Nous avons utilisé beaucoup de fonds dans les économies personnelles pour ouvrir ce restaurant. On attend des jours meilleurs. »