3 milliards de dollars pour la nouvelle Banque de l’infrastructure de l’Ontario
TORONTO – La mise à jour financière de la province dévoilée jeudi se place dans la lignée du budget 2023 présenté en mars dernier, mettant l’emphase sur l’investissement dans la construction d’infrastructures. Le ministre des Finances Peter Bethlenfalvy, qui prédit une progression du PIB réel de 1,1 % en 2023, mais une hausse du déficit, estimé à 5,6 milliards de dollars, annonce notamment la création d’une nouvelle banque pour les infrastructures essentielles d’un montant de 3 milliards de dollars.
Présenté hier, l’énoncé financier « Perspectives économiques et revue financière de l’Ontario 2023 » rappelle la forte croissance de l’Ontario qui a accueilli 500 000 nouveaux arrivants l’an dernier et créé 170 000 nouveaux emplois au cours des neuf premiers mois de 2023.
« Nous poursuivrons les investissements pour bâtir les infrastructures essentielles visant à soutenir les collectivités qui sont en pleine croissance partout en Ontario », déclare le ministre des Finances qui parle d’une approche ciblée du gouvernement.
La grande nouveauté de cet automne est le lancement d’une Banque de l’infrastructure de l’Ontario, « nouvelle agence indépendante régie par un conseil d’administration » avec un financement initial de 3 milliards de dollars pour la participation à des projets d’infrastructure à grande échelle, axés sur les foyers de soins de longue durée, le logement abordable et infrastructures à échelle municipale, communautaire, dans l’énergie et le transport.
« La participation d’investisseurs institutionnels aidera le gouvernement à exécuter plus rapidement de plus nombreux projets d’infrastructure, tout en mobilisant des capitaux supplémentaires auprès des investisseurs et en contribuant à maintenir un plan budgétaire responsable aujourd’hui et pour les générations futures », peut-on lire dans le document financier officiel.
La province investit également 200 millions de dollars dans un nouveau Fonds pour les réseaux d’eau visant la construction de logements, pour la réparation, la réhabilitation et l’expansion de projets d’infrastructure hydraulique municipale. Une mesure complémentaire du Fonds pour l’accélération de la construction de 1,2 milliard de dollars aidant les municipalités à atteindre leurs cibles en matière de logement.
Il est notamment rappelé notamment l’engagement du gouvernement d’investissement de 185 milliards de dollars sur 10 ans pour l’infrastructure générale, dont l’aménagement des routes et autoroutes, les transports en commun, les hôpitaux, foyers de soin de longue durée, d’écoles, de place en services de garde, etc. soit 20,7 milliards pour 2023-2024.
Le PIB réel de l’Ontario devrait progresser de 1,1 % en 2023, de 0,5 % en 2024, de 2,0 % en 2025 et de 2,8 % en 2026.
Hausse notable depuis l’estimation du déficit de mars dernier de 1,3 milliard de dollars, le gouvernement prévoit désormais un déficit de 5,6 milliards de dollars pour 2023-2024 puis de 5,3 milliards en 2024-2025, suivi d’une prévision optimiste pour 2025-2026, avec un excédent de 0,5 milliard de dollars.
« Remettre plus d’argent dans les poches du contribuable »
Parmi les nouvelles mesures qui impacteront directement les Ontariens, leur permettant de faire des économies, la prolongation des réductions applicables aux taxes sur l’essence et le carburant jusqu’au 30 juin 2024, permettrait aux ménages d’économiser en moyenne 260 $.
Plus de 200 000 familles d’aînés à faible revenu ayant des frais médicaux admissibles économiseront en moyenne 550 $ notamment en frais de soins à domicile, par l’entremise du crédit d’impôt de l’Ontario pour les soins à domicile pour les aînés.
Mesure annoncée la veille, le gouvernement supprime la totalité de la portion provinciale de 8 % de la taxe de vente harmonisée (TVH), taxe de vente imposée sur la plupart des fournitures de produits et services, ainsi que sur de nombreuses fournitures d’immeubles, sur les nouveaux logements pour le marché locatif, pour encourager la construction et permettre aux Ontariens d’avoir plus d’options de logements abordables. Couplée aux mesures fédérales, cela éliminera la totalité de la TVH de 13 % sur les immeubles locatifs neufs admissibles.
Depuis cet automne, l’admissibilité au dépistage du cancer du sein en Ontario est également élargie, bénéficiant à 305 000 personnes supplémentaires. Les femmes de 40 à 49 ans pourront demander elles-mêmes à passer une mammographie avec le Programme ontarien de dépistage du cancer du sein, la détection précoce donnant de meilleurs résultats de traitement.
Un budget du ministère des Affaires francophones stable
Le budget projeté du ministère des Affaires francophones (MAFO) s’élève à 7,9 millions de dollars pour 2023-2024, contre 8 millions l’année dernière. Mais s’il perd 1 million d’investissements à court terme exceptionnel, il gagne 900 000 $ en financement structurel de base.
La mise à jour financière de l’automne ne fait que peu mention de projets francophones, outre le rappel de six projets d’écoles francophones ouvertes et agrandies durant l’année : l’École publique de Thunder Bay (257 élèves francophones), l’École élémentaire catholique de Deux-Rivières à Arnprior (248 élèves francophones), l’école conjointe avec l’École secondaire publique Mille-Îles et l’École secondaire catholique de Sainte-Marie-Rivier à Kingston (600 élèves francophones), l’agrandissement de l’École secondaire Jeunes sans frontières à Brampton qui permet d’accueillir 207 élèves francophones de plus et enfin l’École secondaire Michelle-O’Bonsawin rénovée à Toronto, qui accueille 501 élèves francophones.
Une nouvelle école élémentaire catholique de langue française à Val-Thérèse accueillera 567 élèves et une école secondaire publique et catholique francophone verra le jour à Kingston.
« Des choix financiers irresponsables » selon l’opposition
« Ce gouvernement est décevant et ne voit pas les difficultés de la population ontarienne. Dans une période de difficulté économique, malheureusement nous ne voyons pas de changement de cap », a déploré en chambre la députée de Waterloo et porte-parole Finances de l’opposition Catherine Fife.
« Nous demandons au gouvernement de faire marche arrière et de remettre en place le contrôle des loyers. Rien n’est fait pour alléger les préoccupations de la population et regagner la confiance des Ontariens. Le coût de l’alimentation n’est même pas mentionné. »
Celle-ci qualifie d’irresponsable les choix financiers du gouvernement face aux Ontariens qui souffrent, mentionnant une personne âgée victime de rénoviction qui s’est rendue à Queen’s Park pour demander l’aide à mourir à cause de cette épreuve.
Questionnée en conférence de presse sur le sujet, celle-ci répond que la banque d’infrastructures soulève beaucoup de questions et peu de réponses : « Qui en fera partie? Amis, initiés, népotisme. Ce sont des choses que l’on peut craindre ».
Via un communiqué de presse, la cheffe du NPD Marit Stiles a déclaré : « Vous méritez un gouvernement qui se remettra à construire des logements abordables pour vous, qui investira dans les services publics pour garantir que vous n’aurez jamais à attendre une ambulance ou une salle d’urgence, qui soutiennent les travailleurs des garderies, les éducateurs et les infirmières. »
« Rien concernant la crise d’abordabilité », a quant à lui commenté le chef du Parti libéral John Fraser. « Les gens nous appellent en pleurs et la solution du gouvernement c’est une banque. » « Les gens ont besoin d’aide pas d’un nouvel appareil bureaucratique. Le gouvernement aurait apporté un peu de répit dans leurs vies en rétablissant le contrôle des loyers et en augmentant les aides sociales », conclut-il.