Course à la mairie de Toronto : rien n’est joué à 15 jours du scrutin

Ana Bailão, Olivia Chow et Mark Saunders Élections Toronto
Les candidats Ana Bailao, Olivia Chow et Mark Saunders ont eu un week-end très occupé. Source: comptes Twitter des candidats

TORONTO – Si Olivia Chow se maintient toujours en tête des intentions de vote, le plus récent sondage indique une érosion de ses soutiens, au profit d’Ana Bailão. Mark Saunders reste en embuscade, avant un nouveau débat aujourd’hui.

J-15. Alors que le vote par anticipation suit son cours, les candidats multiplient les apparitions sur les plateaux de télévision et les bains de foule dans les quartiers de la Ville Reine. L’ex-députée fédérale néo-démocrate Olivia Chow s’affichait samedi à la Do West Fest dans le quartier Little Portugal, de même que sa poursuivante, l’ancienne conseillère municipale Ana Bailão.

Un sondage Mainstreet Research créditait vendredi les deux femmes de respectivement 29 % et 20 % d’opinion favorable. Mme Chow conserve une bonne longueur d’avance confirmée par d’autres instituts de sondage, mais Mme Bailão est en nette progression, tandis que l’ex-chef de la police Mark Saunders et le conseiller municipal de Toronto-St. Paul Josh Matlow ne fédèreraient que 13 % et 11 % des électeurs.

Si les élections devaient avoir lieu maintenant, Mitzie Hunter, qui a quitté son poste de députée provinciale pour se lancer dans la course à la mairie, n’irait pas au-delà des 9 % d’intention de vote. L’ancien journaliste Anthony Furey ferait un score identique.

La semaine précédente, le trio de tête était crédité de 32 %, 16 % et 12 % selon les données de l’institut Mainstreet Research.

Réponses à la question : Si les élections devaient avoir lieu aujourd’hui, pour quel candidat voteriez-vous? (électeurs décidés). Source : Mainstreet Research

Une nouvelle confrontation sur le logement

Retransmis sur CBC, un débat portait ce lundi sur un des thèmes fondamentaux de la campagne à la mairie de Toronto : le logement. Si tous les candidats semblent s’entendre sur l’urgence de construire plus de logements abordables, leurs priorités et angles d’attaque varient.

Ana Bailão, qui critique vivement le biais « anti-privé » de la candidate Olivia Chow, considère qu’il est indispensable de travailler avec le secteur privé et d’impliquer les trois niveaux de gouvernements à la table pour régler la crise du logement ensemble. Elle mentionne vouloir s’attaquer aux expulsions abusives et « remettre en place des régulations que Doug Ford a supprimées ».

« Quelqu’un qui investit 10 millions de dollars dans sa maison peut se permettre de payer plus de taxes » – Olivia Chow

Olivia Chow, pour qui le secteur privé n’est pas la solution, considère qu’une augmentation des taxes permettra d’investir de façon pérenne dans le logement abordable et de répondre à la situation d’itinérance : « Quelqu’un qui investit 10 millions de dollars dans sa maison peut se permettre de payer plus de taxes ». Elle soutient vouloir que les résidents de Toronto puissent y rester, vouloir que les projets immobiliers soient validés plus rapidement à la mairie et renforcer la protection des locataires.

Une approche critiquée par plusieurs candidats dont Josh Matlow qui considère qu’une hausse des salaires est la solution, bien qu’il partage son opinion sur le fait que la ville ne doit pas compter que sur le secteur privé pour la construction. Il propose le contrôle des loyers sur les terrains municipaux et plus de régulations contre les propriétaires frauduleux avec l’aide du gouvernement ou avec celle d’« un nouveau gouvernement à Queen’s Park ».

« J’ai grandi à Scarborough et je comprends ce que ça fait d’être à l’extérieur » – Mitzie Hunter

Pour Mark Saunders, offrir un vrai leadership à la mairie de Toronto est la priorité pour construire massivement et rapidement en éliminant toute bureaucratie qui retarde ce processus. L’approvisionnement est selon lui l’enjeu fondamental et affirme la nécessité de créer le bon environnement pour cette expansion et la création de logements abordables.

Mitzie Hunter a elle revendiqué la nécessité du retour du contrôle des loyers pour arrêter l’hémorragie à Toronto : « J’ai grandi à Scarborough et je comprends ce que ça fait d’être à l’extérieur. J’ai un plan chiffré et une vision pour que les gens puissent se permettre de vivre ici. » Elle soutient la création de logements abordables mais aussi de logements supervisés pour aller au-delà des refuges.

Fin du vote par anticipation demain

Une approche partagée par Brad Bradford qui évoque la nécessité de logements avec services de soutien : « Beaucoup de lits actuels dans les foyers sont utilisés par des réfugiés. Les gens ne peuvent pas vivre dans des parcs. » Il se positionne en faveur de plus de régulations contre les propriétaires frauduleux, le travail avec le secteur à but non lucratif et, tout comme Ana Bailão il met l’emphase sur la nécessité de travailler avec les 3 niveaux gouvernementaux pour régler cette crise du logement.

Débuté jeudi dernier, le vote par anticipation est ouvert jusqu’à demain dans les 50 bureaux de vote de la ville. L’élection partielle à la mairie désignera, le 26 juin prochain, le successeur à John Tory, qui a démissionné en 10 février dernier, après avoir admis une relation extra-conjugale avec une employée.

Article écrit avec la collaboration de Sandra Padovani.