Up Here : quand des artistes franco‑canadiens métamorphosent Sudbury
SUDBURY – La 11ᵉ édition du festival Up Here est de retour jusqu’à dimanche avec une vitrine pour les arts visuels et la musique, mettant en lumière autant la création locale que les artistes de la francophonie canadienne. Pour certains de ces artistes venus de loin, ce rendez-vous annuel est une occasion de créer des liens avec la ville du nickel.
Depuis sa création en 2015, Up Here transforme Sudbury avec ses centaines de murales tout en proposant une programmation combinant concerts intérieurs et spectacles en plein air.
Cette année, une murale du festival Up Here est réalisée par une artiste francophone, ajoutant une dimension supplémentaire à l’événement. Pour Kezna Dalz, artiste montréalaise d’origine haïtienne, il s’agit de sa première participation au festival.
Élevée en parlant trois langues, elle découvre la ville avec curiosité : « Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avant d’arriver. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui parlent français ici, mais c’est intéressant de voir comment la francophonie existe dans cette région. »

Son projet artistique s’inspire de l’adaptation et de la résilience. Elle décrit sa création : « Je voulais faire un peu comme un charmeur de serpent, mais avec des flammes pour montrer comment accepter le chaos et s’acclimater. C’est une œuvre qui reflète un peu ce qu’on vit dans le monde, mais aussi de façon introspective. »
Travaillant avec deux assistants, elle prévoit de finaliser son installation au cours du week-end, tout en découvrant les autres œuvres du festival et en échangeant avec d’autres artistes présents.
Celle-ci apprécie déjà sa première expérience en terre sudburoise : « C’est agréable de se retrouver ici et de rencontrer des artistes avec qui j’avais déjà collaboré. »
En complément des peintures murales, le festival propose un projet appelé « Power-Up », en partenariat avec Greater Sudbury Utilities (GSU), qui consiste à faire peindre des boîtes électriques par des artistes dans différents quartiers de la ville.
Sur les six boîtes que compte le projet, deux artistes francophones vont en peindre dans le sud de la ville : Sam Barry et Emily Audette.

Donner un second souffle aux murales
Cette année marque le retour de MAPPLIGHTS, un collectif montréalais spécialisé en mapping vidéo et médias immersifs.
Leur intervention consistera à illuminer et animer la murale Heart of Gold de Ben Johnston, offrant aux spectateurs une projection vidéo sur les façades des bâtiments. « Le but c’est de faire redécouvrir les murales sous un nouveau jour », lance Alex Pham, responsable du projet.
Alors que leurs interventions étaient plutôt contemplatives et décoratives l’an dernier, le collectif prévoit cette fois de collaborer avec des musiciens. « Il va y avoir des duos d’artistes entre nous, le mapping et un artiste ou un musicien », précise-t-elle soulignant que le thème 2025, « Réfraction », inspire à la fois les visuels et la sélection musicale.

L’objectif est de proposer une expérience audio et visuelle immersive, où les projections et la bande sonore interagissent pour donner un nouvel angle sur l’œuvre originale.
L’année dernière, le collectif a été surpris par la réaction des spectateurs face à leur projection sur la murale « You Are Beautiful », qui rend hommage à la ville et à son histoire : « On a eu des personnes émues aux larmes qui nous ont dit : ‘ Oui, Sudbury, is beautiful’ »

La Française d’origine estime que certaines parties de la ville, parfois perçues comme industrielles ou désertiques, prennent une dimension nouvelle lorsqu’elles sont intégrées à ces installations visuelles.
« Cela montre que le projet dépasse le simple aspect visuel et touche les habitants. Sudbury a beaucoup de défis, mais aussi une richesse culturelle que le festival met en valeur. »
La francophonie musicale en vitrine
Cette année, Up Here propose une programmation musicale francophone étoffée, avec plus d’une douzaine d’artistes sur une cinquantaine à l’affiche.
Le point d’orgue francophone est la prestation de Elisapie, auteure-compositrice-interprète et activiste inuk, le dimanche 17 août à 19 h au Knox Hall.
Sa musique, inspirée de son village natal de Salluit, au Nunavik, conjugue influences traditionnelles et sonorités indie folk contemporaines montréalaises, tout en faisant résonner la culture inuit de manière moderne et accessible.

Marie Davidson se produira dans la même salle, mais samedi à minuit, où elle présente son nouvel album City of Clowns, mêlant techno, pop expérimentale et spoken word.
L’artiste arrive dans le cadre de sa tournée après avoir collaboré avec le groupe de musique électronique français, Justice.
Connor Lafortune, artiste anichinabé queer de la scène locale de Sudbury, se produira le samedi 16 août à 13 h à la scène Radio-Canada, Refettorio, et le dimanche 17 août à 17 h à la Townehouse Tavern.
Son travail combine poésie, musique et perlage pour transformer la douleur en beauté et célébrer la résistance, rendant hommage à la culture anichinabé.
Parmi les autres artistes francophones :
- Allô Fantôme (vendredi 15 août, 22 h 30, Knox Hall, Lower Hall), avec un style piano rock et pop introspectif.
- Akeem Oh (vendredi 15 août, 21 h 15, Knox Hall et samedi 16 août, 17 h, Townehouse Tavern), offrant une indie-pop douce et cinématographique.
- N NAO (samedi 16 août, 15 h, scène Radio-Canada, Refettorio), avec une approche écoféministe et romantique.
- Octopoulpe (dimanche 17 août, 22 h 30, Townehouse Tavern), explorant punk, math-rock et expérimentation sonore.
- Aubes (Alexis Langevin-Tétrault et Guillaume Côté, samedi 16 août, 20 h, Place des Arts, La Grande Salle), performance audiovisuelle immersive.
- Sarah Pagé, harpiste expérimentale, transforme son instrument en écosystème sonore et présente son premier album Dose Curves, mêlant technologies sur mesure et inspirations historiques.
- Fauxcils (samedi 16 août, 22 h 45, Knox Hall, Lower Hall), duo synth-pop de Jenn Herd et Dunstan Topp, mêlant synthés, paillettes et céramique dans un style alliant surréalisme et énergie dansante.
- Emilio Portal (samedi 16 août, 13 h, scène Radio-Canada, Refettorio et dimanche 17 août, 17 h, Townehouse Tavern), artiste multidisciplinaire explorant le son et la lumière pour déconstruire les perspectives coloniales.
- Mèr (vendredi 15 août, 17 h, Townehouse Tavern et samedi 16 août, 14 h, scène Radio-Canada, Refettorio), duo alt-pop bilingue mêlant harmonies cinématiques et poésie.