Bilan 2016 : une année mouvementée pour les langues officielles

Le parlement du Canada. Crédit photo: Benjamin Vachet

Tour d’horizon de l’actualité fédérale de l’année 2016 relative aux langues officielles.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

UN CHIFFRE

84 %

Le commissariat aux langues officielles du Canada a publié, le mercredi 31 août, un sondage sur l’appui des Canadiens au bilinguisme. Selon les résultats obtenus, 84% de la population canadienne serait en faveur du bilinguisme à travers le pays.

Une bonne nouvelle même si le taux de bilinguisme recule partout au pays, sauf chez les francophones en milieu minoritaire et au Québec, depuis 2001, comme le démontrait l’étude L’évolution du bilinguisme français-anglais au Canada de 1961 à 2011, publiée par Statistique Canada en début d’année.

UNE CITATION

« Ça va craquer »

Véritable saga du début d’année, l’avenir du Bureau de la traduction et la mise en place d’un outil de traduction automatique dans la fonction publique fait craindre le pire pour le respect de la dualité linguistique et des langues officielles au sein de l’appareil fédéral.

La suppression de 400 postes depuis quatre ans, à laquelle devraient s’ajouter de nouvelles compressions, à hauteur de 140 postes, d’ici 2017-2018, menace l’avenir de l’institution qui est notamment chargée de la traduction au sein de l’appareil fédéral.

Une situation jugée suffisamment critique pour que le comité permanent des langues officielles y consacre une étude. En avril, devant les députés membres du comité, les représentants de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) tirent la sonnette d’alarme : « On approche le point de rupture! Le maintien de la qualité du travail du Bureau de la traduction se fait au détriment de la santé de nos membres. Il y a beaucoup de stress, les délais sont trop serrés, ils sont poussés à bout. Cela va encore empirer avec les autres départs prévus. Ça va craquer! »

Mais après plusieurs séances de travail, le rapport du comité et ses recommandations n’obtiennent finalement que très peu d’écho de la part de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement Canada, Judy Foote, et du gouvernement.

UNE PERSONNALITÉ

Mauril Bélanger

Vétéran du Parti libéral du Canada (PLC), le député franco-ontarien, Mauril Bélanger, s’est éteint le lundi 15 août, à l’âge de 61 ans, laissant dans le deuil la famille politique canadienne et la francophonie ontarienne.

Réélu en octobre 2015 pour une huitième fois dans la circonscription d’Ottawa-Vanier, l’ancien ministre du gouvernement libéral de Paul Martin avait été diagnostiqué, un mois plus tard, de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie incurable connue sous le nom de maladie de Charcot.

Le 9 mars dernier, le natif de Mattawa, très affaibli, avait tout de même pu accomplir son rêve en devenant président honoraire de la Chambre des communes pour une journée, un mandat qu’il convoitait avant que la maladie ne l’empêche d’y prétendre.

Outre son engagement envers la dualité linguistique et l’unité du Canada, Mauril Bélanger a passé les derniers mois de sa vie politique à militer pour faire modifier la version anglaise de l’hymne national. Adopté à la Chambre des communes, son projet de loi est actuellement à l’étude devant le Sénat.

UNE DATE

16 octobre 2016

Dès le début de l’année, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, avait rappelé que son mandat arrivait à son terme le 16 octobre.

En poste depuis dix ans, l’ancien journaliste avait alerté à plusieurs reprises le gouvernement sur l’importance de lui trouver un successeur, plaidant même pour une entrée en poste plus précoce afin de pouvoir transférer ses dossiers à son successeur.

Son vœu n’a finalement pas été exaucé. À un mois de la fin de son mandat, M. Fraser a été prolongé jusqu’au 16 décembre, avant d’être finalement remplacé par un commissaire intérimaire.

UN LIEU

La Chambre haute

Les yeux des Franco-Ontariens étaient rivés sur les nominations du gouvernement de Justin Trudeau à la Chambre haute, alors que 22 sièges étaient vacants en début d’année.

Depuis le départ de Marie Charrette-Poulin, en avril 2015, l’Ontario français ne comptait plus aucun représentant au Sénat. La communauté franco-ontarienne a dû attendre l’assermentation de Lucie Moncion, le 16 novembre, pour finalement compter l’une des siennes au Sénat. Une déception toutefois pour l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) qui en espérait au moins deux.

Reconnu pour son rôle de représentation et de défense des minorités de langues officielles, le Sénat a toutefois accueilli deux autres nouveaux représentants des communautés francophones en situation minoritaire, soit la franco-manitobaine Raymonde Gagné, qui a remplacé Maria Chaput partie en mars, et l’Acadien du Nouveau-Brunswick, René Cormier. En revanche, les Acadiens de Nouvelle-Écosse n’ont vu aucune nomination compenser le départ du sénateur Gerald Comeau, qui a quitté ses fonctions en 2013.

En 2015, #ONfr avait livré une analyse semblable suivant les cinq critères retenus (personnalité, lieu, date, citation, chiffre) : http://onfr.tfo.org/bilan-2015-annee/