Denise Comeau-Desautels, présidente de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), et Emmanuel Nahimana, directeur général adjoint, en charge du projet d’immigration francophone de la FANE. Photo : Sandra Padovani/ONFR

HALIFAX – Le tout premier Mois du Patrimoine acadien de l’histoire de la Nouvelle-Écosse touche à sa fin, l’un des plus récents acquis pour ses 12 régions acadiennes désignées. Malgré des défis liés à la baisse démographique, de nouvelles politiques et progrès – via l’immigration, les services en français et les infrastructures – sont en marche pour protéger et valoriser l’histoire, la culture et l’intégrité de la minorité francophone.

De 29 470 personnes, soit 3,2 % de la population en 2016, les Néo-Écossais de langue maternelle française sont passés à 27 340 en 2021, soit 2,9 % de la population.

Denise Comeau-Desautels, la présidente de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), « troisième femme à ce poste en 56 ans », avance le vieillissement de la population francophone comme cause première, mais nuance ces chiffres.

Source : recensement de 2021, Statistiques Canada

« Cela diminue dans les chiffres, mais quand on regarde nos communautés, comme à la Baie Sainte-Marie où je demeure, il y a beaucoup de projets qui ont été mis en place. Les enfants vont à l’école en français et on a beaucoup plus de services en français, grâce au gouvernement fédéral, mais aussi grâce au gouvernement provincial qui est vraiment un allié des Acadiens francophones de la Nouvelle-Écosse », rapporte-t-elle.

Fondé en mai 1996, à la suite de l’adoption de la Loi sur l’Éducation de la Nouvelle-Écosse, le 1er avril 1996, le Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) est le seul conseil scolaire francophone de la province et compte maintenant 23 écoles de langue française.

Celle-ci ajoute qu’avoir une université en français joue également un rôle fondamental. L’Université Sainte-Anne est la seule institution d’enseignement postsecondaire de langue française en Nouvelle-Écosse.

Ses cinq campus à Pointe-de-l’Eglise (sud-ouest), Halifax (centre), Tusket (sud-ouest), Petit-de-Grat et Saint-Joseph-du-Moine (nord-est) offrent des programmes d’études universitaires et collégiales ainsi que des programmes d’immersion et de formation sur mesure en français langue seconde.

« Nous avons plusieurs médias dans notre langue. Dans ma communauté toujours, je peux tout à fait aller au garage, chez le vétérinaire, chez le médecin en français. À Yarmouth et Digby par exemple, on se fait servir beaucoup plus en français qu’il y a même dix ans de cela ». 

« Une nouvelle région vient d’être désignée et reconnue douzième région acadienne, Torbé (Tor Bay en anglais) où 600 Acadiens résident. »

12 régions sont officiellement désignées communautés acadiennes et francophones. Elles se trouvent dans le sud et sud-ouest avec les régions d’Argyle, de Clare (Baie Sainte-Marie), de Rive-Sud, au centre sud avec les régions de Halifax et de Chezzetcooket, au centre nord avec la région de Vallée d’Annapolis et enfin, au nord-est de la province, avec les régions de Truro, Pomquet, Chéticamp, Sydney, Isle Madame et Torbé. Photo : Capture/Site officiel de la FANE

Une politique d’immigration francophone

Emmanuel Nahimana, directeur général adjoint, en charge de son projet d’immigration francophone, explique que les nouveaux venus inscrivent maintenant leurs enfants dans les écoles de langue française à Halifax, car l’offre est plus importante.

« Il y a quelques années, nous n’avions que quatre écoles dans la région de Halifax et en moins de dix ans nous en avons le double. »

Selon celui-ci, les services augmentent « car on a réalisé l’importance du français et l’importance de parler les deux langues officielles ».

« Le bilinguisme permet d’avoir du poids dans le marché du travail, commente-t-il également. Éducation, petite enfance, femmes, économie, presque tous les secteurs connaissent des progrès. Les organismes aussi connaissent un boom certain. »

La Nouvelle-Écosse est la première province à se doter d’un plan stratégique sur la population francophone.
— Emmanuel Nahimana

Côté immigration, le directeur général adjoint constate une évolution de la prise en charge d’immigrants francophones par la fédération, passés de 80 à 300 par année.

« La Nouvelle-Écosse est la première province à se doter d’un plan stratégique sur la population francophone. Nous travaillons ensemble pour améliorer et mettre en œuvre les actions du plan. Le comité se réunit mensuellement. Également, nous faisons la promotion à l’extérieur du Canada de la destination Acadie et du fait français. »

« Au niveau des programmes d’immigration, la province met l’emphase sur la lentille francophone. On voit beaucoup d’initiatives du ministère de l’Immigration et du ministère des Affaires acadiennes et de la Francophonie. »

Parmi les principaux pays de provenance, les pays du Maghreb, le Cameroun, le Congo, la France ou encore la Belgique.

Une reconnaissance culturelle nouvelle

« Les anglophones néo-écossais savent que les Acadiens sont là depuis 400 ans. Mais le fait que la province déclare et reconnaisse pour la première fois en 2024 le mois d’août Mois du Patrimoine acadien, pour découvrir l’Acadie vivante, va aider à faire connaitre les Acadiens davantage », assure Denise Comeau-Desautels.

« 40 panneaux acadiens ont été installés le long de nos routes et toute une promotion a été mise en place ».

Les régions acadiennes sont identifiables par le drapeau acadien flottant de part et d’autre, comme ici dans la région de Clare. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Drapeau acadien et panneau bilingue Stop/Arrêt. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Photo : Sandra Padovani/ONFR

Un mois d’hommage à la culture francophone de la province qui inclut le 15 août, la Fête nationale de l’Acadie, symbole fort créé en 1881, et célébré récemment durant le récent Congrès mondial acadien (10-18 août 2024) dans la région francophone de Clare.

« C’est un autre acquis historique, qui permet vraiment la promotion des Acadiens », commente Emmanuel Nahimana, ajoutant que, lorsqu’il y a des événements francophones, les anglophones y prennent part, de même que les médias anglophones qui en font la couverture.

« Nous ne baissons pas les bras, nous avons l’appui des deux gouvernements et nous travaillons fort pour nos communautés francophones », conclut la présidente de la FANE.