Basket-ball : le bilan de la saison des francophones chez les Raptors 

Les basketteurs francophones des Raptors Pascal Siakam, Chris Boucher et Vincent Koloko. Crédit image: Chris Young

TORONTO – La saison des Raptors de Toronto s’est terminée le 12 avril avec une défaite lors des barrages d’accession aux séries éliminatoires face à Chicago. Près de trois semaines plus tard, avec du recul, l’heure est venue de revenir sur la saison des trois francophones de la seule franchise canadienne de la NBA.

Avec un bilan de 41 victoires et 41 défaites, une neuvième place et une chance ratée d’accéder aux séries par les barrages, la saison des Raptors de Toronto a été décevante et frustrante. De grands mouvements sont à prévoir cet été dans le sillage du changement d’entraîneur déjà acté, avec le licenciement de Nick Nurse le 21 avril dernier. 

En attendant d’en savoir plus sur l’avenir de l’équipe, revenons sur la saison d’un point de vue plus individuel, à travers les trois joueurs francophones de l’effectif. Si le bilan collectif demeure mitigé, en revanche, Pascal Siakam, Chris Boucher et le jeune Christian Koloko ont plutôt réalisé de bonnes choses.

Pascal Siakam : 29 ans, ailier/intérieur

La détermination et la meilleure saison individuelle de Siakam en carrière n’auront pas suffi à faire décoller les Raptors cette saison. Crédit image : Chris Young

Statistiques cette saison (moyenne par match) : 24.2 points, 7,8 rebonds, 5,8 passes, 71 matchs disputés.

Les attentes avant la saison : Au sortir d’une saison précédente qui l’avait vu terminer dans la troisième meilleur cinq de la NBA (All NBA third team), le Camerounais avait annoncé la couleur dès la conférence de presse marquant le début de la saison. Il avait placé la barre très haute en déclarant son objectif de faire partie des cinq meilleurs joueurs de la ligue. Au-delà de la faisabilité ou non de cette déclaration, elle marquait surtout une volonté de continuer à progresser pour un joueur qui n’a cessé de le faire depuis son arrivée dans la ligue en 2016. Faisant partie des joueurs les plus anciens de l’effectif, on attendait également de Siakam qu’il s’impose comme un leader du vestiaire aux côtés de Fred VanVleet, une chose qu’il semblait également prendre à cœur. 

Sa saison : Bien qu’il n’ait pas rempli son objectif de top 5, Siakam a tout de même répondu aux attentes d’un point de vue statistique. Avec le plus gros temps de jeu de toute la ligue pour la deuxième année consécutive, il a réalisé sa meilleure saison aux points et aux passes décisives. 

En revanche, si en attaque il a été le joueur le plus constant de l’équipe, il a été plus irrégulier défensivement à l’image de ses coéquipiers. Le manque d’effort de ce côté du terrain a été souligné à plusieurs reprises pendant la saison et n’a jamais été réellement corrigé. 

Siakam n’est pas plus à blâmer que les autres, mais en tant que leader, on peut lui imputer cette incapacité à mobiliser le groupe de manière régulière. Sa saison demeure très satisfaisante, il est en course pour obtenir de nouveau une place dans le troisième équipe d’étoiles de la ligue. 

Son avenir : Il reste une année de contrat à Siakam et les négociations pour sa prolongation pourraient débuter cet été. Malgré cela, après cette saison décevante, la franchise canadienne dirigée par le duo Masai Ujiri-Bobby Webster pourrait prendre une autre direction. Le possible choix de reconstruire l’équipe autour du jeune prodige Scottie Barnes pourrait pousser Siakam vers la sortie. Les deux joueurs ont montré qu’ils étaient capables d’évoluer ensemble. Mais avec l’acquisition de Jakob Poeltl à la date limite des transactions, le trio Barnes-Siakam-Poeltl, composé de trois joueurs peu adroits à 3-points dans le cinq de départ, semble peu coller à la NBA moderne, qui exige du tir de loin. Une facette du jeu qui a d’ailleurs fait grand défaut à Toronto cette année…

Chris Boucher : 30 ans, ailier/intérieur

Chris Boucher doit encore améliorer son adresse à 3-points pour élargir son rôle en sortie de banc. Crédit image : Chris Young

Statistiques cette saison (moyenne par match) : 9.4 points, 5,5 rebonds, 0,8 contre, 76 matchs disputés 

Les attentes avant la saison : L’exercice 2021-22 de Chris Boucher a été celui de la maturité. Le Montréalais s’est installé durablement dans l’équipe en sortie de banc en définissant parfaitement son rôle. Avec une prise de conscience que ce n’était pas en voulant marquer le plus de points possible qu’il était le plus utile à son équipe, Boucher s’est concentré sur les « petites choses » qui peuvent faire basculer un match. De l’énergie en sortie de banc, de la bagarre au rebond offensif, une impressionnante activité dans la couverture des tirs à 3-points et la protection du cercle en second rideau, le Montréalais a trouvé son rôle en NBA. Il y ajoute parfois une réussite dans le tir à 3-points qui demeure fluctuante d’un match à l’autre. Les attentes pour cette nouvelle saison n’étaient ni plus ni moins que de poursuivre sur cette lancée. 

Sa saison : Chris Boucher a fait ce qu’on attendait de lui en étant le joueur le plus régulier d’un banc des Raps qui ne l’aura pas été. Si on peut toujours critiquer sa sélection de tirs qui peut par moment faire grincer des dents, ou des placements et choix défensifs parfois discutables, son apport a toujours été précieux. Il a même fait le spectacle par sa capacité à contrer les tirs à 3-points et ses dunks spectaculaires en contre-attaque. 

Son avenir : Avec encore une année supplémentaire de contrat et un rôle désormais bien établi dans la ligue, le Canadien devrait faire au moins sa dernière saison avec les Raptors. Il n’a cessé de rappeler tout au long de l’année que Toronto était l’endroit où il voulait être et où il se sentait le mieux. S’il n’est pas à l’abri de se retrouver dans un échange cet été – comme tous les joueurs de l’effectif en dehors de Barnes –  il semble tout de même très probable de le retrouver sous les couleurs torontoises la saison prochaine. 

Christian Koloko : 22 ans, pivot

Christian Koloko a fait forte impression dès ses premiers échanges avec les médias en début de saison par sa maturité. Capture écran entrevue de début de saison. Archives ONFR+

Statistiques cette saison (moyenne par match) : 3,1 points, 2,9 rebonds et 1 contre, 59 matchs joués. 

Les attentes : repêché par les Raptors en 33e position l’été dernier, Christian Koloko ne faisait pas face à d’énormes attentes. On lui promettait une saison de développement avec les 905, le club-école de G League des Raptors et on ne s’attendait à le voir que très peu en NBA. 

Sa saison : Le jeune Camerounais a dépassé toutes les attentes. Lancé dans le grand bain dès le début de la saison par Nick Nurse, il a même été dans le 5 de départ à 19 reprises. S’il a dû s’adapter au rythme et à la physicalité de la NBA, il s’est tout de suite distingué par ses qualités en protection de cercle, un élément qui faisait défaut aux Raptors. Même s’il a dû apprendre à éviter de commettre des fautes trop rapidement pour rester sur le terrain, ses premiers pas étaient très prometteurs avec une bonne mobilité pour sa taille en défense et une capacité à être une menace aérienne sur passes lobées. Il a ensuite connu un passage en G League qui lui a permis d’engranger du temps de jeu et de montrer des progrès à son retour en NBA, dans un rôle de doublure de Jakob Poeltl, fraîchement arrivé en février. 

Son avenir : Christian Koloko demeure un projet sur le long terme pour les Raptors. Avec Poeltl qui devrait s’installer durablement en tant que titulaire au centre, le jeune pivot aura le temps de se développer en tant que remplaçant sur le poste. L’Autrichien qui a un profil similaire peut faire figure de mentor. Tout ce que l’on peut espérer c’est que Koloko, à terme, devienne un Poeltl avec un tir à 3-points. Il a démontré un potentiel à exploiter à ce niveau-là, qui pourrait lui permettre de s’installer durablement en NBA s’il parvient à la développer.