Basket-ball : les Raptors prêts à se séparer de leur vedette francophone?
TORONTO – L’histoire d’amour longue de sept saisons entre les Raptors de Toronto et Pascal Siakam pourrait prendre fin à l’orée de la saison 2023-2024.
Pascal Siakam et les Raptors de Toronto, c’est ce genre d’histoire digne des contes de fées qu’on aimerait ne jamais voir se terminer. C’est l’histoire d’un jeune Camerounais ayant débuté le basket sur le tard (16 ans) qui va connaître une ascension fulgurante entre son repêchage en 2016 par les Raptors jusqu’à un titre de champion NBA en 2019 et une sélection dans le deuxième cinq des meilleurs joueurs de la NBA en 2020 puis le troisième en 2022.
Malheureusement, contrairement aux contes de fées, dans la vie réelle toutes les histoires ne se terminent pas bien. Selon nos informations qui corroborent avec ce que rapporte Michael Grange de la chaine Sportsnet depuis plusieurs jours, les Raptors seraient très actifs dans la recherche d’un partenaire pour échanger l’ailier de 29 ans.
La belle histoire fait face à des réalités sportives et économiques qui poussent les dirigeants à chercher à se séparer de leur meilleur joueur.
D’un point de vue sportif, les Raps terminent une saison décevante avec une sortie prématurée face à Chicago lors du match de barrage d’accession aux séries. Pascal Siakam n’est pas le plus à blâmer, ayant réussi probablement sa meilleure saison en carrière, mais le manque de résultats collectifs a déjà entraîné le limogeage de l’entraîneur en chef champion en 2019 Nick Nurse et le départ du meneur de jeu titulaire Fred VanVleet pour Houston.
Une page semble se tourner sur cette ère de l’équipe championne en 2019 dont Siakam fait figure de dernier représentant majeur – O.G. Anunoby et Chris Boucher n’ayant pas eu un rôle majeur lors des séries éliminatoires.
Le début de l’ère Scottie Barnes?
Avec un désir avoué du nouvel entraîneur Darko Rajakovic d’élargir le rôle du jeune prometteur Scottie Barnes pour à terme en faire l’option numéro 1 de l’équipe, un départ de Siakam prendrait tout son sens pour lui « laisser les clés » de l’équipe.
L’idée de conserver Siakam et d’en faire le lieutenant de Barnes pourrait avoir du sens, mais se heurte à la réalité de la NBA moderne. Avec la resignature de Jakob Poeltl, assurément le centre titulaire dans le cinq majeur des Raptors, le trio Siakam-Barnes-Poeltl ne comporte aucun joueur capable de tirer avec régularité à 3-points.
Or, Siakam et Barnes étant des joueurs qui opèrent principalement dans la raquette par des pénétrations ou du jeu au poste, le manque de tireurs à 3-pts (spacing en anglais) autour d’eux réduit leur efficacité. On voit ainsi que même s’ils peuvent jouer ensemble, la complémentarité entre les deux n’est pas évidente, surtout en séries éliminatoires où les défenses se resserrent.
Le deuxième obstacle pour conserver Siakam est d’ordre financier. Dans sa dernière année de contrat cette saison, il est d’ores et déjà éligible à une extension de l’ordre de 192,2 millions de dollars sur quatre ans, un salaire maximum.
Comme ils l’ont fait pour VanVleet, parti pour Houston pour un montant faramineux (plus de 40 millions annuel), les Raptors ne voudraient pas surpayer le joueur qui, malgré ses très bonnes performances individuelles, n’a pas réussi à convaincre qu’il avait le niveau suffisant pour être une option numéro 1 viable pour emmener une équipe vers le titre.
Des freins au transfert
Le départ semble donc inévitable mais la situation demeure complexe. D’abord, Siakam n’aurait pas envie de quitter les Raptors. C’est ce qu’on a appris à travers le journaliste Chris Haynes. Selon lui, Siakam et ses représentants feraient savoir qu’il ne signera avec aucune équipe qui effectuerait un transfert pour lui cette saison.
Cela rend le mouvement risqué pour les autres franchises NBA qui pourraient échanger des joueurs et des tours de repêchage pour seulement un an de Siakam. Cela s’avère également problématique pour les Raptors qui pourraient obtenir une contrepartie qui ne serait pas à la hauteur du talent de Siakam dans un échange.
L’objectif des représentants du Camerounais est certainement, au-delà de rester à Toronto, de pousser la franchise canadienne à lui donner son extension max quitte à ensuite être transféré lors de la date limite des transactions au mois de février.
C’est la solution qui semble « gagnant-gagnant » pour les deux parties. En resignant le joueur, les Raptors augmenteront sa valeur sur le marché des transferts avec des équipes qui auront l’assurance de l’avoir pour quatre saisons et demie.
Dans le même temps, ils se donneront une dernière chance sur la première partie de saison d’essayer une dernière fois de faire fonctionner le duo avec Barnes – avec un nouvel entraîneur réputé pour son ingéniosité offensive, qui sait si la mayonnaise ne prendra pas? – et si cela ne fonctionne pas, ils auront la possibilité de rectifier le tir sur la fin de saison avec des joueurs récupérés dans un échange.
Trois scénarios possibles
Pour y voir plus clair, voici trois scénarios possibles quant au départ de Siakam :
Le pire scénario (et le moins probable) : le joueur ne signe pas d’extension, les Raptors ne trouvent pas de contrepartie satisfaisante ni avant le début de la saison, ni lors de la date limite des transactions, Siakam part libre de tout contrat à l’été 2024.
Le scénario intermédiaire : le joueur est transféré dès cet été dans une équipe qui tente le pari de le convaincre de resigner. Les Raptors obtiennent une contrepartie satisfaisante mais en dessous de ce qu’ils espéraient. L’ère Scottie Barnes est lancée avec des ambitions moindres en année 1.
Le scénario idéal : les Raptors offrent une extension à Siakam en donnant une dernière chance à son duo avec Scottie Barnes. La première partie de saison donnera son verdict mais les Raptors pourront s’assurer de transférer Siakam à la date limite des transactions avec une contrepartie satisfaisante.