Jour des Franco-Ontariens : entre célébration et protestation
De Windsor à Timmins, en passant par Hamilton, Sudbury, Toronto et Ottawa, de nombreuses communautés ont célébré le Jour des Franco-Ontariens ce mercredi à travers la province. Cette journée de commémoration a été marquée par le boycott de la cérémonie de Greenstone, dans le Nord, en signe de protestation contre la décision municipale de ne plus lever le drapeau de façon permanente.
Dans l’Est, l’Université d’Ottawa a profité de ce 25 septembre pour inaugurer officiellement les murales de l’artiste Mique Michelle, peintes sur les murs de la bibliothèque Morisset pour représenter l’histoire franco-ontarienne. Un lever de drapeau et un dîner ont ensuite rassemblé les élèves et les membres du personnel francophones à la Place de l’Université.
Le recteur Jacques Frémont en a profité pour rappeler que plus de 15 000 étudiants de l’institution sont francophones, ce qui représente un tiers de la population étudiante. « Nous avons des devoirs envers cette communauté franco-ontarienne et nous n’avons pas l’intention de nous dérober », a-t-il déclaré.
L’historien et professeur Michel Bock, originaire de Sudbury et ancien étudiant de l’un des créateurs du drapeau, Gaétan Gervais, a raconté que « la création du drapeau ne symbolisait pas la naissance de l’Ontario français, ni même tout à fait sa renaissance, mais sa volonté de se prendre en main dans un contexte socio-politique reconfiguré par les grandes mutations idéologiques et institutionnelles des années 1960 et 1970 ».
Des célébrations avaient commencé dès la veille au soir à Orléans, dans l’est de la ville, un Apéro franco précédant le lever du drapeau au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), centre culturel au rôle majeur dans la vitalité de la francophonie de la capitale.
« Nous sommes à un moment clé de notre histoire », jugeait Trèva Cousineau, la présidente du conseil d’administration, en référence au futur édifice dont la construction débutera dans les prochains mois.
Mark Sutcliffe, le maire d’Ottawa, y a déclaré que le drapeau franco-ontarien était un « symbole de force et de résilience de la communauté franco-ontarienne et témoigne de (son) histoire riche et (de ses) valeurs profondes ». L’activité s’est terminée par un match d’improvisation réunissant des joueurs étoiles de la région.
À Vanier, les festivités se sont tenues au Carré de la francophonie dans une chaleureuse ambiance, alors que le concert prévu au marché Saint-Charles a malheureusement dû être annulé, en raison des conditions météorologiques.
Tandis qu’à Cornwall, DJ Unpier et JACOBUS ont enflammé la scène devant un millier de participants issus des écoles secondaires La Citadelle et L’Héritage, ainsi que des écoles élémentaires St-Lucie, Notre Dame, Marie-Tanguay et Rose Des vents.
De Queen’s Park à l’hôtel de ville, les Franco-Torontois en foule
Toronto s’est revêtu de vert et de blanc, à la fois du côté de l’Assemblée législative de l’Ontario et de l’hôtel de ville. Comme l’a illustré la lieutenante-gouverneure Edith Dumont, plus tôt dans la matinée, « un drapeau qui fait émerger en nous un sentiment d’appartenance à une communauté qui s’épanouit visiblement d’une génération à une autre. Les deux emblèmes qu’il porte, la fleur de lys, emblème de la francophonie, et le trille, symbole de l’Ontario, témoignent de notre contribution à l’histoire de l’Ontario ».
« Ce moment de fierté et de célébration nous rassemble. En célébrant cette journée, nous prenons un instant pour nous rappeler pourquoi nous choisissons de parler et de vivre en français », a-t-elle conclu.
Les discours se sont enchainés devant Queen’s Park, avec notamment Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, et les cheffes des partis d’opposition, la néodémocrate Marit Stiles et la libérale Bonnie Crombie, ou encore le président de la chambre Ted Arnott, chacun y allant de son mot en français.
Les chants mélodieux du « Ô Canada » de la chorale francophone ont résonné au pied de l’édifice provincial, avant le tant attendu lever de drapeau.
Un peu plus tard, en fin de matinée, surplombant la place Nathan-Phillips, sur le toit de la mairie, une foule de francophones, dont plusieurs centaines d’élèves, était réunie, à l’instigation de l’ACFO Toronto.
Les conseillères municipales francophones Jennifer McKelvie et Alejandra Bravo ont reconnu l’importance de l’histoire francophone de la Ville Reine et les contributions de la communauté. La tour CN en prendra d’ailleurs les couleurs dès la tombée du jour.
Retrouvailles à Hamilton et dans le Sud-Ouest
À Hamilton, la cérémonie qui s’est tenue sur le parvis de l’hôtel de ville a regroupé les élèves des différentes écoles francophones des environs dépendant des conseils scolaires MonAvenir et Viamonde. Les discours se sont succédés sur la scène en présence des représentants du Centre francophone Hamilton, de la municipalité, de membres de l’Assemblée législative de l’Ontario et de l’organisateur de l’événement, l’ACFO régionale Hamilton.
La mairie a annoncé pour l’occasion une augmentation des services dédiés aux francophones. Le drapeau franco-ontarien flottant déjà sur la façade de l’hôtel de ville d’Hamilton, il n’y a pas eu de hissage du drapeau en bonne et due forme mais une reprise en chœur de l’hymne franco-ontarien.
L’ACFO régionale Hamilton a procédé ensuite à sa traditionnelle remise des prix Engagement Franco, avant de laisser place à un spectacle du « mathémagicien » franco-ontarien Mikael Taieb, qui a proposé son spectacle de magie accompagné de la logique mathématique des rubik’s cubes et d’art.
Au-delà de la ville de l’acier, on comptait des célébrations à Welland, Sarnia et Windsor entre autres.
Dans le Nord : Timmins festif, Greenstone revendicatif
La météo capricieuse n’a pas non plus empêché la tenue des nombreux événements partout dans le Nord, bien que certains événements extérieurs aient été déplacés.
À Timmins, en ce 25, plusieurs jours d’activités célébrant l’ouverture officielle du Centre culturel La Ronde, neuf ans après l’incendie qui a ravagé l’ancien centre.
Après un lever de drapeau en présence des écoliers francophones de la région et des représentations des artistes Jojo et Brian St-Pierre dans quatre écoles de Timmins, suivront la cérémonie de coupure du ruban sur le site du Centre en soirée, tandis que vendredi marquera l’ouverture très attendue du bar l’Armise.
Dans le Nord-Ouest, les francophones boudent la cérémonie de lever de drapeau organisée par la ville de Greenstone en guise de protestation contre la décision du conseil municipal de ne plus faire flotter le drapeau franco-ontarien de manière permanente à l’hôtel de ville.
Des levers de drapeaux ont néanmoins eu lieu ailleurs dans des écoles de la région. Les habitants affichent plus d’une centaine de drapeaux partout dans la municipalité en réponse à une autre initiative de l’Association des francophones du Nord-Ouest (AFNOO).
À Sudbury, on célèbre comme chaque année avec le lever de drapeau franco-ontarien à l’endroit qui l’a vu naître, l’Université de Sudbury. L’établissement en a profité pour lancer la période d’inscription pour l’année universitaire 2025-2026, pour annoncer trois nouvelles bourses d’étude, et pour dévoiler sa nouvelle image de marque et son slogan : « Ici, on réussit ».
Ce fut aussi le lancement de la construction d’une nouvelle école catholique de langue française à Val Thérèse, tandis qu’à l’Université de Hearst, le commissaire aux services en français Carl Bouchard a pris part à la cérémonie du lever de drapeau. Il s’est ensuite rendu à Moonbeam pour prononcer un discours, à Kapuskasing et terminera la soirée à Timmins pour l’inauguration du centre culturel La Ronde.