Université franco-ontarienne : l’appui timide des militants au rapport Adam
OTTAWA – La rentrée des classes ne s’effectue pas encore dans la future université franco-ontarienne, mais l’établissement continue de faire parler. Mercredi 6 septembre, les militants francophones ont apporté plusieurs réserves au rapport de Dyane Adam, publié la semaine dernière.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Si des « choses très intéressantes » sont soulignées dans la publication de la présidente du Conseil de planification, d’autres font quelque peu sourciller. En particulier l’absence de la gouvernance « par et pour » les francophones à l’ensemble de la province.
« Cette aspiration est mise de côté dans le rapport », a illustré la co-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO), Josée Joliat. Réunie lors d’une conférence commune avec ses homologues de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Mme Joliat a enfoncé le clou : « La gouvernance doit inclure les communautés de l’Est et du Nord de la province. »
L’option de fédérer les programmes francophones autour d’une même université n’a pourtant pas été mentionnée dans le rapport du comité pour bâtir la future université. « Le mandat des trois partenaires (AFO, FESFO et REFO), ça a toujours été de ramener tous les programmes provinciales pour en avoir la gouvernance. On savait cependant que ce n’était pas le mandat de Mme Adam », laisse entendre M. Jolin.
Deuxième crainte des groupes militants : leur possible absence sur le comité de mise en œuvre de l’établissement. « La jeunesse demande à être incluse dans la processus de création d’une université », s’est fendu le président de la FESFO, Pablo Mhanna-Sandoval.
Il y’a un an, son organisme ainsi que le REFO avaient vu d’un mauvais œil la décision du gouvernement de ne pas inclure l’un des leurs parmi les six membres du Conseil de planification de Mme Adam.
Lettre envoyée à Deb Matthews
Quelque peu passé sous silence lors de la conférence, « l’enjeu de l’exclusivité des programmes universitaires en français à Toronto » est tout de même évoqué dans le communiqué conjoint des trois groupes. Dans une lettre envoyée ce mardi à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation, Deb Matthews, les trois groupes se font même plus précis, ciblant implicitement le Collège universitaire Glendon.
« Nous voulons nous assurer que celle-ci ne soit pas victime de la concurrence d’autres universités offrant des programmes en français dans la région de Toronto. Comme recommandé lors des États généraux, il nous semble, dès lors, judicieux de réserver l’exclusivité de l’offre de programmes en français à l’Université de l’Ontario français. »
Questionné par #ONfr, jeudi 7 septembre, le bureau de Mme Matthews a livré une première réponse. « Nous avons reçu la lettre de l’AFO, du REFO et de la FESFO et nous allons revoir les préoccupations soulevées. Nous en sommes présentement aux premières étapes de planification et bon nombre des décisions à discuter sont à déterminer. »
Toronto, un « choix excellent » pour l’université
Bien que timide, l’appui des militants francophones au rapport de l’ancienne commissaire aux langues officielles est réel. Il se base d’abord sur « la reconnaissance de la légitimité d’une gouvernance universitaire francophone » et la création d’un Carrefour francophone, mis en avant dans les pages du document.
Fait également non négligeable : la volonté de voir une université s’établir dans la région de Toronto, malgré la lettre d’opinion tranchée de François Charbonneau publiée dans Le Droit la semaine dernière. Le professeur de l’Université d’Ottawa dénonçait le choix de la Ville reine comme lieu du campus.
Pour M. Jolin, « la question du poids démographique (à Toronto), ce sont des chiffres qui sont bien établis, ce n’est pas de la théorie ». Il s’agit même d’un « excellent choix » pour Pablo Mhanna-Sandoval
Article écrit avec la collaboration de Jean-François Morissette