Casselman concernée par les fusions municipales à venir en Ontario?

L'entrée du village de Casselman, dans l'Est ontarien. Crédit image: Benjamin Vachet

TORONTO – En même temps qu’il annonçait son intention de réduire la taille du conseil municipal de Toronto, le gouvernement progressiste-conservateur a laissé entendre qu’il poursuivrait sa réflexion à travers la province pour « améliorer les administrations locales ». Une intention qui pourrait se traduire par de nouvelles fusions municipales, estime la politologue Caroline Andrew, et celles-ci pourraient notamment concerner le Village de Casselman, dans l’Est ontarien.

SÉBASTIEN PIERROZ
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BENJAMIN VACHET
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Le premier ministre Doug Ford suivra-t-il les traces de l’ancien premier ministre Mike Harris? C’est en tout cas une possibilité, selon la spécialiste en politique municipale de l’Université d’Ottawa, Caroline Andrew.

« C’est sans doute possible que le nouveau gouvernement évalue une telle possibilité. Certaines fusions ont bien fonctionné, mais il faut se laisser de la flexibilité et étudier au cas par cas, notamment dans le Nord de la province, car pour certaines municipalités fusionnées, ça a créé des entités ingouvernables avec de nombreuses chicanes. »

Le gouvernement Ford a récemment indiqué qu’il procéderait à un examen de la gouvernance régionale en Ontario qui comprendra des consultations avec les municipalités dès la prochaine conférence de l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), du 19 au 22 août, à Ottawa.

Des économies contestables, selon une étude

« C’est toujours tentant de créer de plus grandes municipalités, surtout pour un gouvernement qui dit vouloir faire des économies », explique Mme Andrew.

À l’époque du gouvernement Harris, le nombre de municipalités avait été réduit de 850 à 445 entités, réduisant le nombre d’élus de 23 %. Mais selon une étude sur les regroupements municipaux, parue en 2014, cette décision n’avait pas permis de faire des économies d’échelle.

L’exemple de Casselman

Dans l’Est ontarien, l’idée d’une fusion entre les municipalités de La Nation et le Village de Casselman a souvent été évoquée, le village de 4 000 résidents étant enclavé dans les 658 km² de l’immense territoire de La Nation.

En 1997, des négociations avaient débuté pour un regroupement entre La Nation, Casselman, Plantagenet Sud et St-Isidore, notamment. Mais finalement, Casselman avait décidé de rester indépendante. Ces grandes manœuvres avaient toutefois débouché sur la création de la municipalité de La Nation l’année suivante, regroupant les municipalités de Calédonia, du canton de Cambridge, du canton de Plantagenet Sud et du village de St-Isidore.

La fusion, l’ancien maire de Casselman de 2010 à 2014, Claude Levac l’appelle aujourd’hui de ses vœux. Alors qu’il était encore candidat au poste de maire pour les élections du 22 octobre [M. Levac a depuis retiré sa candidature et Daniel Lafleur a été élu par acclamation], il avait confié à #ONfr sa volonté de relancer le projet.

« C’est une idée qui commençait à germer lorsque j’étais maire. Durant ces quatre ans, j’ai compris que les avantages pouvaient être importants », expliquait-il. « Quand on examine la carte, Casselman fait partie de cette région-là. Il faut savoir que les emprunts, les octrois, et les possibilités sont beaucoup moins importantes quand on a une petite municipalité. »

La Nation ouverte, Casselman réservée

Interrogé par #ONfr, l’actuel maire de La Nation, François St. Amour, ne ferme en tout cas pas la porte à cette possibilité.

« Si ça devient une issue, on va en parler et l’examiner. Les deux municipalités pourraient d’un côté être gagnantes avec l’idée de fusion, que ce soit dans le partage du personnel, mais aussi des infrastructures pour les eaux et les égouts… Mais cela pose aussi la question de la représentation municipale. J’ai entendu dire qu’en 1997, Casselman voulait, par exemple, avoir une forte représentation. »

Le maire de La Nation, François St-Amour, en entrevue avec Sébastien Pierroz. Archives #ONfr

Élu par acclamation à Casselman, le nouveau maire Daniel Lafleur se montre réservé.

« À l’heure actuelle, je ne vois pas la fusion. On travaille déjà conjointement avec La Nation, on s’entraide pour sauver des sous et nous allons continuer de le faire. »

Si le gouvernement provincial envisageait un jour cette possibilité, il se dit toutefois prêt à l’étudier sous certaines conditions.

« C’est une décision qui ne se prend pas à la légère et il faudrait qu’on étudie bien ce que cela implique, puis que la population soit consultée, car ne n’est pas aux élus de prendre une telle décision. »


POUR EN SAVOIR PLUS :

L’ACFO-Toronto préoccupée par une réduction du conseil municipal