Amanda Simard justifie son effacement de la scène politique

La députée Amanda Simard. Crédit image:

TORONTO – Absences répétées sur les bancs de l’Assemblée législative, déplacement à Buckingham Palace pendant le vote du budget, manque de visibilité lors des inondations dans sa circonscription… La députée indépendante répond aux attaques.

Sa sortie fracassante du gouvernement progressiste-conservateur l’hiver dernier, en pleine crise linguistique, avait suscité un élan de sympathie chez les Franco-Ontariens qui voyaient en la jeune députée de Glengarry-Prescott-Russell un rempart contre le recul de leurs acquis.

Amanda Simard avait alors vertement critiqué l’abandon de l’Université de l’Ontario français (UOF) et la suppression du Commissariat aux services en français par le gouvernement Ford, avant de claquer la porte du parti majoritaire, se disant déterminée à poursuivre le combat.

Désormais indépendante, la députée franco-ontarienne semble pourtant ne pas avoir su capitaliser sur sa popularité pour enfoncer durablement le clou et maintenir la pression sur le gouvernement, engagé dans une chasse au déficit.

Interrogée par ONFR+ à la sortie de la dernière séance de questions de la session parlementaire à Queen’s Park, Mme Simard s’est défendue d’avoir disparu des écrans radars.

« J’ai surtout agi et continue d’agir en coulisses auprès des Franco-Ontariens », justifie-t-elle, balayant d’un revers de main ses absences répétées sur les bancs de l’Assemblée. « Ce n’est plus une séance de questions, c’est une séance d’applaudissements! C’est tout le temps une garderie. »

Son statut d’indépendante a néanmoins nécessité des réajustements dans son organisation de façon à être plus proactive dans certains dossiers. « Ça prend une certaine période pour s’adapter et former mon équipe », dit-elle. « J’aime mieux réfléchir, prendre le temps d’étudier, que crier haut et fort à chaque décision. Je suis dans une logique de réflexion, d’analyse et de travail avec différents groupes pour mesurer l’impact des différents projets de loi. »

La députée indépendante Amanda Simard, lors du Facebook Live le 18 mars.

Volonté de rester indépendante

Malgré ce contretemps organisationnel, la députée assume résolument son statut d’indépendante dans l’opposition, ne souhaitant pas rejoindre les rangs d’un autre parti. « Je planifie de rester autonome », affirme-t-elle,
« pour exercer pleinement le pouvoir que tout député devrait avoir à l’esprit : faire passer l’intérêt des électeurs avant tout. »

Son retrait s’est aussi fait sentir au sein-même de sa circonscription, touchée récemment par les inondations. À cette critique, Mme Simard a répliqué qu’elle était bien présente mais avait refusé toute photo officielle.
« Dans ces circonstances dramatiques, aux effets dévastateurs sur les gens, je préfère rester discrète et offrir mon appui, derrière le rideau. »

« On ne dit jamais non à la reine »

Il faut dire que la députée a passé du temps à l’international, se laissant moins de marge d’action sur le plan provincial. Elle était récemment en déplacement à Washington, à la conférence globale du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, en tant que présidente des jeunes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la francophonie.

On se souvient par ailleurs qu’elle avait manqué le vote du budget… pour un voyage à Londres : « J’étais contre le budget. Je n’étais pas ici. J’ai été invitée à Buckingham palace. On ne dit jamais non à la reine. »

Amanda Simard appuie le projet de loi déposé par sa collègue libérale Nathalie Des Rosiers, la veille, visant à moderniser la Loi sur les services en français. Ce sera une des prochaines grandes batailles pour les droits des Franco-Ontariens, selon celle qui affirme vouloir revenir plus forte à la rentrée parlementaire, prévue après les élections fédérales d’octobre. « Il est grand temps de moderniser cette loi. »

« Ça été une année extrêmement mouvementée, beaucoup d’événements déclencheurs ont conduit à ce que je prenne mon indépendance et toutes les actions entreprises jusqu’ici par le gouvernement ont conforté ma décision de m’en séparer. Ford est imprévisible. On ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est un gouvernement amateur qui essaie un peu tout et n’importe quoi pour voir ensuite s’il y a une opposition. Ce n’est pas une façon de gouverner. »

« J’ai plus de pouvoir que jamais et il est temps de l’utiliser », conclut-elle. L’avenir le dira.