Crise linguistique : un mois et dix citations marquantes
La crise linguistique ontarienne a maintenant un mois. Depuis le 15 novembre, date du coup de matraque du gouvernement progressiste-conservateur sur les services en français, les annonces, les contre-annonces, les petites phrases choc se succèdent. #ONfr vous propose un petit récapitulatif des principales citations de ce mois difficile pour les Franco-Ontariens.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
15 novembre. « On l’a su peut-être une demi-heure avant l’énoncé économique »
L’énoncé économique dévoilé par le gouvernement progressiste-conservateur est aussi fatal à l’Université de l’Ontario français qu’à François Boileau. Sonné et abasourdi, le commissaire aux services en français donne ses premières entrevues, et précise dans quelles circonstances la nouvelle lui a été transmise. L’équipe du premier ministre, Doug Ford, annonce que les plaintes des services en français seront dorénavant acheminées au bureau de l’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé.
19 novembre. « Il y a dix universités et collèges en Ontario qui offrent plus de 300 programmes en français »
C’est un Doug Ford calme, mais manifestement « breffé » qui se présente devant les médias ce lundi, à Queen’s Park. Le premier ministre vient de sortir d’une rencontre avec son homologue québécois, François Legault. En prononçant cette petite phrase, M. Ford justifie la décision du gouvernement d’annuler l’Université de l’Ontario français. Le temps aussi pour lui d’écorner sa prédécesseure, Kathleen Wynne, dont le feu vert à la construction du bâtiment est jugé « irresponsable » financièrement.
21 novembre. « J’ai lu quelque part que la députée Simard might be upset. Faux. Je suis definitely upset »
Sous le feu des critiques depuis plusieurs jours pour sa discrétion, la seule députée franco-ontarienne du caucus progressiste-conservateur sort du silence sur Facebook. Une déclaration assez fracassante dans laquelle se retrouve ce passage. Cette prise de position est aussitôt saluée sur les médias sociaux, mais l’avenir de l’élue Glengarry-Prescott-Russell au sein de son propre parti apparaît menacé.
25 novembre. « Jamais je n’aurais cru vivre cela de ma vie »
C’est la petite phrase de Marie-Pierre Héroux, sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle (TLMEP). La co-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) fait ici référence, bien entendu, à la crise linguistique de l’Ontario qu’elle qualifie par ailleurs de pire dans son genre depuis celle du Règlement XVII. Pour la première fois dans l’histoire de TLMEP, quatre Franco-Ontariens sont présents. Outre Mme Héroux, participent aussi Amanda Simard, Dyane Adam et Ronald Caza.
28 novembre. « C’est pas un restaurant qu’on veut, c’est une université »
À Queen’s Park, le débat est plus houleux que jamais sur les compressions aux services en français. Le néo-démocrate Gilles Bisson fait cette déclaration choc après que la progressiste-conservatrice Gila Martow eut vanté le besoin d’un nouveau café en français à Toronto. Ce jour-là, le Nouveau Parti démocratique (NPD) dépose une motion pour demander au gouvernement de revenir sur ses décisions. Sans effet. Le lendemain, Amanda Simard quitte le caucus progressiste-conservateur.
29 novembre. « Promesse faite, promesse non tenue »
Depuis le début de la crise linguistique, la petite phrase de Carol Jolin est devenue sa marque de fabrique à chaque conférence de presse. Sauf que ce jour-là, le leitmotiv du président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) prend tout son sens. L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens sort amer de sa rencontre avec le premier ministre en matinée. L’AFO n’a obtenu aucune concession de Doug Ford quant à ses revendications sur le rétablissement de l’indépendance du commissaire et du projet universitaire.
1er décembre. « Si on doit aller devant les tribunaux, attachez vos tuques avec la broche »
Comme à son habitude, c’est un Ronald Caza survolté qui prononce son discours lors de la manifestation à Ottawa. Devant 5 000 Franco-Ontariens, et francophiles, l’avocat s’adresse tour à tour en français puis en anglais au « gouvernement Ford et Mulroney ». « Nous voulons encore éviter d’aller devant les tribunaux pour défendre nos institutions », entonne l’avocat. Dans la presse, M. Caza ne cesse d’affirmer la similarité des compressions de Doug Ford avec la cause juridique de SOS Montfort en 1997.
4 décembre. « Je ne pense pas démissionner »
Poussée dans ses retranchements, Caroline Mulroney exclut la possibilité de quitter son poste. La ministre des Affaires francophones est chaque jour un peu plus critiquée depuis les compressions du 15 novembre. Le même jour à Queen’s Park, la Franco-Ontarienne Nathalie Des Rosiers demande sa tête. Mme Mulroney affirme qu’elle ira prochainement à la rencontre de la communauté francophone.
6 décembre. « Non, non, non! »
C’est le cri du cœur à Queen’s Park des députées Donna Skelly de la circonscription de Flamborough—Glanbrook et Robin Martin de celle d’Eglinton-Lawrence pour tenir au silence Amanda Simard. L’élue désormais indépendante s’était fait offrir une portion du temps de parole des libéraux afin qu’elle puisse partager sa perspective sur les coupes francophones du gouvernement Ford. Mais l’unanimité était nécessaire en chambre pour permettre à Mme Simard de partager son point de vue.
Et depuis 30 jours. « Nous sommes, nous serons »
La devise adoptée en 1969 par l’Association canadienne française de l’Ontario (ACFO) connaît un second souffle après avoir été longtemps en désuétude. Devenue l’un des cris de ralliement au mouvement de La Résistance sur les médias sociaux et ailleurs, l’expression est même scandée par plus de 5 000 personnes lors de la grande manifestation à Ottawa, le 1er décembre.
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