Timmins compte un peu moins de 40 % de francophones. Archives ONFR+

TIMMINS – Le bureau de santé de Porcupine, qui compte entre autres les villes de Timmins et Hearst, se retrouve sur un pied d’alerte sanitaire alors que son nombre de cas actifs de la COVID-19 se compare aux villes d’Ottawa, York et Toronto. Cette résurgence est due aux nombreux cas de variants et aux éclosions à Timmins qui compte pour près de 85 % des cas actifs de la région.

Lundi, les six cas détectés par le bureau de santé de Porcupine ont tous été enregistrés à Timmins. Dimanche, 15 des 23 cas se retrouvaient dans la ville minière qui a déclaré l’état d’urgence après de nombreuses éclosions dans divers milieux de travail.

Le mois dernier, Porcupine comptait entre 85 à 100 cas actifs. Ce nombre est aujourd’hui à 218, dont 187 seulement à Timmins. Sur 100 000 habitants, la région du Nord de l’Ontario est parmi les pires de la province, surpassant notamment de grands centres de la province.

Dans les sept derniers jours, Porcupine (mauve) compte un nombre de cas actifs par 100 000 personnes plus bas que Toronto (rose), mais plus élevé que York (vert), Windsor-Essex (orange) et Ottawa (bleu). Capture d’écran ONFR+

Afin de régler la situation, le bureau de santé annonce que plusieurs cliniques mobiles seront déployées à Timmins au cours de la fin de semaine pour que les gens puissent aller se faire vacciner sans rendez-vous.

« On sait qu’il y a une hésitation aux vaccins et beaucoup de gens nous disent qu’ils ne sont pas pressés, mais j’invite les gens à prendre leur rendez-vous. Le temps est maintenant », a souligné la médecin-hygiéniste en chef du Bureau de santé Porcupine, Lianne Catton.

Selon le bureau de santé local, la situation actuelle dans le Nord ressemblerait même à celles de certains bureaux du Grand Toronto.

« Même si on n’a pas eu la désignation de zone chaude ou de hot spot par la province, c’est certain que la situation que nous vivons ici dans la région du bureau de santé pourrait se qualifier comme une zone chaude. Le bureau de santé travaille depuis quelques semaines pour recevoir les appuis nécessaires comme une zone chaude pour être capable de gérer cette troisième vague », explique Chantal Riopel, infirmière en chef du Bureau de santé locale.

L’effet des variants

Lors de la première et de la deuxième vague, la grande densité de la région permettait aux différents bureaux de santé du Nord d’échapper à la COVID-19. Mais, pour Chantal Riopel, la menace du variant britannique B.1.1.7 explique la récente flambée de cas.

« C’était un avantage (la densité) pour nous au début de la pandémie, mais ça ne semble pas faire une différence maintenant. La grosse différence est que dans la troisième vague, près de 67 % de nos cas sont liés aux variants préoccupants. Ces variants sont différents du virus qu’on a vu au début de la pandémie et responsable de la majorité de nos cas lors de la troisième vague. »

Face à la vaccination des personnes âgées, ces variants attaquent de plus en plus les jeunes, explique la Dre Canton. Dans la région, la grosse majorité des hospitalisations et des cas sont des individus dans la trentaine, soutient la médecin-hygiéniste en chef.

« N’importe qui de n’importe quelle tranche d’âge attrape le virus récemment. C’est partout, dans la communauté, au travail, dans les écoles quand c’était ouvert, les garderies et dans les maisons. Peu importe où, si on baisse la garde, ça va créer des expositions au virus. On voit beaucoup de transmission dans la communauté. »

Situation stable à Hearst

Affirmant qu’il ne faut pas baisser la garde malgré la vaccination, la docteur en chef demande aux gens de respecter l’ordre de rester à la maison jusqu’au 2 juin.

« Je sais que l’ordre de rester à la maison est toujours en vigueur, mais on serait en zone grise même s’il n’y avait pas d’ordre de rester à la maison. On n’aurait pas les chiffres pour pouvoir ouvrir. »

À Hearst, où près de 90 % de la population parle français, la situation est sous contrôle avec aucun cas actif en date du 18 mai. Le maire Roger Sigouin se dit enjoué par l’allure de la campagne de vaccination dans sa ville et se considère « chanceux » de ne pas être dans la même situation que sa ville confrère.

« Je pense que le gros de l’histoire est que les gens ne voyagent pas par avion à Hearst comparativement à Timmins, surtout ceux qui travaillent dans les mines qui font Toronto-Timmins, alors ça a un très gros impact sur les chiffres actuels (…). Allez vous faire vacciner et on va s’en sortir rapidement », envoie comme message le maire Sigouin.