Université de Sudbury : « Une décision politique », dénoncent l’AFO et l’opposition
Les partis d’opposition à Queen’s Park et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) demandent au gouvernement de revenir sur sa décision concernant l’Université de Sudbury après qu’ONFR a révélé qu’un rapport indépendant demandé par la province recommandait le financement du projet entièrement francophone.
L’analyse de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire (CEQEP) donne une note parfaite à l’Université de Sudbury. Elle conclut que le plan de l’établissement entièrement francophone « a satisfait à ses normes d’examen organisationnel et que l’établissement a la capacité organisationnelle nécessaire pour offrir des programmes d’éducation postsecondaire financés par des fonds publics », est-il écrit dans ce rapport que nous avons obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée.
« Cela vient confirmer nos suspicions. Depuis le commencement, on sait que ce gouvernement est contre l’Université de Sudbury », dénonce le porte-parole de l’opposition officielle aux Affaires francophones, Guy Bourgouin.
Le document a été déposé sur le bureau de la ministre des Collèges et Universités Jill Dunlop en septembre 2022, soit quelques mois avant que son ministère annonce qu’il ne financerait pas le projet.
« Lorsqu’on voit le contenu du document, ça ne peut être qu’une décision politique », avance le président de l’AFO Fabien Hébert, qui se demande si d’autres universités comme La Laurentienne « se seraient opposées verbalement au projet auprès du gouvernement pour ne pas avoir de compétiteur ».
Dans une déclaration, le bureau de la ministre Jill Dunlop se défend et remet en doute la pertinence des critères d’évaluation de la CEQEP, déclarant que « le ministère a pris en considération divers autres facteurs pour en arriver à cette décision ».
Le député néo-démocrate souligne que toutes les demandes formulées par le ministère via divers rapports ont été respectées et surpassées par l’Université de Sudbury.
« Le rapport PEQAB (CEQEP) lui-même a été commissionné par la ministre Jill Dunlop et là encore l’université répond et dépasse tous les critères exigés. Ils trouvent encore des excuses pour dire non à la communauté franco-ontarienne », déplore M. Bourgouin, dénonçant également une inégalité et des exigences à deux vitesses entre les universités francophones et anglophones.
Les libéraux ontariens ont critiqué les propos de Jill Dunlop qui « au lieu d’écouter les experts et de financer l’université et ses étudiants, a choisi de contester purement et simplement la validité de leur étude ».
« Le ministère est plus préoccupé de trouver des excuses pour ne pas financer ces universités que de trouver de nouvelles façons de les soutenir », reproche le porte-parole libéral au postsecondaire Adil Shamji.
Le fait d’ajouter une troisième institution entièrement francophone alors que « l’effectif canadien demeure faible dans les universités de langue française en Ontario… risquerait d’aggraver cette situation », plaide-t-on au bureau de Mme Dunlop via son attachée de presse, Liz Tuomi.
« Je pense que c’est lancer de la poudre dans les airs pour nous faire perdre notre accent et pour ne pas parler des vraies choses », réplique Fabien Hébert, président de l’AFO.
Prendre Doug Ford au mot
Ce dernier estime que l’on devrait croire Doug Ford au mot lorsqu’il disait, en décembre, que « la plus grosse erreur que font les politiciens » est de « s’entêter » même s’ils ont pris une mauvaise décision.
« N’est-ce pas une bonne chose que nous soyons ouverts d’esprit? Nous écoutons les gens », affirmait le premier ministre de l’Ontario.
L’AFO demande donc à la province de revenir sur sa décision et d’aller de l’avant avec le projet de l’établissement francophone du Nord de l’Ontario.
« Les Franco-Ontariennes et les Franco-Ontariens ont parlé. Les expertes et les experts ont parlé. C’est maintenant au gouvernement de l’Ontario de passer à l’action », plaide M. Hébert.
Le recteur de l’Université de Sudbury Serge Miville a refusé notre demande d’entrevue, mais a indiqué dans un courriel être « extrêmement fier de la qualité et de la rigueur du travail effectué par l’équipe de l’Université de Sudbury durant le processus de la CEQEP ».
« Je suis satisfait du résultat de notre évaluation, notamment puisqu’il reconnaît la compétence, l’expertise, et l’excellence de notre personnel et de l’institution quant aux standards rigoureux à partir desquels nous avons été évalués », indique-t-il.