
Ces papes dans la toponymie scolaire franco-ontarienne

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.
[CHRONIQUE]
Avec ses huit conseils scolaires, les écoles catholiques sont les plus nombreuses des écoles de langue française en Ontario. Alors qu’un nouveau pape a été élu jeudi dernier, tour d’horizon des souverains pontifes qui ont été immortalisés dans la toponymie des écoles franco-ontariennes.
Pape-François
Une école du Grand Toronto du Conseil scolaire Viamonde, ouverte en 2015, a été nommée Pape-François en 2016.
Jorge Mario Bergoglio, né en 1936 à Buenos Aires, devient le 266e pape en 2013. Premier pape originaire des Amériques, premier pape non européen depuis plus de 1000 ans, premier pape jésuite, il est aussi le premier pape à prendre le nom de François (en référence à Saint François d’Assise).
Issu d’une famille italienne, il étudie la chimie avant d’entrer chez les jésuites en 1958. Ordonné prêtre en 1969, il devient archevêque de Buenos Aires en 1998, puis cardinal en 2001. Son pontificat se caractérise par une grande humilité, un rejet du luxe et une attention aux questions sociales : pauvreté, migration, écologie…

Puisque François entreprend des réformes internes et adopte une approche plus accueillante sur des sujets délicats (divorcés remariés, homosexualité, rôle des femmes), il est perçu comme un pape progressiste, bien que la doctrine officielle de l’Église reste inchangée.
Populaire, il est sacré personnalité de l’année du magazine Time en 2013 et est aussi le pape qui a inspiré le plus de films et documentaires.
En 2022, il visite le Canada pour présenter des excuses aux peuples autochtones au sujet des pensionnats. Il meurt le lundi de Pâques, le 21 avril 2025, provoquant une vive émotion internationale. Il reste une figure marquante du catholicisme moderne, incarnant un tournant pastoral centré sur la justice sociale.
Saint-Jean-Paul-II
Trois écoles de langue française portent son nom : depuis 2006 à Stittsville (près d’Ottawa), à Whitby (près de Toronto) et depuis 2007 à Val-Caron (près de Sudbury).
Né Karol Wojtyła en 1920 en Pologne, Jean-Paul II est élu pape en 1978. Premier pape non italien depuis plus de 450 ans, il dirige l’Église pendant près de 26 ans et demi.
Il devient une figure mondiale influente, marquant l’histoire par ses nombreux voyages (plus de 100 pays visités), son engagement auprès des jeunes et sa lutte contre le communisme. Jean-Paul II se distingue par son charisme et la longévité de son règne.
Orphelin jeune, il étudie la littérature et entre au séminaire clandestin durant la Seconde Guerre mondiale. Ordonné prêtre en 1946, évêque en 1958, puis archevêque de Cracovie en 1964, il devient cardinal en 1967.
En 1981, il survit à un attentat à Rome, renforçant son image de pape courageux. Il est le premier pape à visiter le Canada. Son vaste voyage du 9 au 20 septembre 1984 marque les esprits et attire les foules.
Il visite 12 villes, de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique, parcourant 15 000 kilomètres, lors de ce qui constitue son plus long voyage hors d’Italie.

À Ottawa, il navigue sur le canal Rideau à bord d’un bateau-mouche. Près de 100 000 personnes l’accueillent. Il prononce aussi une messe en plein air sur les plaines LeBreton, à laquelle assistent 250 000 personnes. Son passage à Ottawa est organisé par l’entrepreneur franco-ontarien Rhéal Leroux.
Au cours de ce voyage, il passe aussi par les villes ontariennes de Midland et Toronto.
Il revient au Canada visiter les Territoires du Nord-Ouest en 1987, et en 2002 pour les Journées mondiales de la jeunesse à Toronto.
Il maintient une ligne doctrinale conservatrice sur les questions de l’Église. Il meurt en 2005. Béatifié en 2011 et canonisé en 2014 par le pape François, il reste l’un des papes les plus aimés du 20e siècle.
Paul-VI
Une école élémentaire francophone à Hawkesbury porte le nom de Paul-VI depuis 1967.
Né Giovanni Battista Montini le 26 septembre 1897 à Concesio, en Italie, Paul VI est le 262e pape de l’Église catholique. Issu d’une famille bourgeoise et engagée politiquement, il est ordonné prêtre en 1920. Élu le 21 juin 1963, succédant à Jean XXIII, son pontificat se poursuit jusqu’à sa mort le 6 août 1978.
Proche du pape Pie XII, il travaille longtemps à la Secrétairerie d’État, avant de devenir archevêque de Milan en 1954. Il est créé cardinal en 1958. Après le décès de Jean XXIII, il reprend et conclut le concile Vatican II.
Pape de la mise en œuvre du concile, Paul VI réforme la liturgie, favorise le dialogue œcuménique et interreligieux, et encourage la collégialité entre évêques. Premier pape à voyager hors d’Europe, il inaugure la diplomatie papale moderne en visitant les cinq continents.
Homme réservé, intellectuel et spirituel, Paul VI est béatifié en 2014 et canonisé en 2018.
Jean-XXIII
Deux écoles disparues ont porté le nom de Jean-XXIII, l’une à Ottawa (vers 1963–1984) et l’autre à Cornwall (1967–2009).
Angelo Roncalli, né en 1881 en Italie, est élu pape en 1958. Son pontificat court, mais marquant, instaure une nouvelle ère dans l’histoire de l’Église, avec la convocation du concile Vatican II en 1962.

Proche des fidèles et humble, il est surnommé le « bon pape Jean ». Il meurt en 1963, puis est canonisé en 2014.
L’école d’Ottawa ferme en 1984 en raison de la baisse des inscriptions. Le bâtiment est démoli au tournant du 21e siècle et aucune trace n’en subsiste aujourd’hui. L’école intermédiaire à Cornwall a quant à elle été fusionnée en 2009 à l’École secondaire catholique La Citadelle.
St-Pie-X
Une école catholique francophone d’Ottawa, dans la Côte-de-Sable, a porté le nom de St-Pie-X entre 1958 et 1999.
Né Giuseppe Sarto en 1835, Pie X est élu en 1903. Issu d’un milieu modeste, il réforme la liturgie, le droit canon et la formation des prêtres. Il promeut la communion fréquente et abaisse l’âge de la première communion. Il est pape jusqu’à son décès en 1914.
Une paroisse francophone d’Ottawa prend le nom de St-Pie X en 1954, année de sa canonisation. L’école, ouverte en 1958, a repris le même nom que la paroisse. Elle a fermé ses portes en 1999 en raison du déclin démographique dans le centre-ville.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.