Wynne à Sudbury : des images qui vont rester, croit une experte

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne. Crédit image: Dominique Demers

TORONTO – Selon la politologue de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier, la simple présence de Kathleen Wynne au Palais de justice à Sudbury met la première ministre ontarienne dans une position inconfortable et risque de nuire à son image à moins d’un an des élections.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Dans une rarissime présence dans un tribunal pour une première ministre en devoir, Kathleen Wynne a nié les allégations et stipulé que le Parti libéral de l’Ontario n’avait pas promis un poste de ministre à Glenn Thibeault ni un emploi au candidat libéral défait de 2014, Andrew Olivier.

Pour Geneviève Tellier, malgré les propos tenus par la première ministre Wynne le mercredi 13 septembre à la barre des témoins, la seule présence de la politicienne au palais de justice est un problème.

« Ce n’est jamais un endroit où l’on veut se faire voir lorsque l’on est un politicien (…) encore plus avec le faible taux de popularité de la première ministre », commente-t-elle.

Bien que Mme Wynne ne fait face à aucune accusation, la simple présence de Mme Wynne à Sudbury risque de nuire à son image auprès des électeurs.


« Elle va donner sa version des faits et ce qu’elle dit semble cadrer avec les fonctions d’une première ministre. Je ne vois pas d’anomalie à cet effet, mais ce n’est pas probablement ce qui va permettre de changer l’opinion des gens » – Geneviève Tellier


Malgré tout, Mme Tellier croit que la première ministre a pris la bonne décision en allant témoigner pour expliquer sa version des faits.

Selon les derniers sondages, le taux d’approbation de Mme Wynne se situe autour de 15 % et sa présence à Sudbury limite sa marge de manœuvre avant l’élection générale de juin 2018.

Un agenda politique bouleversé

Geneviève Tellier note qu’au cours de l’été, le gouvernement avait tranquillement réussi à remonter la pente avec la présentation de certaines mesures, comme la hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure et les mesures pour venir en aide au marché du logement locatif.

Cependant, l’affaire du « Sudburygate » devant les tribunaux risque de bouleverser les plans de la première ministre.

« Ils n’ont pas le contrôle des événements et n’ont pas le contrôle du message. À moins d’un an des élections, ça va être plus difficile de faire avancer des projets », commente-t-elle.

Un ton politique acerbe

Quelques minutes avant le début du témoignage de Kathleen Wynne à Sudbury, la première ministre ontarienne a accusé le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Patrick Brown, de diffamation pour des propos qu’il a tenus la veille.

Le cabinet d’avocat qui représente la première ministre de l’Ontario demande à Patrick Brown de retirer ses propos sans quoi une action en justice serait lancée contre lui.

Pour Geneviève Tellier, ce type d’événement risque d’alimenter le cynisme de la population envers les politiciens.

« On est habitué de voir le débat politique à Queen’s Park, là, on le transpose ailleurs. Ce n’est pas une bonne nouvelle », explique Mme Tellier.

Geneviève Tellier estime que le défi pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti PC est de garder l’attention sur ce sujet, sans faire passer Mme Wynne pour une victime.