La 51e Nuit sur l'étang a eu lieu le 23 mars 2024 à Sudbury. Crédit image: Dominique Demers

SUDBURY – La 51e édition de La Nuit sur l’étang a eu lieu samedi soir au Collège Boréal, à Sudbury. Année de transition suite au grand rendez-vous de l’an dernier pour le 50e anniversaire, l’édition 2024 s’annonçait plus modeste, mais a tout de même offert quelques moments grandioses, avec la présence de Céleste Lévis, de Marc-Antoine Joly et de la légende du rock, Breen LeBoeuf.

Dans les coulisses, on croisait à la fois d’anciens organisateurs toujours un peu impliqués ici et là, comme l’ex-directeur général devenu consultant, Pierre-Paul Mongeon, et des nouveaux qui se faisaient les dents sur la soirée. Ces derniers ont misé sur le couple formé de Céleste Lévis et Marc-Antoine Joly pour débuter le spectacle, qui s’est déroulé dans une salle Trisac avec encore quelques sièges libres.

Céleste Lévis et JOLY travaillent ensemble depuis une dizaine d’année. Crédit image : Dominique Demers

Originaire de Timmins, Céleste Lévis profite d’un grand capital de sympathie dans le Nord de l’Ontario. Son complice, Marc-Antoine Joly, a raconté sa propre histoire d’amour avec Sudbury, blaguant sur le fait qu’il aurait préféré que sa conjointe vienne de la ville du nickel.

Les musiciens ont alterné entre les chansons de leurs projets musicaux respectifs, même si l’un n’est jamais bien loin de l’autre. Céleste Lévis s’est assise derrière le clavier, expliquant au public qu’elle avait souvent délaissé cet instrument au profit de la guitare.

Céleste Lévis a expliqué être nerveuse de reprendre le piano pour ce concert spécial. Crédit image : Dominique Demers

Chu un rocker

À 74 ans, Breen LeBoeuf a prouvé une fois de plus à quel point il maitrisait ses instruments, non seulement sa basse, mais surtout sa voix, au timbre clair et puissant. Le musicien est arrivé à Sudbury quelques jours avant le concert afin de pratiquer les nouveaux arrangements de ses chansons, offerts par les musiciens locaux, sous la direction de Dan Bédard.

Breen LeBoeuf en répétition vendredi dernier. Crédit image : Dominique Demers

C’est une façon pour La Nuit sur l’étang de continuer d’encourager la culture francophone de Sudbury. « Ça prend des gens pour payer nos musiciens locaux, ou ils vont aller ailleurs », a indiqué Pierre-Paul Mongeon à ONFR.

Le consultant explique que les musiciens préparent des arrangements pour les grandes chansons de l’artiste invité afin de lui en offrir une nouvelle version, plus orchestrale et unique à l’expérience de La Nuit sur l’étang. « C’est comme un hommage » à la carrière de la tête d’affiche. On glissera, par exemple, un solo de saxophone au milieu d’un succès d’Offenbach. D’ailleurs, les musiciens avaient eux-mêmes leurs moments de gloire, où le public pouvait apprécier leur talent et leur expérience indéniables.

Plus orchestral qu’acoustique

Quand on entend parler d’un spectacle acoustique, on pense à un musicien sur scène, peut-être trois, avec une guitare sèche. Pas lors d’une collaboration entre La Nuit sur l’étang et Breen LeBoeuf, où la partie « acoustique » réunissait une douzaine de musiciens, dont deux violonistes et un violoncelliste.

La version Nuit sur l’étang de Deux autres bières, sur laquelle l’impressionnant batteur nord-ontarien Shawn Sasyniuk a aussi poussé la note, faisait oublier que l’on était supposément dans la partie acoustique du concert.

Breen LeBoeuf et les choristes Angèle Clément, Marielle Malleau et Patrick Therrien. Crédit image : Dominique Demers

Le musicien aux 55 ans de carrière en a profité pour refaire des chansons qu’il joue moins souvent en spectacle. Le public a même eu droit à un retour à la genèse de Breen LeBoeuf, alors qu’il a fait découvrir la chanson qui lui a permis de décrocher son tout premier contrat. Ce fut aussi l’occasion de revisiter quelques chansons de son premier album solo, De ville en aventure, qu’il ne fait plus nécessairement dans ses tournées régulières.

Belle surprise aussi avec la version acoustique bien sentie de Mes blues passent pu dans porte, la première chanson d’Offenbach à avoir été chantée par Breen LeBoeuf et qui est restée son grand classique. « Je suis bien content que vous aimiez ça, parce que nous autres, on trippe », a lancé le musicien à la foule.

Breen LeBoeuf à La Nuit sur l’étang 2024. Crédit image : Dominique Demers

Dans la deuxième partie, plus rock, ont continué de s’enchaîner les succès des nombreux projets de Breen LeBoeuf, dont April Wine et Offenbach. Le Franco-Ontarien n’a plus de complexes à interpréter les chansons de son ami Gerry Boulet, ce qu’il a longtemps refusé de faire après le décès de celui-ci. La date au calendrier a changé pendant Câline de blues, mais il restait quelques bons moments à ce concert qui s’est finalement terminé à minuit 25.

Une finale unique aux arts vivants

Au rappel, une quinzaine de musiciens sur scène ont entamé la mythique Promenade sur mars. On a ensuite fait entrer quatre choristes supplémentaires, des étudiantes de l’École secondaire Macdonald-Cartier. On a aussi rappelé Céleste Lévis et JOLY, pour une deuxième version de Mes blues passent pu dans porte mettant en vedette 22 personnes. Pour la petite histoire, le couple a appris l’après-midi même qu’ils étaient invités à joindre le numéro final.

JOLY lors de la Nuit sur l’étang 2024. Crédit image : Dominique Demers

La voix de JOLY, bien différente de celle de Breen LeBoeuf, s’est avérée étonnamment efficace sur ce classique revisité. Questionné par ONFR en fin de soirée, l’artiste originaire de Hawkesbury a raconté son expérience.

« Chanter devant Breen, c’est quand même quelque chose qui est difficile à faire, parce que Breen est une légende. Alors, le regarder dans les yeux et chanter ses paroles, tu ne veux pas te tromper. C’est une première fois pour moi de faire quelque chose comme ça. Ça me fait ouvrir mes portes à ce genre de choses », a lancé Marc-Antoine Joly sous le regard amusé de Céleste Lévis, qui cumule déjà pour sa part une demi-douzaine de collaborations du genre avec Breen LeBoeuf.

Ce dernier, qui a fait ses premières armes dans les chorales pour enfants de North Bay, était tout aussi enchanté de la finale du concert.

« Ça fait longtemps que ce n’est plus ma chanson. C’est la chanson de tout le monde. Quand on peut la chanter en gang comme ça avec Céleste, JOLY et les choristes qui chantaient avec nous ce soir… Quel son! C’est tellement un plaisir d’entendre notre création chantée par de belles voix comme ça en chorale. Je le referais tout de suite », a-t-il mentionné à ONFR.

La deuxième partie du concert misait davantage sur le rock. Crédit image : Dominique Demers

Mêlant des collaborations inattendues, des musiciens d’expérience et des jeunes, des connus et des moins connus, ce moment qui aurait pu se déployer sur un grand plateau rappelait un peu l’émission radio-canadienne En direct de l’univers. Mais il y a quelque chose de beau dans le fait de ne pas fixer l’expérience. Ceux qui raconteront y avoir assisté lanceront sans doute, sans y penser, un plaidoyer pour les arts vivants. En espérant que la 52e Nuit sur l’étang, en 2025, affiche complet.