Le WeeFestival, un événement pensé pour le tout petit public
TORONTO – 2024 marque la dixième année du WeeFestival, un festival étalé sur cinq semaines qui vise un public cible d’enfants, voire de bébés, de zéro à six ans. Jusqu’au 9 juin, plusieurs lieux de la ville accueilleront l’une ou l’autre des propositions en danse, théâtre, musique, marionnettes ou conte. Le Théâtre français de Toronto s’associe au WeeFestival afin de présenter une offre variée en français.
« On est convaincus de l’importance de l’art et de ce que ça représente pour l’éducation, pour que nos enfants grandissent et se développent psychologiquement », exprime Ariane Burtin, directrice administrative du festival.
Chaque année, le Théâtre français de Toronto s’allie au WeeFestival pour présenter une variété de spectacles en français.
« C’est vrai que cette année (la programmation francophone) est particulièrement riche. L’ambition était d’intégrer toutes les facettes de la francophonie dans le monde », explique Ariane Burtin, qui précise qu’il y aura des spectacles d’artistes québécois, français, belges et sénégalais.
En ce sens, le spectacle Walangaan est une collaboration belgo-sénégalaise qui explore le thème du cycle de l’eau, en chansons et en percussions.
L’eau est aussi à l’honneur dans Poisson papier, où les jeunes de 8 à 24 mois sont invités à interagir avec le décor, à danser et à dessiner.
En plus de cette variété dans les origines, il y a aussi une volonté de présenter des modèles masculins positifs aux enfants et à leurs parents. « Cette année, on a une énergie masculine dans les spectacles que notre directrice artistique, Lynda Hill, a choisis. On a souvent tendance à se dire que, quand on présente des spectacles pour les enfants, il faut que ce soit délicat, doux, on a plutôt tendance à voir des artistes féminines. Et là, c’est vrai qu’on a été intéressés par ce virement, d’avoir des artistes masculins qui présentent à leur façon ce que ça veut dire de jouer. Dans la société dans laquelle on est, le masculin peut aussi être représenté d’une autre façon que ce qu’on voit à l’heure actuelle. »
C’est le cas du spectacle de danse mOts premiers, ainsi que de Up!, de l’artiste français Kristof Hiriart. Dirigé vers les six mois à cinq ans, le spectacle est une métaphore de la croissance et propose de « prendre des risques pour aller au-delà et découvrir à la fois les seuils et les possibilités », selon la description disponible sur le site du WeeFestival.
L’un des buts du festival est de stimuler l’imaginaire des enfants. Dans le spectacle Plastique, de la compagnie québécoise Puzzle théâtre, ces sacs polluants à usage unique se voient tout à coup donner une nouvelle vie.
La même compagnie propose aussi Bonne nuit!, dans lequel l’artiste Csaba Raduly et ses marionnettes luttent contre le sommeil, comme plusieurs enfants qui n’acceptent pas l’heure du dodo.
Le spectacle Coucou, présenté au Assembly Hall d’Etobicoke, fera découvrir tout un monde imaginaire qui se cache derrière l’horloge, « au-delà du temps. »
Finalement, Solalie propose aux enfants de 12 mois et plus de se déplacer librement dans ce « paysage de roches, de cordes, de fibres, de bois, de sphères, de tubes et de mousse. »
Un public particulier
Si le WeeFestival s’étend sur cinq semaines, c’est pour laisser la programmation respirer et permettre aux familles de profiter pleinement de différentes activités, car il serait impossible de retenir l’attention du public cible pendant de longues journées.
Ariane Burtin précise : « On est un festival, mais on ne veut pas être considéré comme un concentré, où il y aurait une espèce de boulimie de spectacles. »
Les horaires ont aussi été pensés afin d’accommoder le plus grand nombre de familles tout en respectant le rythme des enfants. Des représentations sont donc prévues à différentes heures dans la journée.
De plus, les salles intimes permettent de vivre une expérience pensée directement pour les bébés, un public facilement surstimulé. Selon le spectacle, environ huit à 20 familles constitueront le public. « Les bébés font partie intégrante du spectacle. C’est plutôt comme une petite bulle où les artistes vont présenter des choses aux bébés et les spectacles vont s’ajuster en fonction des interactions. »
Ariane Burtin explique que cette formule donne parfois lieu à des moments magiques, où les bébés interagissent à coups d’onomatopées et de vocalises. Les parents en ressortent fascinés. « Forcément, j’ai envie d’encourager nos francophiles et nos francophones à aller voir chacune des expériences, parce qu’elles sont toutes différentes. »
Peu nombreux, mais bien présents
Si le WeeFestival se targue d’être le seul événement pour un public si jeune à Toronto, il existe tout de même quelques festivals pour les tout-petits en province. Ottawa en compte au moins trois : Le Tout petit festival de La Nouvelle Scène Gilles Desjardins existe depuis 2021 et le Festival Big Bang, un concept d’origine belge, a été adopté par le Centre national des arts en 2021. Une nouvelle édition a été confirmée pour 2024.
Le Festival de la jeunesse, en cours jusqu’au 14 mai, est un événement dirigé vers le milieu scolaire et les familles ayant lieu depuis 1985. Bilingue, il combine des spectacles à la Cour des arts et sur les Plaines LeBreton, où se tient également une grande Zone Imagineland avec de nombreuses activités familiales.
Pour ce qui est du WeeFestival, quelques activités sont proposées autour des spectacles qui constituent le programme. Pour souligner le 10ᵉ anniversaire, une fête pour les bébés aura lieu à l’Institut de danse Daniel Spectrum après la représentation du spectacle Up! de samedi. Les représentations de dimanche prévoient de petits cadeaux pour les mamans, en ce jour de la fête des Mères.
Une réception aura lieu lors de la deuxième fin de semaine, une activité cette fois plutôt dirigée vers les adultes.