1 million de plus pour les Affaires francophones et 1 milliard de moins pour le déficit de l’Ontario
TORONTO – Le ministre des Finances a publié la mise à jour financière du budget 2025, dont la rhétorique est axée sur des mesures anti-tarifs. Le déficit de l’Ontario, qui a baissé de 1,1 milliard de dollars, conserve un montant record de 13,5 milliards. L’opposition officielle dénonce un énoncé économique « qui échoue à répondre aux besoins des travailleurs » et au taux de chômage de 7,8 %. Pas de nouveauté côté francophonie, mais le budget du ministère des Affaires francophones passe à 12,3 millions, grâce à un financement de 1 million pour des événements francophones, annoncé lors du Jour des Franco-Ontariens.
Le 25 septembre dernier, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney, annonçait un investissement d’un million de dollars cette année pour soutenir des événements mettant en valeur la contribution des francophones en l’Ontario, et favorisant leur développement culturel et économique.
Ce financement à caractère exceptionnel se reflète ainsi dans le montant alloué au ministère des Affaires francophones, qui passe de 11,3 à 12,3 millions de dollars : « l’Ontario est fier de célébrer cette étape avec la communauté francophone et d’investir un million de dollars supplémentaire cette année », peut-on lire dans le document.
Bien qu’aucune nouveauté francophone ne soit annoncée, le gouvernement a rappelé son engagement envers la construction du nouveau bâtiment du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). Un financement de 15,7 millions de dollars tiré du Fonds pour l’infrastructure communautaire des sports et des loisirs (FICSL), permettant « d’offrir de nouveaux services, comme des camps spécialisés, des programmes de conditionnement physique accessible et des événements communautaires ».
Autre rappel, le financement de l’Ontario datant de juillet dernier d’un montant de 10,8 millions de dollars pour l’Université de Sudbury, qui « offrira des programmes dans les domaines des sciences de la santé, de la gestion et du commerce, de sciences sociales et des arts, en partenariat avec l’Université d’Ottawa ».
Déficit et mesures anti-tarifs
Via ses « Perspectives économiques et revue financière 2025 : un plan pour protéger l’Ontario », le gouvernement prévoit un déficit de 13,5 milliards de dollars en 2025-2026, soit « une amélioration par rapport au déficit de 14,6 milliards prévus dans le budget de 2025 ».
Celui-ci prévoit ensuite un déficit de 7,8 milliards de dollars pour 2026-2027 et envisage un retour à l’équilibre financier à l’horizon 2027-2028, avec un excédent de 200 millions de dollars.
L’Ontario annonce que la croissance du PIB, affectée par « la politique commerciale et les tarifs douaniers », ralentira à 0,8 % en 2025, 0,9 % en 2026, 1,8 % en 2027 et 1,9 en 2028 – Des valeurs légèrement inférieures à ce qui était prévu par le budget de mai dernier.
Le ministre des Finances maintient la rhétorique de protection des travailleurs et entreprises touchés par les tarifs douaniers américains : « bâtir une économie plus concurrentielle, résiliente et autosuffisante en réduisant les formalités administratives, en investissant dans l’infrastructure, en soutenant les travailleurs, en améliorant les services et en rendant la vie plus abordable ».
Parmi les mesures mises de l’avant, certaines avaient déjà été annoncées au cours de ces dernières semaines :
- Une nouvelle remise éliminerait la portion provinciale de la TVH (8 %) pour les acheteurs d’un premier logement sur des habitations neuves admissibles d’une valeur maximale de 1 million de dollars – L’équivalent d’une économie de 80 000 dollars sur l’achat, selon le ministère des Finances.
- L’Ontario propose de bonifier et d’élargir temporairement son crédit d’impôt pour l’investissement (CIIFO), notamment en faisant passer le taux de 10 % à 15 % et en le rendant accessible aux sociétés non contrôlées par des intérêts canadiens, dans le but de stimuler la fabrication et la compétitivité.
- Un investissement de 20 millions de dollars dans les centres POWER d’intervention en emploi est prévu, permettant à la province d’intervenir de manière proactive, avant et dans les 24 heures suivant les mises à pied, pour offrir formation et perfectionnement aux travailleurs.
- 100 millions de dollars supplémentaires pour le Fonds l’Ontario ensemble pour le commerce (FLOEC) à destination des PME soit un financement total de 150 millions sur 3 ans dès 2025-2026.
- Le Programme de financement pour protéger l’Ontario (PFPO) lancé en août dernier est doté d’une enveloppe de 1 milliard pour aider les entreprises touchées par les tarifs élevés des secteurs de l’acier, de l’aluminium, du cuivre et de l’automobile.
- 600 millions de dollars sont alloués au Fonds pour investissements Ontario soit un total de 1,3 milliard pour offrir « plus de prévisibilité pour les investisseurs ».
- Un investissement allant jusqu’à 3,5 milliards avec le gouvernement fédéral via Partenariat canadien pour une agriculture durable pour renforcer la compétitivité et résilience du secteur agricole.
Un échec selon l’opposition
La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles et la porte-parole des finances, Jessica Bell, ont dénoncé un exposé économique qui « échoue à répondre aux besoins des travailleurs ». Celles-ci jugent que le document n’apporte aucune solution aux crises du logement et de l’emploi, citant un taux de chômage de 7,8 % — « le plus élevé depuis dix ans » — et des mises en chantier « à leur plus bas niveau depuis une décennie ».
Le NPD exhorte le gouvernement de donner la priorité à la protection et à la création d’emplois, en renforçant le soutien aux entreprises locales et aux secteurs de ressources critiques, et à investir dans les infrastructures sociales (logement, santé, éducation, garde d’enfants), en assurant une augmentation de l’aide sociale (élargissement de la couverture publique des médicaments et des soins de santé mentale).
Le chef du Parti vert Mike Schreiner a condamné un gouvernement « aux abonnés absents » qui n’a « aucun plan pour les familles qui font la queue aux banques alimentaires (…) pour les 80 000 personnes sans-abri (…) pour les jeunes qui travaillent si dur, mais n’arrivent pas à progresser face au chômage élevé et à l’explosion des coûts du logement ».
Le Parti libéral de l’Ontario a taxé les décisions de Doug Ford d’imprudentes, ayant affaibli le système de santé, d’éducation et l’économie.
Le député d’Ottawa-Sud et chef parlementaire du parti John Fraser a déclaré : « Les familles ont du mal à payer leur loyer et leurs courses, les hôpitaux sont au bord de la rupture et les jeunes ne trouvent pas de travail. Doug Ford est déconnecté de la réalité et à court d’excuses. »
« Nous avions besoin d’allégements fiscaux pour les personnes à revenu moyen, de soutien pour les petites entreprises et de financement pour les collèges et les universités afin de former nos jeunes aux emplois de demain, mais nous n’avons rien vu de tout cela », a pointé du doigt Stephanie Bowman, députée provinciale de Don Valley Ouest et porte-parole libérale en matière de finances et de commerce.