Cinq ministres francophones hors Québec dans le nouveau cabinet de Trudeau

Les cinq ministres Boissonnault, Vandal, Fortier, Petitpas Taylor et LeBlanc. Montage ONFR+

OTTAWA – Mona Fortier, Ginette Petitpas Taylor, Dan Vandal, Dominic LeBlanc et Randy Boissonnault sont les visages francophones hors Québec qui composent désormais le nouveau cabinet du premier ministre. Du Conseil du Trésor, passant les langues officielles ou encore le ministère des Affaires intergouvernementales, ces ministres auront la responsabilité d’assurer l’exécution du plan libéral durant leur mandat. Mais, est-ce que leur nomination permettra de mettre au-devant de la scène les enjeux francophones hors Québec?

Justin Trudeau a annoncé, ce mardi, la composition de son cabinet ministériel. Des 38 ministres présentés, cinq visages clés de la francophonie hors Québec appuieront le premier ministre au cours de son troisième mandat.

Mona Fortier a été nommée présidente du Conseil du Trésor. Comme dans le précédent gouvernement, la députée d’Ottawa-Vanier est l’unique Franco-Ontarienne à siéger dans un fauteuil ministériel. Le Franco-Manitobain Dan Randal a été nommé, quant à lui, ministre des Affaires du Nord, ministre responsable de Développement économique Canada pour les Prairies et ministre responsable de l’Agence canadienne de développement économique du Nord.

Deux Acadiens complètent le tableau. Dominic LeBlanc conserve le portefeuille des Affaires intergouvernementales, de l’Infrastructure et des Collectivités. Aussi, Ginette Petitpas Taylor succède à Mélanie Joly au ministère des Langues officielles et devient en outre ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique.

Enfin, le Franco-Albertain Randy Boissonnault hérite du portefeuille du Tourisme et sera ministre associé des Finances.

Dominic LeBlanc et Ginette Petitpas Taylor, respectivement ministres des Affaires intergouvernementales et des Langues officielles. »Source : Twitter Ginette Petitpas Taylor

« Les Canadiens ont besoin d’un cabinet fort et diversifié qui donne suite à leurs priorités et fait avancer le Canada pour le bien de tous. Cette équipe terminera la lutte contre la COVID-19, mettra en place des services de garde à 10 $ par jour, aidera les Canadiens à accéder à la propriété, s’attaquera à la crise climatique et continuera de faire avancer la réconciliation avec les peuples autochtones », a affirmé le premier ministre Justin Trudeau.

Pour Geneviève Tellier, professeur titulaire à la faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa, ce nouveau cabinet montre l’engagement du gouvernement dans la concrétisation des priorités évoquées durant la campagne électorale.

« Je pense que tous les ministres sauf deux ou trois sont de retour au cabinet. M. Trudeau a décidé de garder son monde près de lui comme à son habitude. C’est un gouvernement dans la continuité car, même s’il est minoritaire, il ne s’est pas recentré. C’est un gouvernement de gauche et cela s’est remarqué dans les choix qui ont été faits », ajoute-t-elle.

Mona Fortier à la présidence du Conseil du Trésor

La ministre franco-ontarienne Mona Fortier demeure dans le gouvernement. Ex-ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances, elle succède à Jean-Yves Duclos à la tête du Conseil du Trésor. Elle est la seule ottavienne dans le nouveau cabinet.

« C’est une très grosse promotion pour Mme Fortier. Elle était ministre des finances associée et donc on avait tendance à croire qu’elle relayait juste l’information. Maintenant, elle a son propre ministère et elle est responsable de gros dossiers comme la vaccination ou encore l’avenir du télétravail », explique Mme Tellier.

Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor. Archives ONFR+

D’après elle, même si la nomination de Mme Fortier est une avancée louable dans le cabinet, elle n’est pas assez suffisante pour contrebalancer le manque de députés francophones ontariens au sein du conseil.

« Je suis un peu déçue, car si on regarde la francophonie ontarienne, à part Mona Fortier, il n’y a personne. On aurait pu trouver des représentants de Sudbury ou même dans les régions au lieu d’avoir un cabinet très Toronto-centrique. Je me demande jusqu’à quel point on aura une voix des régions au sein du conseil des ministres », s’interroge Geneviève Tellier.

Deux Acadiens, Ginette Petitpas Taylor et Dominic LeBlanc viennent aussi renforcer ce gouvernement minoritaire.

Selon Roger Ouellette, professeur à la faculté des arts et des sciences sociales de l’Université de Moncton, ces nouvelles nominations montrent l’importance de l’Acadie et plus particulièrement du Nouveau-Brunswick dans la politique fédérale.

Randy Boissonnault, ministre du Tourisme. Source Twitter Randy Boissonnault

« Il y a 156 députés et c’est dans ce bassin-là que l’on va chercher les ministres autour de la table. C’est normal généralement qu’une province comme l’Ontario ou le Québec ait plus d’acteurs francophones au sein du gouvernement. La situation actuelle est très rare, mais c’est surtout une belle reconnaissance », déclare-t-il. Pour lui, la nomination de Ginette Petitpas Taylor au ministère des Langues officielles est un moyen de créer un lien visible entre le fédéral et la communauté acadienne.

« Mme Petitpas Taylor avait été ministre de la Santé avant d’être retirée du cabinet. Elle a été bien sage et a fait son travail en tant que députée sans se plaindre et elle vient d’être récompensée. La question des langues officielles a été mise de côté en raison de la dissolution du parlement, mais elle va revenir. On attend de voir ce que la nouvelle ministre va faire pour poursuivre les avancées de ce dossier », conclut Roger Ouellette.