Ce dossier a été soulevé par l'IPFPC en comité parlementaire. Archives ONFR

OTTAWA – L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) estime que les formations linguistiques des fonctionnaires devraient revenir entre les mains de l’École de la fonction publique comme c’était le cas il y a dix ans.

À l’heure actuelle, la formation linguistique des employés fédéraux provient du privé par le truchement des institutions fédérales, ce qui créerait des inégalités au sein de la fonction publique canadienne. Des employés unilingues peuvent suivre des formations dans l’une des langues officielles dans le but d’obtenir un poste bilingue ou de remplir les conditions de celui-ci. Celles-ci sont assumées aux frais de chaque ministère, qui à la demande de l’employé, peut payer des cours au privé.

Or cette façon de procéder est inégale entre ministères, car certains sont plus enclins que d’autres à payer les coûts associés à une telle formation, selon le syndicat.

« On voit déjà que les départements qui ont moins de fonds : la première chose qu’ils font, c’est de couper dans la formation (linguistique) », a affirmé lundi en comité parlementaire la présidente de l’IPFPC, Jennifer Carr, qui représente 57 000 membres fédéraux.

De plus, les formations offertes aux privés sont parfois inefficaces pour apprendre le français, mais juste assez pour la note requise pour les tests de langues que passent les fonctionnaires, dénoncent certains. Comme il s’agit de contrats gré à gré, la compétition au sein du privé est forte pour mettre la main sur ceux-ci.

« On dépense beaucoup d’argent pour des services qu’on paie pour de la formation linguistique, mais on n’a pas de contrôle sur la qualité de cette formation, nous n’avons pas de moyens de mesurer cette formation à savoir si les gens apprennent la langue dont ils ont besoin. On a perdu tout moyen de mesurer l’efficacité », présente Mme Carr.

À l’heure actuelle, l’École de la fonction publique offre une quinzaine de cours en lien avec les langues officielles. Les cours en langue seconde ont comme principal but de « maintenir » les habiletés langagières.

« Si on doit être sérieux avec les langues officielles, on doit centraliser au Conseil du Trésor », réclame la présidente de l’IPFPC qui témoignait devant les députés dans le cadre d’une étude sur les obligations linguistiques des hauts fonctionnaires.

Le commissaire aux langues officielles est aussi d’avis d’avoir une plus grande centralisation des pouvoirs au Conseil du Trésor avec la nouvelle Loi sur les langues officielles, adoptée en juin dernier.

« Sur le plan de la gouvernance, il est extrêmement important, à mon avis, qu’il y ait un seul chef d’orchestre, et non plusieurs », tranchait-il dans le même comité parlementaire au début du mois.

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Gracieuseté.
Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Gracieuseté Commissariat aux langues officielles.

Exigences linguistiques

Dans un rapport spécial en 2020, Raymond Théberge avait décelé un problème systémique concernant certains postes et les exigences linguistiques. Il indiquait que plusieurs de ces postes étaient occupés par des personnes unilingues, car les exigences linguistiques n’avaient pas été appliquées comme il se doit.

L’une des problématiques pour le syndicat fédéral est que l’appareil n’alloue pas suffisamment de ressources pour l’apprentissage des langues et le fait que des ministères ignorent parfois le profil linguistique de leurs employés

« La position est bilingue, mais pas la personne. On a plusieurs personnes bilingues, mais qui sont dans des positions unilingues », estime Jennifer Carr.

Raymond Théberge avait justement indiqué lors de son témoignage qu’il serait important que le Conseil du Trésor se donne des outils pour mesurer l’utilisation des deux langues officielles en milieu de travail ajoutant qu’on nage dans le néant pour le moment.