Municipales : une course peu ordinaire à Cornwall
CORNWALL – Depuis le départ de l’ancienne mairesse Bernadette Clement en 2021, c’est le maire actuel Glen Grant qui occupe le siège et qui tente de briguer un nouveau mandat. Face à lui, le conseiller Justin Towndale, le Franco-Ontarien James Leroux et Jordan Poapst, une personnalité atypique. Dans cette course quelque peu inhabituelle, les plans pour la francophonie demeurent très silencieux.
James Leroux est le seul candidat ayant accepté notre demande d’entrevue. Né à Cornwall, l’aspirant aurait grandi en français. Il déclare même être le seul à parler la langue de molière. « Je suis Franco-Ontarien, mon père aussi. »
Cornwall compte environ 20 % de francophones. Avec ces six écoles de langue française et ses nombreuses institutions où le français est roi, la ville de l’Est se place en cinquième position des municipalités francophones en Ontario, après Ottawa, Toronto, le Grand Sudbury, et Timmins. D’ailleurs, en 2019, la ville souhaitait être considérée pour accueillir l’Université de l’Ontario français (UOF).
Actuellement, au sein du conseil municipal, une bonne partie des conseillers parlent français et sur la liste de 27 candidats, plus de 10 personnes sont francophones.
Pourtant, il est difficile de savoir ce que les prétendants offriront à la communauté.
Pour James Leroux, il y a toujours des choses à améliorer pour promouvoir l’usage du français. Travailler avec les écoles francophones en est une, et continuer à communiquer dans les deux langues aussi. « Pouvoir parler avec la communauté francophone à Cornwall est un atout et le maire actuel, M. Grant, n’a pas d’intérêt pour les francophones. »
Il est vrai que depuis Bernadette Clement, c’est un maire unilingue en position. « Il y a un monument de la francophonie à Cornwall et depuis trois ans, aucun nom n’a été ajouté », critique M. Leroux.
Ce monument est dédié à tous les Canadiens français qui ont contribué à la transformation culturelle, économique et sociale de Cornwall et de l’Ontario français. Le dernier nom apposé au monument est celui de Georgette Sauvé en 2019.
« Les francophones veulent les mêmes accès aux services de la ville, comme tout le monde. C’est dommage, mais notre force policière, par exemple, n’est pas obligée de parler français. » S’il est élu, James Leroux s’engage à écouter toutes les recommandations de la communauté.
Des plans un peu faibles pour la communauté francophone de Cornwall. Justin Poapst ne parle pas des francophones dans ses vidéos promotionnelles et le conseiller Justin Towndale ne propose aucun onglet francophonie sur sa plateforme non plus.
Une ville en chantier
Dans cette course à la mairie, de nombreux enjeux sont communs aux candidats. Bien évidemment, la crise du logement est un grand classique de nos municipalités. Mais la situation des personnes itinérantes, notamment près du Waterfront Trail, est considérée comme une crise majeure et sans précédent au sein de la ville. C’est une inquiétude qu’ont partagé tous les candidats au cours du débat des maires du 5 octobre dernier.
Pour James Leroux, « les gens à Cornwall ont besoin de maison, c’est urgent. Depuis huit ans, j’offre 40 chambres réparties dans des quadruplex à travers Cornwall, ces logements sont destinés aux personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir un appartement ».
Pour lui, la direction de la Ville n’est pas disposée à délivrer des permis de construire et c’est une des raisons qui le pousse à être candidat. « Nous avons des emplois de libres et pour les combler il nous faut des gens, mais nous ne pouvons accueillir personne, puisqu’il n’y a pas de logement. »
Des candidats atypiques
Candidat à sa succession, le maire sortant Glen Grant fait l’objet d’une investigation pour violation du code de la municipalité et pour mauvaise conduite suite à l’envoi d’un courriel concernant sa candidature. L’enquête pour violation de la Loi sur les élections municipales n’a toutefois pas affecté sa candidature. La Ville de Cornwall a mis en place des directives pour les candidats et le maire aurait fait mauvais usage de ses ressources, comme l’explique le quotidien Cornwall Standard-Freeholder.
Le conseiller Justin Towndale aurait également violé le code de conduite de la municipalité en attaquant, sur les médias sociaux, l’ancien chef des pompiers, Pierre Voisine, suite à son départ de Cornwall pour Clarence-Rockland. À ce jour, il a seulement été réprimandé par le commissaire à l’intégration.
Justin Tonwdale est le seul des candidats à avoir élaboré une plateforme dans les deux langues officielles.
Quant à Jordan Poapst, c’est sous le pseudonyme de Mc Frosty que ce dernier fait campagne depuis sa chaîne YouTube. Cet habitant de Cornwall se présente très différemment des candidats classiques à une élection.
« J’espère avoir ma chance et je connais les habitants, j’ai mon entreprise depuis 25 ans », indique James Leroux. « Quand je vois qui j’ai en face, je me dis que tout est possible, non? »
Les 40 000 habitants de Cornwall éliront leur prochain maire le 24 octobre.