Le premier ministre Doug Ford et la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney. Archives ONFR

TORONTO – Global News a révélé les 24 lettres de mandats ministériels confidentielles que le premier ministre ontarien Doug Ford avait envoyées à ses ministres en juin 2018 après son élection. Côté francophone, les directives semblent contredire les évènements qui ont suivi, notamment l’abandon initial du projet de l’Université de l’Ontario français (UOF), ou encore l’abolition du Commissariat aux services en français la même année.

À sa prise de pouvoir en 2018, Doug Ford avait communiqué des directives précises listées aux 24 ministères de son gouvernement. Tandis que le premier ministre ontarien se bat en justice contre CBC News pour conserver ces lettres secrètes, en septembre dernier, une source non autorisée les a communiquées à Global News.

Consécutivement à cette fuite, le média en a révélé le contenu confidentiel, notamment la lettre reçue par Caroline Mulroney, la ministre des Affaires francophones.

« Travailler avec le ministère de la Formation et des Collèges et Universités pour faire avancer l’Université francophone et permettre aux programmes d’enseignement simultané en français de créer plus d’enseignants de français et plus de possibilités d’apprentissage pour les 600 000 francophones de l’Ontario et ceux intéressés par l’immersion française », peut-on lire.

Le ministère des Collèges et Universités avait également reçu la même directive de travailler main dans la main avec le ministère des Affaires francophones dans ce même but.

Pourtant, quatre mois plus tard, le gouvernement annonçait l’abandon du projet de l’Université de l’Ontario français dans ce qui a été classifié comme le « jeudi noir » en Ontario français. Un mois après les lettres de mandat, en juillet 2018, le gouvernement Ford réitérait sa confiance envers le projet.

« Notre gouvernement s’engage pleinement à assurer le succès de l’Université de l’Ontario français », indiquait alors Merrilee Fullerton, la ministre des Collèges et Universités.

En 2019, après un investissement de 126 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral, la province changeait d’avis et allait de l’avant avec l’établissement francophone.

Parmi les deux seuls points mis en avant dans la lettre de mandat de Caroline Mulroney, le second concernait la garantie de la disponibilité des services en français.

« Travailler avec vos collègues du Cabinet pour garantir que les services sont facilement disponibles en français, que les documents sont affichés en français et que les obstacles à l’accès au gouvernement en français sont supprimés. »

Dans le même élan, cette même année, et malgré la directive de supprimer les obstacles à l’accès au français, le gouvernement ontarien a également aboli le Commissariat aux services en français, organe indépendant qui représentait les intérêts des Franco-Ontariens.

« De le perdre, c’est un choc! D’avoir un œil spécifique pour l’Ontario français permettait d’avoir un focus sur le développement de la communauté franco-ontarienne et donc, de meilleurs services pour elle », avait déploré à l’époque le commissaire François Boileau, démis de ses fonctions.

Le Commissariat est aujourd’hui attaché au bureau de l’Ombudsman de l’Ontario et jouit de moins de pouvoirs et d’indépendance que dans sa forme précédente.