Soccer : fin de saison cauchemardesque pour Abou Sacko et l’Atlético Ottawa
L’équipe de Première Ligue canadienne de soccer la plus francophone de l’Ontario a manqué la qualification en phase finale au terme d’un mois de septembre à oublier. Blessé, le jeune Français de l’Atlético Ottawa revient sur cette difficile épreuve d’un point de vue individuel et collectif.
Champion en titre de la saison régulière et finaliste la saison dernière, l’Atlético Ottawa après une montée en puissance sur les mois de juillet et août se trouvait en embuscade à deux points de la première place à l’entrée du dernier mois de compétition.
Absent en raison d’une déchirure aux ischiojambiers qui l’aura tenu éloigné des terrains pendant près de deux mois, Abou Sacko a vu, impuissant, ses coéquipiers s’effondrer à cinq reprises en fin de match. Cinq buts encaissés dans des fins de rencontre en septembre puis début octobre qui ont mis fin à la saison de l’équipe de la capitale de manière prématurée.
Avec seulement un point pris en cinq matchs en septembre, ajouté à une défaite face à York à la 88e minute, les hommes de Carlos Gonzalez ont creusé leur tombe. La victoire finale à Forge dans un sursaut d’orgueil s’est avérée insuffisante pour reprendre la cinquième place perdue face à York lors de la semaine précédente. Comment expliquer un tel craquage mental pour une équipe expérimentée et habituée à jouer les premiers rôles?
« Je pense qu’il y a un peu de tout. C’est de la malchance, du relâchement, et du moins bien, une petite baisse de forme qui a eu un impact direct sur les résultats », explique Sacko.
« Mais, au final, je ne pense pas que nous étions mauvais. C’est juste qu’à la fin des matchs, je pense qu’on perdait en lucidité et ça a duré sur plusieurs rencontres. Au final, si on enlève la moitié des matchs où on encaisse un but à la fin, on est qualifié pour la phase finale. »
Ces cinq buts encaissés en fin de match ont coûté cinq points aux Ottaviens. En ajoutant ces points au classement – sans même prendre en compte que les adversaires en auraient perdu deux – l’Atlético pointerait à la troisième place juste derrière Forge.
« Quand ça arrive une fois, tu te dis que c’est de la malchance, mais quand ça se répète comme ça encore et encore, ça devient dur. York c’était comme une petite finale pour nous. On avait un point d’avance sur eux, c’était le match pour assurer notre place en phase finale », confie le jeune arrière gauche de 21 ans.
« Et de nouveau perdre comme ça, à la fin, sur une occasion comme celle-ci, tu te dis vraiment que le sort s’acharne contre toi. Je n’étais pas présent là-bas mais d’après les retours que j’ai eus, tout le monde était effondré. Je pense aussi à nos partisans qui ont fait le déplacement et qui nous ont encouragés toute la saison, ça fait mal. »
Encore plus de regrets après Forge
Et pourtant, malgré la déception et un espoir de qualification qui s’est envolé avec la victoire de York à Vancouver (2-1), les Ottaviens se sont imposés à Forge 1-0 face à une équipe qu’ils n’avaient battue qu’à une seule reprise dans toute leur histoire.
« Forcément, ça laisse plus de regrets, mais de toute façon, nous savions de quoi nous étions capables. On a montré notre niveau tout au long de l’année, on savait qu’on pouvait tenir tête à cette équipe mais aussi à n’importe qui dans la ligue », regrette Sacko.
« Aucune équipe ne nous faisait peur. Quand nous étions à 100 % comme par exemple au mois de juillet, où nous étions dans une forme excellente. On a montré notre niveau et personne n’en doutait. Tout le monde savait qu’on était un des acteurs majeurs pour le titre dans cette ligue. Malheureusement, parfois ça ne se passe pas toujours comme prévu, mais personnellement je n’ai jamais douté de mon équipe. Ça ne me choque pas qu’on ait gagné le dernier match. »
Un sentiment d’être inutile
A titre personnel, la pilule a été encore plus dure à avaler pour le jeune Français qui débutait sa carrière professionnelle dans le soccer, fraîchement arrivé du centre de formation du Havre. Victime d’une déchirure de 23 cm aux ischiojambiers lors d’une entrée en jeu fin juillet, il n’a plus retrouvé les terrains depuis et a dû subir cette situation collective avec un sentiment d’impuissance.
« Je ne m’y attendais pas. Je n’avais jamais eu ce type de blessure. Au début, j’essayais de rester positif. J’ai tenté à plusieurs reprises de reprendre l’entraînement mais j’avais encore mal. J’aurais pu revenir plus tôt, mais avec un risque de rechute », explique-t-il.
« J’ai essayé de bien le prendre, mais ça reste dur pour un footballeur d’être éloigné du groupe. Tu as l’impression de ne servir à rien. Tu finis ta séance en salle, tu rejoins le groupe sur le terrain… Ils sont en train de jouer et toi tu les regardes depuis le banc. Une semaine, deux semaines, un mois, un mois et demi… Tu ne vois toujours pas le terrain et t’as l’impression que ça ne va jamais se finir. C’était très frustrant. Parfois, je voulais même essayer de reprendre quitte à ce que ça pète. »
Même s’il confie avoir eu le soutien de ses coéquipiers, notamment les francophones de l’équipe, Abou ne cache pas que cette première expérience dans un pays étranger loin de sa famille n’a pas été facile. Cette blessure avec laquelle il n’était pas familier a forcément compliqué les choses.
Le latéral gauche ne pense pas que ce soit un manque d’échauffement qui a entraîné cette blessure survenue à peine trois minutes après son entrée en jeu. Il pointe plutôt du doigt l’enchaînement d’une saison quasi complète en France à la suite de laquelle il a directement enchaîné en PLC.
« J’ai enchaîné plus d’une demi-saison avec Le Havre puis une saison complète ici. J’ai mis mon corps à rude épreuve. Je m’entrainais beaucoup et le match d’avant contre Valour, j’avais aussi beaucoup couru, le tout dans une période de fortes chaleurs. »
Rester positif
Si d’un point de vue sportif, la saison reste une grosse déception, du point de vue de son expérience au Canada, le Français ne s’est pas forcément senti dépaysé à Ottawa, même s’il note des différences évidentes avec son pays natal.
« Je trouve qu’il y a des similitudes entre Ottawa et le Havre dans le sens où elles font partie des grandes villes du pays mais ce ne sont pas non plus les plus grandes. Ottawa c’est la capitale, mais on y a vite fait le tour. On connaît rapidement la ville. Son calme est un environnement parfait pour un sportif. On ne te dérange pas et il n’y a pas non plus trop de distractions en dehors du métier, un peu comme au Havre », compare-t-il.
« Il y a quand-même des différences avec la France : ce n’est pas le même pays, ce n’est pas la même culture, la même langue même s’il y a Gatineau à côté. Mais personnellement, j’ai adoré la ville d’Ottawa, j’aime bien y vivre. C’est vrai que seul ce n’est pas évident non plus, mais ce n’est pas la première fois que je vis seul. En plus, j’ai amélioré mon anglais. »
Rebondir la saison prochaine
Pour revenir au sportif, Sacko va maintenant profiter de vacances bien méritées en France au sein de sa famille, pour se ressourcer et se préparer pour la saison prochaine avec un esprit revanchard.
Avec une année de contrat garantie pour la saison prochaine et la confiance de son entraîneur et de ses dirigeants, Abou a toutes les cartes en main pour se relancer.
« L’entraîneur m’a démontré qu’il avait confiance en moi en étant exigeant alors qu’il aurait pu me délaisser. Je n’ai pas réussi à lui rendre cette confiance du mieux que je pouvais. Je m’en veux et j’ai envie de me préparer au mieux pour la saison prochaine et être disponible pour lui à 100 % tout le temps. On va bien se reposer puis se préparer pour la saison prochaine avec de nouveaux objectifs : essayer de jouer le plus de matchs possible et surtout éviter de rater toute une deuxième partie de saison. »
L’Atletico Ottawa devrait démarrer la préparation à la mi-janvier du côté d’Ottawa avant de partir en Espagne pour son traditionnel camp d’entraînement en février. À son arrivée au club, Abou Sacko avait rejoint ses nouveaux coéquipiers directement en Espagne sans passer par la case « froid » du mois de janvier. Le début d’année 2024 sera donc l’occasion pour lui de découvrir le climat hivernal de la capitale.
« Je n’ai pas hâte, ça va piquer! », confie-t-il avec un large sourire.