Retraite : les libéraux déposent un projet de loi

TORONTO – Les libéraux de l’Ontario ont couché sur papier l’une de leurs plus importantes promesses des dernières élections, le lundi 8 décembre. La troupe de Kathleen Wynne a déposé un projet de loi pour encadrer la création d’un éventuel régime provincial de retraite.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le Régime de retraite de la province de l’Ontario (RRPO) que proposent les libéraux doit bonifier la retraite de quelque 3 millions de travailleurs gagnant moins de 90 000 $ par année et n’ayant pas déjà accès à un régime privé auprès de leur employeur.

Le fonds, administré par un tiers, doit être prêt à recevoir ses premières contributions, le 1er janvier 2017.

« Nous prenons une position de leadership dès aujourd’hui pour atteindre cet objectif et donner aux Ontariens la retraite future qu’ils méritent », a ajouté Mitzie Hunter, ministre responsable de l’implantation d’un régime provincial de retraite, lors d’un point de presse à Queen’s Park.

Les libéraux ont aussi déposé, le 8 décembre, un projet de loi qui permettrait la mise en place et l’administration de régimes de retraite agréés collectifs (RRAC). La province emboîterait ainsi le pas à l’Alberta, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan, qui permettent déjà à leurs contribuables d’adhérer à ce type de régime d’épargne-retraite volontaire et peu dispendieux.

Bras de fer avec Ottawa

Fin 2013, l’Ontario a mené la charge auprès d’Ottawa pour une amélioration du Régime de pensions du Canada (RPC). En vain. Les conservateurs de Stephen Harper ont répondu par une fin de non-recevoir, affirmant qu’une augmentation des contributions au régime fédéral de pensions nuirait à l’économie.

La province a ensuite décidé de faire cavalier seul.

La prestation maximale du RPC est de 12 500 $ par année. Un revenu largement insuffisant, selon les libéraux à Queen’s Park, qui projettent de doubler ces prestations à l’aide de leur régime provincial.

Pas que des éloges

Or, le projet de loi libéral n’a pas reçu que des éloges au moment de son dépôt, le 8 décembre.

« Les employeurs s’inquiètent qu’en rendant l’embauche plus dispendieuse, ce nouveau régime de pensions ait des conséquences négatives sur la création d’emplois et sur la compétitivité de la province », a indiqué Allan O’Dette, président de la Chambre de commerce de l’Ontario.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a dénoncé, à son tour, le projet de régime provincial de retraite, affirmant qu’il obligerait 70% des petites entreprises à geler ou réduire leurs salaires, et 53% d’entre elles à réduire leur liste de paie.

« Les propriétaires d’entreprises nous disent que les principales raisons pour lesquelles ils n’offrent pas de régime de retraite sont les coûts élevés et la complexité administrative », a signalé Plamen Petkov, vice-président de la FCEI pour l’Ontario.

L’opposition progressiste-conservatrice à Queen’s Park voit aussi d’un mauvais œil la mise sur pied d’un régime provincial de pensions. Il s’agit, d’après la troupe de Jim Wilson, d’une « taxe sur les salaires » qui risque de faire mal à l’entreprise privée.

Les néo-démocrates d’Andrea Horwath disent craindre, pour leur part, que le gouvernement n’aille de l’avant qu’avec les RRAC parce qu’ils sont peu coûteux et gérés par le secteur privé, pour au final se désengager complètement du projet de régime provincial de retraite.