Chefferie du Parti PC : les candidats croisent le fer à Ottawa
OTTAWA – Il n’y aura pas eu de réel vainqueur ni perdant à l’issue du débat pour la chefferie du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (Parti PC), mercredi 28 février. Les 90 minutes d’échanges entre les quatre candidats ont d’abord été une question de style, plus que de fond.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Dans un exercice longtemps terne, c’est le candidat Doug Ford qui a tiré le premier. À mi-débat, il a accusé de versatilité Christine Elliott, provoquant les premiers applaudissements et huées des différents partisans réunis dans le Centre Shaw.
« Les gens veulent savoir quelle Christine ils vont avoir », a fait valoir l’ancien conseiller municipal à la Ville de Toronto, détaillant les positions, selon lui changeantes, de sa rivale concernant la taxe sur le carbone, le curriculum d’éducation sexuelle dans les écoles, et son rôle d’ombudsman des patients pour le gouvernement libéral.
« Je n’ai rien pour lequel je dois m’excuser auprès de vous », a décoché Mme Elliott, qui a passé l’heure et demi de débat à mettre en valeur son expérience, rappelant qu’elle fut la seule à avoir déjà siégé sur les bancs de Queen’s Park.
Second grand moment du débat : l’échange musclé entre Doug Ford et Caroline Mulroney dans les ultimes instants. Longtemps modérée et proche de ses notes, l’avocate a raillé M. Ford pour n’avoir pas dénoncé les nominations de candidats sur lesquelles il s’attardait. Autant de nominations irrégulières qui se seraient produites sous le joug de l’ancien chef, Patrick Brown.
« Je trouve assez étonnant de dire ça de quelqu’un qui a été parachuté », a répliqué M. Ford, suggérant de revoir la nomination de Mme Mulroney dans York-Simcoe.
Coloré comme à son habitude, Doug Ford n’a pas été pourtant le plus âpre des quatre aspirants. Tanya Granic Allen a longtemps été celle qui a parlé le plus fort dans la soirée. Dénonçant à tire-larigot la corruption, contre-interrogeant les candidats au risque de subir les rappels à l’ordre de la modératrice Althia Raj, la présidente du groupe de parents conservateurs Parents as First Educators (PAFE) n’a épargné personne.
Environnement et lutte contre le déficit
Reste qu’outre ces saillies, ce deuxième débat des candidats à la chefferie du parti n’aura pas révélé les lignes de fractures entre les différentes plateformes. Sur la lutte contre le déficit provincial, les quatre candidats s’en sont donné à cœur joie contre le bilan libéral. « Vous pouvez éternuer et trouver des milliards de dollars de gaspillage dans le gouvernement », a illustré M. Ford, Mme Mulroney dénonçant plus sobrement « la culture du gaspillage » de l’équipe de Kathleen Wynne.
Il apparaît de plus en plus certain que le successeur de Patrick Brown se fera beaucoup moins progressiste sur les questions environnementales. « Je vais prendre les éoliennes, et les arracher du sol », a martelé Mme Granic Allen, bouillante. Sa proposition de « déchirer les contrats » déjà en place avec ces entreprises lui a valu la mise en garde Mme Elliott. Cette dernière a tout de même réitéré son intention de revenir sur la loi de 2009 sur l’énergie verte.
La francophonie absente
Des différents acteurs du débat, la palme du français est finalement revenue à… la modératrice. En présentant, puis concluant le débat, dans les deux langues officielles, Athia Raj a utilisé la langue de Molière plus que les quatre aspirants réunis.
Quelques mots de Christine Elliott en tout début, puis cinq secondes en français de la part de Caroline Mulroney dans sa conclusion, et ce fut tout. L’avocate a malgré tout été la seule à prononcer le terme « franco-ontarien » (avec, semble-t-il, difficulté) au cours du débat. Le temps de demander une meilleure répartition des ressources en faveur des conseils scolaires francophones.
Les militants commenceront à voter ce vendredi pour l’un des quatre candidats, et ce jusqu’au 8 mars. Le vainqueur sera connu deux jours après.