Photo : Archives ONFR/TFO/Rudy Chabannes

GREENSTONE – La municipalité de Greenstone dans le Nord-ouest ontarien a été prise de court ce mercredi matin, à l’occasion de la Journée des Franco-Ontariens. Les francophones de la région ont décidé de ne pas se présenter pour la cérémonie de lever de drapeau organisé par la Ville.

Les francophones de la région sont volontairement absents de la cérémonie de lever de drapeau organisée devant l’hôtel de ville de Geraldton.

Une action coup de poing organisée par l’Association des francophones du Nord-Ouest (AFNOO) qui intervient sept mois après la décision du conseil municipal de ne plus faire flotter le drapeau franco-ontarien de façon permanente à l’hôtel de ville.

« C’est gros pour nous autres de dire qu’on n’y est pas, parce qu’on n’a pas l’habitude de se chicaner avec les municipalités, mais on n’a pas le choix », confie Claudette Gleeson, présidente de l’AFNOO.

La municipalité de Greenstone n’a pas été mise au courant en avance afin de créer un plus grand effet de surprise, mais une personne de l’AFNOO s’est déplacée pour signifier que la communauté serait absente avant de quitter immédiatement.

La cérémonie de l’année passée avait réuni près de 80 personnes selon l’AFNOO. Gracieuseté de l’AFNOO

Le drapeau a tout de même été baissé puis levé à 10h – il est levé depuis lundi et jusqu’à vendredi comme le veut la nouvelle politique de la Ville – et un discours a été prononcé par le maire mais aucun francophone n’était présent.

D’autres actions plus musclées étaient sur la table, mais ont été abandonnées afin de ne pas nuire à la communauté, selon Mme Gleeson.

Le 12 août dernier, la Ville avait tenté de faire un geste envers la communauté francophone en proclamant le 25 septembre comme Jour des Franco-Ontariens.

« Ils essaient de réparer la relation mais il n’y a rien qui va réparer le bris sans que nous recevions la chance d’avoir notre drapeau qui flotte de nouveau pour en permanence », juge Claudette Gleeson.

Levers de drapeau dans les écoles

Des levers de drapeau symboliques ont néanmoins eu lieu en présence des francophones dans les écoles de la région : à Longlac devant l’École Notre-Dame-de-Fatima, à Geraldton à l’École St-Joseph et à Nakina sur les terrains de Notre-Dame-des-Écoles.

Le Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales (CSDCAB) n’a pas hésité à se joindre l’appel de l’AFNOO.

« D’habitude, on a un lever de drapeau dans nos écoles et après on se rend à l’hôtel de ville, mais cette année on ne se rendra pas à l’hôtel de ville pour se rallier à la décision de la communauté », confirme Audrey Debruyne, responsable des communications du conseil francophone.

Elle ajoute que le Conseil a aussi déployé, de manière exceptionnelle, un dispositif pour offrir des concerts en fait dans chacune des communautés desservies « afin d’aller au-delà des activités de célébrations des écoles ».

La Lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont était également au Centre francophone de Thunder Bay la semaine passée. Gracieuseté de l’AFNOO

Un retour en arrière encore possible?

À l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), on salue aussi l’initiative de l’AFNOO qui a aussi demandé aux habitants de parer la ville de vert et blanc pour l’occasion.

Plus de 100 drapeaux franco-ontariens ont d’ailleurs été récoltés lors de la campagne provinciale avec l’ACFO du grand Sudbury grâce à des dons.

« Ce qu’on a demandé aux gens ce n’est pas juste de les faire flotter demain mais de les garder toute l’année chez eux, donc au lieu d’en avoir un à l’hôtel de ville, on va en avoir partout dans la municipalité », rappelle Fabien Hébert, président de l’AFO.

Et d’ajouter : « La municipalité, clairement, ne veut pas que les Franco-Ontariens affichent leur fierté de l’être, donc pourquoi est ce qu’ils devraient se déplacer? »

M. Hébert compte discuter dans les prochains jours avec le maire James McPherson de la promesse de la Ville d’élaborer un comité visant à explorer les manières de mettre en valeur la communauté francophone. Selon lui, l’action d’aujourd’hui pourrait inciter la municipalité à revoir sa position concernant la politique de drapeaux.

Besoin de plus de conseillers francophones

L’initiative visant à ne pas se rendre à la cérémonie de la Ville a été décidée lors d’une rencontre la semaine précédente à Greenstone qui avait réuni l’Association des Francophones des municipalités de l’Ontario (AFMO), des membres de l’AFNOO, des conseils scolaires et du public.

« La salle était pleine à craquer » au centre culturel francophone de Geraldton, le 16 septembre dernier selon celle qui est aussi présidente du CSDCAB.

Beaucoup de francophones avaient manifesté leur colère envers la Ville lors de la réunion organisée en amont de la Journée des Franco-Ontariens à Greenstone la semaine passée. Capture d’écran/AFO

Nicole Fortier-Lévesque, ex-mairesse de Moonbeam et présidente sortante de l’AFMO, y a souligné l’importance pour les francophones de s’engager en politique municipale afin d’éviter qu’une situation comme celle de Greenstone ne se reproduise.

« On essaie de trouver des francophones qui veulent se présenter aux prochaines élections comme conseillers municipaux, mais le seul défi avec ça, c’est de trouver des francophones qui se sentent confortables en anglais parce que les négociations et tout le reste se passent en anglais », note-t-elle.

Les deux conseillers francophones de Greenstone ne sont pas venus à la rencontre et n’ont donc pas été avisés de l’action, fait savoir Mme Gleeson. ONFR a tenté de rejoindre la Ville de Greenstone pour une réaction mais n’a pas reçu de réponse en fin de journée ce mercredi.