« Tannés de se faire niaiser » : le gouvernement sommé d’agir pour l’Université de Sudbury
SUDBURY – Des membres de la communauté francophone comprenant des députés néodémocrates et la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française (CNOUF) urgent le gouvernement d’agir dans le dossier de l’Université de Sudbury.
« Nous sommes tous ici, car la communauté francophone est tannée de se faire niaiser », a lancé le porte-parole pour les Affaires francophones du NPD Guy Bourgouin au début de l’adresse virtuelle.
La députée de Nickel Belt, France Gélinas, Joanne Gervais, directrice de l’ACFO du Grand Sudbury, et Denis Constantineau, porte-parole de la CNOUF, se sont également joints à M. Bourgouin pour interpeller ensemble Jill Dunlop, ministre des Collèges et Universités.
« Ça fait maintenant deux ans que la communauté francophone du Nord-Est ontarien attend que le gouvernement provincial prenne une décision », a déclaré Denis Constantineau dans une lettre ouverte parue ce matin. L’Université n’offre en effet plus de programmes depuis deux ans, tandis que l’Université Laurentienne, après des coupes drastiques en 2021, ne propose plus que 25 programmes en français dans l’éducation, la santé, les arts, la gestion et les sciences.
« Au rythme où vont les choses, il n’y aura pas de programmation offerte par une institution par, pour et avec les francophones avant le mois de septembre 2025 », a-t-il aussi déclaré.
« La grogne monte, on est tanné de se faire niaiser », indique également France Gélinas, laquelle a également déclaré qu’il y a eu beaucoup d’embuches posées par le gouvernement sur le chemin vers son autonomie financière.
« Ils leur donnaient un tas de travail à faire dans des délais très limités sans aucune ressource financière et l’Université de Sudbury a toujours délivré », fait-elle savoir.
Un constat que partage la Coalition : « L’hésitation dont votre gouvernement fait preuve à l’égard de l’Université de Sudbury s’explique mal. Vous avez accordé le statut d’université à l’École de médecine du Nord de l’Ontario il y a un an et l’autonomie à l’Université de Hearst il y a deux ans. »
L’Université a produit deux plans d’affaires, dont un financé en grande partie par la communauté francophone, une étude de marché et, il y a un plus d’une semaine, une étude d’impact économique projetant un bénéfice de près de 90 millions de dollars en 2028-2029.
Manque de volonté du gouvernement Ford
Mme Gélinas considère néanmoins que Jill Dunlop est réceptive et que l’opposition au projet se situe davantage au niveau du conseil des ministres et du premier ministre, Doug Ford.
« On n’est pas entouré, soutenu, on est toléré seulement », lâche-t-elle.
Celle-ci relève que le gouvernement provincial ne veut non seulement dépenser aucun sou, mais attend que celui-ci transfère des fonds fédéraux à l’Université de Sudbury : « Laissez-nous au moins un signe ou permettez aux fonds fédéraux de se rendre à l’Université de Sudbury. »
« Agissez maintenant sans plus tarder car les inactions et délais de votre gouvernement vont affliger des séquelles à la communauté », conclut-elle.
De son côté, Joanne Gervais, reprend le slogan des dernières élections provinciales du premier ministre Ford, pour l’implorer de le suivre dans l’exemple de l’Université de Sudbury : « Il faut agir immédiatement comme vous l’avez fait avec d’autres, on vous prie, get it done ».
La Coalition émet également deux demandes dans sa lettre, dont la première est « que toute l’éducation universitaire en langue française dans la région soit gérée par une institution gouvernée par, pour et avec la communauté francophone, en l’occurrence l’Université de Sudbury. »
Sur le bureau de Mme Dunlop depuis septembre dernier, une recommandation de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire de l’Ontario (CÉQÉP) fera effectivement pencher la balance du bon ou du mauvais côté.
De nouveau, la Coalition considère ainsi que l’Université Laurentienne « doit cesser son enseignement en français et lui transférer toute sa programmation de langue française. »
La seconde demande étant que « l’Université de Sudbury ait accès à un budget qui lui permettra de gérer ces programmes et d’en créer de nouveau pour mieux répondre aux attentes de la francophonie du Nord-Est ontarien. »
ONFR+ a tenté de joindre le ministère des Collèges et Universités mais n’a pas encore reçu de retour au moment d’écrire ces lignes.
Article actualisé vendredi 2 juin à 12h.