La Communauté du Trille blanc souhaite créer un espace de vie adapté aux aînés

TORONTO – La Communauté du Trille blanc (CTB), du symbole floral éponyme de l’Ontario, c’est la vision d’un village francophone multigénérationnel pour les aînés. Dans la région de York, au nord de Toronto, un quartier entier sortira de terre, accueillant jusqu’à 500 résidents de 55 ans et plus, répondant aux besoins des séniors en français à toutes les étapes de leur vie. Le projet, qui a le feu vert des gouvernements provincial et fédéral ainsi que l’appui de nombreux partenaires, pourrait voir le jour en 2025.

Carole Drouin, la vice-présidente du conseil exécutif et présidente du comité permanent sur la gouvernance de la Communauté du Trille blanc (CTB), raconte que dès 2019 a germé l’idée d’offrir aux personnes de 55 ans et plus un carrefour multigénérationnel de services en français. Un village francophone évolutif qui s’adapte aux besoins des différentes étapes de vie, tout en prenant en compte la dimension identitaire et socioculturelle.

Derrière ce projet, « un groupe de visionnaires », l’actuel conseil d’administration présidé par Jean Bouchard, composé de 12 membres impliqués dans la communauté franco-ontarienne avec des expertises dans l’éducation, la santé ou encore le droit, travaillant en collaboration avec un comité aviseur expert dans des domaines politiques, la planification urbaine, le développement immobilier et la finance.

Des membres du conseil d’administration avec en haut, de gauche à droite : Sylvain Rouleau, Carole Drouin, vice-présidente, Betty Durocher, Anne Sirois-Niesing, soutien au secrétariat, Rémi Nolet. En bas, de gauche à droite : Daniel Niesing, trésorier, Jean Bouchard, président, Carole Mirkopoulos, secrétaire et Michel Sorensen, vice-président sortant. Source : CTB

« Une étude de marché a été réalisée au préalable pour définir l’intérêt de la communauté francophone et ses besoins », explique Mme Drouin, décrivant les différentes phases de construction du projet comme un continuum de services et d’habitations : des condos et maisons de ville pour les gens autonomes, des logements à prix abordables, des résidences avec services à domicile, ainsi que des foyers de soins de longue durée avec des médecins, des infirmiers ou encore des ergothérapeutes au plus près.

« Les francophones ont été négligés dans la région du Grand Toronto où une population de 127 000 francophones compte seulement 37 lits pour soins de longue durée qui leur sont dédiés », déclare le président de la CTB, Jean Bouchard.

« Il y a un réel besoin de services en français pour les personnes âgées dans la région de York », affirme également Michel Tremblay, le directeur général de La Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO), l’un des organismes partenaires du projet.

D’ajouter que le village, qui sera ouvert aux francophones et francophiles, permettra aux aînés de ne pas avoir à être délogés et se sentir déracinés, lorsque des soins particuliers deviennent nécessaires, tout en assurant une qualité de vie à tout âge.

Un modèle francophone unique en Ontario

Modèle inédit pour l’Ontario francophone, le projet comporte un aspect village regroupant de nombreux services et commodités en français. Outre l’aspect habitation, le plan conceptuel fait notamment état d’une place publique avec commerces tels qu’un café et qu’une boulangerie, d’une bibliothèque, d’une garderie, d’espaces locatifs pour les entreprises ou encore de bureaux pour les associations.  

La vice-présidente Carole Drouin évoque le concept de « communauté bienveillante » pour dénoter un esprit communautaire d’entraide intergénérationnelle : « On veut offrir au réseau de la francophonie de la région de York un endroit pour prospérer en français avec tout ce qui façonne un quartier vibrant », poursuit-elle.

La maquette de l’ensemble immobilier dont le site n’est pas encore connu. Crédit image : Rapport annuel de la CTB

« Ce ne sera pas un ghetto fermé », pondère toutefois Michel Tremblay. « Il s’agit d’un village ouvert qui va attirer des développeurs, des familles, créer des emplois et des revenus. »

Pour celui-ci, le quartier, qui sera à proximité d’écoles élémentaires et secondaires, sera un carrefour culturel, communautaire et multigénérationnel vibrant.

Le conseil d’administration, qui étudie toujours actuellement l’impact économique du projet, laissera une place importante aux partenariats avec les institutions de formation au niveau collégial et universitaire dans le domaine de la santé, le site pouvant devenir un lieu de pratique pour les étudiants, notamment dans les domaines de soins à la personne.

Michel Tremblay, directeur général de La Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO), un des organismes partenaires du projet. 

Financement et feux verts des gouvernements

Au niveau provincial, le projet a suscité l’intérêt et gagné l’appui de multiples ministères, notamment ceux des Personnes âgées, des Soins de longue durée, de la Santé et des Affaires francophones.

Selon Mme Drouin, le village apparaitrait comme une solution en termes d’offre active de services en français au gouvernement qui a des quotas à honorer. De même, le projet bénéficie de l’enthousiasme de tous les maires de la région de York, qui ont témoigné leur envie d’accueillir le site.

« Nous sommes vraiment très heureux au sein de notre ministère des Affaires francophones que ce nouvel organisme veuille bâtir un village francophone. Le projet en est encore aux étapes préliminaires, mais tout va dans la bonne direction », déclare l’adjointe parlementaire aux Affaires francophones et députée de Mississauga-Centre, Natalia Kusendova.

Jean Bouchard, président de la CTB avec, à gauche, Natalia Kusendova, adjointe parlementaire aux Affaires francophones et députée de Mississauga-Centre, et avec, à droite, Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones et députée de York-Simcoe. Source : Rapport annuel de la CTB

La CTB bénéficie de plusieurs dons philanthropiques, dont un prêt sans intérêt de 10 millions de dollars pour l’achat d’un terrain, qui atteindrait les 25 millions de dollars pour une superficie de 10 à 12 acres, soit 4 à 5 hectares. Le coût total du projet comptant toutes les phases de développement est ainsi évalué entre 250 et 290 millions de dollars.

Si le montant de participation du provincial et du fédéral n’est pas encore finalisé, les premiers financements devraient être livrés une fois le terrain acheté, pour la première phase de construction, soit l’établissement de soins de longue durée d’une capacité de 160 personnes.

La signature de l’achat d’un terrain pourrait être annoncée lors du gala de levée de fonds de la Communauté du Trille blanc à Aurora le 29 septembre prochain.