Baisse des inscriptions d’élèves francophones dans le nord
Alors que les douze conseils scolaires francophones de l’Ontario ont franchi le cap des 100 000 élèves en 2013, les inscriptions baissent dans le nord de la province.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz
Selon les projections chiffrées du ministère de l’Éducation, les six institutions éducatives situées à Sudbury, North Bay, Thunder Bay ou encore Timmins voient leurs inscriptions diminuer globalement de 0,9% pour cette rentrée scolaire. Seul le Conseil scolaire catholique Franco-Nord (CSCFN) ne connait pas de baisse en comparaison à l’année dernière.
Un total de 20 751 élèves avaient franchi les portes des établissements sur le territoire du nord en 2014-2015, contre 20 570 cette année.
Les deux conseils publics et quatre conseils catholiques, lesquels représentent environ 20% des élèves franco-ontariens, ne suivent donc pas la croissance de l’ensemble des douze groupes éducatifs francophones en Ontario. Avec 101 711 élèves, les écoles franco-ontariennes affichent tout de même une hausse moyenne des inscriptions de 1%.
Une inquiétude pour les francophones? « C’est avant tout une problématique économique et donc une problématique plus large que la francophonie », soutient le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt.
Les secteurs autrefois pourvoyeurs d’emplois, comme la scierie ou la papeterie, ont bien souvent disparu, obligeant les résidents à se déplacer vers d’autres centres urbains comme Ottawa ou Toronto.
Le constat est donc tout aussi vrai du côté des conseils scolaires anglophones qui accusent une baisse de 1,3% du nombre d’inscriptions dans le nord cette année, en comparaison à 2014-2015.
Salles vides
Sur le terrain, les salles de classe sont parfois vides dans les écoles francophones du nord. Un grand nombre des plus de 40 000 places vacantes dans le système scolaire franco-ontarien se situerait même sur ce territoire.
Si l’économie reste bien la cause principale des inscriptions en baisse, les francophones sont pourtant moins bien armés que les anglophones pour relever le défi démographique du Nord ontarien.
Et pour cause, cette région reste un cas spécifique où la baisse des francophones ne rime pas avec un accroissement des allophones. À la différence des autres régions de l’Ontario, les personnes ayant l’anglais comme langue maternelle sont même en croissance.
À titre d’exemple, la proportion d’anglophones a grimpé à Sudbury de 61,3% à 64,5% sur la période 1996-2011, et de 53,1% à 55,7% à Timmins. Dans le même temps, les francophones perdaient des plumes, avec une baisse de 1,2% à Sudbury et 1,1% pour Timmins.
Pas de partenariats en vue
« Nous sommes conscients de cette dépopulation (sic) du nord », fait part Benoit Mercier, directeur général de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC). « Nous essayons de mettre en place des plans de marketing, et des annonces dans les médias pour recruter. »
Du côté de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACEPO), le président Denis Labelle vise pourtant l’expansion. « Nous sommes le seul des deux systèmes n’ayant pas d’écoles dans toutes les communautés. »
En revanche, les deux représentants des groupes scolaires rejettent la solution de fusions ou de partenariats entre les conseils pour lutter contre les classes vides. « La décision appartient aux écoles », répondent-ils avec prudence.