Bientôt un maire francophone pour Sudbury?

Élections municipales Sudbury 2022
Sept des huit candidats à la mairie du Grand Sudbury étaient réunis mercredi soir à une causerie organisée par un organisme du centre-ville. Crédit image : Inès Rebei

SUDBURY – Près d’une semaine après l’annonce-choc du retrait du maire Brian Bigger de la course municipale après deux mandats à la tête de la ville, l’interrogation demeure quant à l’identité du ou de la prochain(e) maire(sse). La probabilité d’avoir un ou une francophone élu le 24 octobre prochain à la tête de la plus grande ville du Nord est quant à elle de plus en plus élevée.

Le sujet de la francophonie a été relativement absent lors de la campagne municipale de Sudbury jusqu’à présent. Selon les données disponibles dans le dernier recensement de 2021, 22,5 % de la population ont le français comme première langue dans cette ville de 165 000 habitants.

Pourtant parmi les sept candidats en lice, trois sont aisément francophones : Paul Lefebvre, Evelyn Dutrisac et Miranda Rocca-Circelli, auxquels s’ajoutent Don Gravelle et Devin Labranche qui parlent un français fonctionnel.

S’il n’y a pas spécifiquement de mesures dédiées dans leur plateforme envers la communauté francophone, tous les candidats s’accordent à dire que les coupes survenues à la Laurentienne en avril 2021 ne doivent plus se reproduire et que la place du français, en recul à Sudbury comme ailleurs dans le Nord, doit être défendue.

« Ce qui s’est passé à la Laurentienne nous a fait reculer énormément. Il faut qu’on regarde à rebâtir les programmes francophones, car c’est un besoin essentiel », considère Paul Lefebvre.

Paul Lefebvre a fondé et été le président du Festival de Jazz de Sudbury. Crédit image : Inès Rebei

L’ex-député de fédéral de Sudbury de 2015 à 2021 et avocat fiscaliste ajoute que le fait que la ville soit bilingue est un avantage pour lequel il faut continuer de se battre en prenant soin d’embaucher davantage de personnel bilingue.

L’immigration francophone et le recrutement pour le postsecondaire fait aussi partie des pistes de solution qu’il invoque pour contribuer à l’essor de la communauté.

Evelyn Dutrisac, 74 ans, possède une expérience de 33 ans comme enseignante au secondaire en langue française à Sudbury. La doyenne des candidats et ancienne conseillère du secteur Donavan-Azilda considère également que le français doit être protégé dans la ville du nickel.

« C’est important d’encourager nos francophones à parler leur langue, exiger des manières de conserver la culture francophone aussi », confie Mme Dutrisac qui fait partie de nombreux comités francophones de la ville tels que le Club Richelieu ou le Club d’âge d’or d’Azilda.

La candidate Evelyn Dutrisac est la fille d’une mère anglophone et un père francophone. Crédit image : Inès Rebei

Celle qui est également vice-présidente de la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) pour le Moyen-Nord estime qu’une grande partie de la solution est que les francophones exigent et s’expriment d’abord en premier en français lors de l’accès à un service de la ville.

La candidate Miranda Rocca-Circelli, 41 ans, est entrepreneure et fille d’immigrés italiens. Elle a fréquenté une école francophone et a travaillé auprès du Centre de santé communautaire du Grand Sudbury pendant 7 ans.

Selon elle, l’accès aux services en français est plus qu’essentiel, il est vital. « Il faut désigner des personnes disponibles pour parler en français parce que si tu peux pas communiquer dans ta langue quand tu as un problème ou tu es en danger c’est vraiment difficile », lance-t-elle en référence aux services d’urgence comme la police ou les pompiers de la ville.

Miranda Rocca-Circelli a fondé et dirige un organisme à but non lucratif destiné à aider les jeunes en difficulté de Sudbury. Crédit image : Inès Rebei

Du haut de ses 29 ans, Devin Labranche est le cadet de la course. Ce grand voyageur et agent immobilier annonce, dans sa plateforme électorale, vouloir travailler avec les conseils scolaires, la communauté francophone et d’autres leaders pour « mettre en valeur la culture française, créer des événements et veiller à ce que cette culture avec laquelle la communauté a grandi ait une place forte dans l’avenir de Sudbury ».

Selon M. Labranche, il faut rendre le centre-ville plus attrayant pour la communauté immigrante afin de les rediriger vers Sudbury plutôt que d’autres grandes villes de l’Ontario.

Devin Labranche a voyagé dans 41 pays et visité des centaines de villes. Crédit image : Inès Rebei

« Avec un conseil municipal qui est favorable à la population francophone, on pourra faire beaucoup plus de choses pour retenir les francophones », déclare-t-il en entrevue.

Don Gravelle, 46 ans, a fait l’immersion francophone à l’école et travaille dans l’industrie de l’assurance.

« Je vais écouter et comprendre, je suis prêt à travailler avec n’importe qui pour aider », affirme-t-il en ajoutant que le bilinguisme est essentiel à Sudbury.

Don Gravelle a fait du bénévolat auprès des jeunes et dans son centre communautaire local. Crédit image : Inès Rebei