Aide sociale : la tête de la ministre réclamée
TORONTO – L’opposition à Queen’s Park a réclamé la tête de la ministre des Services sociaux après le dépôt, le mercredi 1er avril, d’un rapport assez peu exhaustif sur les ratés du nouveau système d’envoi informatisé des chèques d’aide sociale.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Le rapport de la firme comptable PricewaterhouseCoopers (PwC), qui se limite à des observations, vient seulement confirmer que les problèmes du nouveau système informatique SAMS ont complètement « bouleversé » les employés de première ligne responsables d’émettre les chèques d’aide sociale.
PwC doit déposer un autre rapport, plus complet, d’ici la fin avril. La firme touchera alors une rétribution d’environ 190 000 $.
« Quel fiasco », a fustigé la néo-démocrate France Gélinas à #ONfr, le 1er avril. « Le gouvernement a acheté un logiciel qui ne répondait pas à nos besoins. Il n’a pas jugé bon d’inclure des garanties dans le contrat pour obliger le fabricant à payer pour les problèmes. Et maintenant, il paie une firme d’experts-conseils des milliers de dollars pour comprendre ce qui ne fonctionne pas. »
« Du crémage »
« Quelle est l’utilité d’un rapport si ce n’est pas pour trouver des solutions à un problème », a décoché à son tour le progressiste-conservateur Bill Walker. « Ce n’est que du crémage pour donner l’impression que tout est sous contrôle », a-t-il ajouté. « Les libéraux n’ont pas fait leurs devoirs. Ils savaient qu’il y avait des problèmes mais ils sont tout de même allés de l’avant. C’est de l’incompétence. »
L’Ontario avait confié au géant informatique IBM le contrat de développer un nouveau système informatisé de traitement des chèques d’aide sociale et des prestations aux personnes handicapées, au coût de 240 millions $.
Les problèmes dont souffre SAMS auraient pu pénaliser jusqu’à 36 000 prestataires de l’aide sociale à travers la province, selon le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), qui a aussi déposé une injonction pour forcer le gouvernement à mettre un frein à l’implantation d’un nouveau système. Certains prestataires n’ont reçu qu’une fraction de leur allocation habituelle.
« Il faudra certainement encore dépenser des millions de dollars pour faire réparer le logiciel. C’est un désastre. Et ce sont les personnes les plus vulnérables qui en souffrent », a déploré Mme Gélinas à #ONfr.
Responsabilité ministérielle
Les problèmes de SAMS sont apparus dès l’implantation du nouveau logiciel, l’automne dernier. Les libéraux à Queen’s Park ont d’abord tenté de minimiser l’affaire, affirmant qu’il s’agissait d’un pépin informatique « mineur ». La ministre responsable de l’aide sociale, Helena Jaczek, a même dans un premier temps fait allusion à une simple « erreur administrative », suscitant l’ire de l’opposition.
« Il faut arrêter de dire que tout va bien et que ce ne sont que des pépins informatiques sans importance », a tonné le progressiste-conservateur Bill Walker. « La ministre doit céder sa place à quelqu’un d’autre qui sera en mesure de bien faire son travail. »
« Nous avons quelque-chose à Queen’s Park qui s’appelle la responsabilité ministérielle et (Mme Jaczek) doit prendre ses responsabilités », a lancé la chef néo-démocrate Andrea Horwath dans la mêlée.
La ministre des Services sociaux, elle, persiste et signe.
« Nos chargés de projet et IBM travaillent extrêmement fort pour s’assurer que les erreurs soient corrigées », a insisté Mme Jaczek à sa sortie de la période de questions à Queen’s Park, le 1er avril. « J’ai certainement entendu des frustrations par rapport à l’utilisation de ce système. C’est pourquoi j’ai demandé un avis technique d’un tiers parti pour aller de l’avant. »
L’élue d’Oak-Ridges–Markham, au nord de Toronto, a dit s’accrocher à ses responsabilités dans le cabinet libéral. Aucun employé dans son ministère n’aurait été réprimandé ou remercié, par ailleurs, à cause des problèmes de SAMS.