Cap sur Temiskaming Shores, la perle du Nord-Est ontarien

[VIRÉES D’ÉTÉ]

TEMISKAMING SHORES – Située sur la rive ouest du lac Témiscamingue, la ville de Temiskaming Shores est le deuxième plus petit de l’Ontario, mais ne manque pas d’activités. Encore appelé « Les Trois-Villes », du fait de la fusion de Haileybury, New Liskeard et Dymond, le lieu jouit de la présence de nombreux touristes et Québécois qui traversent la proche frontière afin de profiter de ses attraits.

La présence française commence au Témiskaming dès les années 1670 avec l’établissement d’un poste de traite de fourrures à l’embouchure des rivières Montréal et Matabitchuan sur une île du lac Témiscamingue. Les francophones étaient alors venus de partout en Amérique pour s’installer en grande partie sur les terres agricoles très fertiles de la région.

La marina de New Liskeard possède une promenade agréable le long du lac Témiskaming. Gracieuseté Miller Realty Group Inc

Encore aujourd’hui, environ 66 % du territoire est utilisé pour la production agricole et la géologie souterraine a un potentiel d’extraction minière. Selon le dernier recensement de 2021, le village compte 28 % de personnes dont le français constitue la première langue officielle parlée.

Mademoiselle Claybelt est une réplique de la vache holstein utilisée dans la production laitière du Témiskaming. Elle salue les voyageurs de la route 11 depuis 1982. Crédit image : Inès Rebei

Parmi les nombreuses institutions francophones de la région, on compte notamment l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) Région Témiskaming, laquelle œuvre depuis 1972. Celle-ci a aidé à mettre sur pied le Centre culturel ARTEM, le Centre de santé communautaire du Témiskaming, le campus du Témiskaming du Collège Boréal et le Festival des folies franco-fun.

Nicole Guertin, l’ex-directrice générale de l’organisme Direction Ontario ayant participé, entre autres, à la création du Groupe des infirmières et infirmiers francophones de l’Ontario était une figure emblématique de la ville jusqu’à son décès en 2021. Un parc au sud de Haileybury a été érigé en hommage à celle qui était également une entrepreneure de renom du Nord.

Fusion de trois villes

Temiskaming Shores n’existe que depuis 2004, moment où les trois communes qui la composent ont fusionné. New Liskeard, Haileybury et le canton de Dymond forment ensemble la population de près de 9 600 résidents de Temiskaming Shores. Fait intéressant, cette collectivité est la septième plus petite de l’Ontario à offrir un réseau de transport en commun.

Avec près de 4 000 habitants, Dymond demeure la moins peuplée avec une population d’environ 2000 âmes, tandis qu’Haileybury, avec 3 000 habitants, est proclamée le siège du district en 1912. L’avènement du chemin de fer, la découverte de l’argent en 1903 et l’établissement du camp minier de Cobalt, avaient permis à Haileybury de connaître une véritable explosion démographique.

Pour aller plus loin Le village d’Haileybury a été fondée par Charles Cobbold Farr vers 1889, nommée ainsi d’après le Haileybury and Imperial Service College, son ancienne école en Angleterre. Haileybury a été officiellement incorporée en 1904. L’homme d’affaires avait encouragé la colonisation dans la région en rédigeant sa propre brochure promotionnelle intitulée The Lake Temiskamingue District afin d’attirer de nouveaux colons dans la région. Une île privée aux abord de la ville porte d’ailleurs son nom.

Avec le plus grand centre commercial de la région, The Temiskaming Square, et la présence d’un Wal-Mart à Dymond, le village attire chaque année des Québécois des villes avoisinantes, lesquels n’ont pas ces options de l’autre côté de la frontière. Des commerces locaux profitent notamment des résidents de la ville québécoise la plus proche, Notre-Dame-du-Nord – située à une trentaine de kilomètres – qui constituent une partie non négligeable de leur clientèle.

La marina de Haileybury a 176 emplacements de bateaux. Crédit image : Inès Rebei

Le grand feu de 1922

Le 4 octobre 1922, ce qui est reconnu comme étant l’une des dix pires catastrophes de l’histoire du Canada a balayé le district de Temiskaming. Une série de feux de broussailles déclenchés par des colons au nord est rapidement devenue incontrôlable.

Un feu couvrant 648 kilomètres carrés, s’est abattu sur Haileybury. Seules les maisons seigneuriales le long du Millionnaires Row (Chemin des millionnaires) ont été épargnées, ce qui fait encore dire aux habitants aujourd’hui que les plus riches ont été épargnés par Dame Nature.

Le Grand feu de 1922 a décimé Haileybury en seulement six heures. Gracieuseté du Musée de l’héritage de Haileybury

Ce furent à l’époque les gestionnaires et propriétaires de mines de Cobalt qui habitaient sur ce front de mer, actuel chemin Lakeshore, dont les habitations sont en grande partie encore debout.

Avec 90 % de sa surface détruite, Haileybury est la ville qui avait le plus souffert de la catastrophe. À la suite du feu, 3 500 personnes se sont retrouvées sans abri, tandis qu’on déplorait 11 morts et 2 000 000 de dollars de dommages matériels. Ironiquement, le lendemain de l’incendie, de la neige est tombée sur la région. 

L’incontournable Foire d’automne

Impossible de parler de Temiskaming Shores sans mentionner un de ses événements phares. La Foire d’automne fait la fierté de la région depuis 1904 et a évolué depuis ses débuts.

Chaque année, la troisième fin de semaine de septembre, 15 000 exposants, bénévoles, candidates locales pour le concours de beauté, opérateurs de carnaval, vendeurs de nourriture, artistes, visiteurs se rassemblent pour une fin de semaine de célébration de la culture agricole du coin.

La parade de la Foire d’automne attire de plus en plus de curieux au centre-ville de New Liskeard. Gracieuseté de la Foire d’automne

À ses débuts, on pouvait d’abord voir des expositions sur le bétail, déguster des fruits et légumes, des céréales, admirer les œuvres en lien avec l’artisanat et l’art local.

D’autres éléments s’y sont ajoutés au fil du temps, tels qu’un concours de la reine des moissons, des spectacles de talent, un défilé d’écoliers et un défilé le samedi après-midi à travers la ville, sans parler des populaires tirages de chevaux de trait se disputant les bateaux de pierre les plus lourds.

Pour aller plus loin C’est à Haileybury que se trouve aussi la plus grande maison du Canada. Construite en 2002 pour un budget de 82 millions de dollars, celle-ci n’a jamais été terminée. Elle est même vide depuis une dizaine d’années et il manquerait la bagatelle de 25 millions de dollars pour la finir. Des acheteurs du Texas viennent d’en faire l’acquisition et comptent l’utiliser pour une émission de téléréalité.

La plus grande maison du Canada, construite par Peter Grant. Crédit image : Inès Rebei

La légende du Rocher du diable

Au-delà de ses nombreux attraits touristiques, Temiskaming Shores est aussi le cadre idéal pour tout artiste en quête d’inspiration avec ses paysages bucoliques et la vue sur le majestueux lac Temiskaming depuis Hayleybury ou New Liskeard. L’auteur originaire de Haileybury, Leslie McFarlane, mieux connu sous le nom de F.W Dixon, en est un exemple frappant.

Leslie McFarlane n’est pas né dans la ville mais y a grandi et la considérait comme son chez soi jusqu’à sa mort en 1977. Crédit image : Inès Rebei

Reconnu pour être l’un des écrivains canadiens les plus célèbres, ce dernier a utilisé la falaise haute de 150 mètres, communément appelée Rocher du diable, comme lieu emblématique de son ouvrage La maison sur la falaise, tiré de la série de livres des Hardy Boys.

Si l’on s’y aventure en bateau, il est d’ailleurs encore possible d’explorer, en bas de la falaise, les tunnels miniers creusés pendant la fameuse ruée vers l’argent du cobalt du début du 20e siècle. La rumeur veut aussi que le sasquatch, une créature issue des croyances autochtones, y ait été aperçu.

Le rocher du diable est une falaise formée il y a plus de 2 millions d’années. Crédit image : Inès Rebei

Tout au long des mois de juillet et août, Virées d’été vous emmène dans des villages et recoins inattendus de la francophonie ontarienne. Une série à découvrir sur notre site web et nos réseaux sociaux.