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Début du 50e de Mattice-Val Coté, village le plus francophone de l’Ontario

Mattice-Val Côté se prépare à célébrer son 50e anniversaire. Source : Wikipedia/Par P199 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

Mattice-Val Côté – Petit territoire isolé, enraciné sur la rivière Missinaibi, le village de Mattice-Val Coté est l’un de ces derniers petits villages francophones du nord de l’Ontario. Le canton célèbre ce samedi la première partie des festivités de son 50e anniversaire dans Val Coté.

Créés le 18 avril 1975, les cantons de Mattice et Val‑Coté se sont rassemblés pour former une municipalité unilingue francophone, hissée par l’essor du chemin de fer et l’industrie de la fourrure, bien que la fondation des deux communautés date de plus de cent ans.

Pour célébrer les deux cantons unis, la municipalité a décidé de séparer les festivités du 50e en deux périodes : le 21 juin pour Val Coté et la fin de semaine du 20 septembre pour Mattice, en marge du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

Rallye de VTT, course à obstacles, volet nostalgie, jeux pour enfants, nourriture : plusieurs activités gratuites auront lieu samedi pour toute la famille.

Côté financement, la municipalité dit fonctionner avec un modeste budget de 10 000 $, en provenance des réserves municipales et de dons de la Caisse Alliance et de TC Énergie, ainsi que des commandites de sociétés privées.

La directrice générale et greffière de la ville, Guylaine Coulombe, espère déposer une demande en vertu du programme PAFO (Programme d’appui à la francophonie ontarienne), faute d’avoir pu satisfaire les critères pour d’autres sources de financement gouvernementales, lesquelles ne sont disponibles que pour les festivals.

Marc Dupuis occupe le poste de maire de Mattice‑Val Coté depuis octobre 2018. Photo : Inès Rebei/ONFR

« Ça ne sera pas aussi grandiose qu’on aimerait, mais on va fêter en même temps les 50 ans de la francophonie avec la municipalité la plus francophone de l’Ontario », déclare de son côté Marc Dupuis, maire de la ville.

Francophone mais ouvert à tous

Selon les plus récentes données partagées par Statistique Canada en 2023, Mattice-Val Coté est en première position des communautés d’au moins 500 habitants qui ont la plus forte proportion de personnes pouvant s’exprimer en français en Ontario.

Le canton a même détrôné la municipalité voisine de Hearst, communément surnommé le dernier village gaulois, avec un pourcentage de 96,3 contre 94 %.

Le cimetière autochtone de Mattice-Val Coté a principalement été utilisé du début des années 20 jusque dans les années 40, avant d’être abandonné puis réhabilité dans les années 80. Photo : Victoire Gireudet/ONFR

« On en est fiers, on aime notre langue et on aime la défendre aussi, mais on accepte aussi les autres, tout le monde est le bienvenu chez nous », souligne celui qui est aussi conducteur d’autobus.

Le maire estime que la présence de plus en plus d’anglophones, lesquels ont créé plusieurs petites entreprises dans la localité, n’est pas à sous-estimer. Il admet également que sa communauté n’est pas à l’abri du déclin du français et du recul démographique, constatés partout au pays, mais dit remarquer un retour de jeunes familles dans la collectivité depuis la pandémie.

« Est-ce que nous allons devenir un endroit où les gens vont déménager à cause du français? Je ne crois pas, mais nous, on va tout faire pour garder notre français », pense M. Dupuis, qui se réjouit que les nouveaux arrivants issus de l’immigration soient aussi en majorité francophones.

Des attraits uniques

Selon Mme Coulombe, ce qui distingue la municipalité est sa situation unique, en plein cœur de la Missinaibi, rivière historique reconnue comme voie de canotage patrimoniale nationale.

La rivière Missinaibi, longue de 400 km, était une voie de navigation centrale pour la traite de fourrure entre autochtones et les voyageurs. Gracieuseté de la municipalité de Mattice-Val Coté

« C’est le point de départ pour plusieurs canoteurs qui s’en vont à Moose Factory, le point d’arrêt pour ceux qui sont partis du Lac supérieur ou de Chapleau, et c’est le point milieu pour ceux qui la parcourent du début à la fin », explique-t-elle.

Facilement repérables depuis la route 11, les dinosaures de Mattice ont longtemps été considérés comme l’un des symboles visuels les plus reconnaissables de la localité.

Installés et sculptés par les frères Serge, Jean et Paul Dupuis – de la même famille que le maire – dans les années 50-60, il ne reste aujourd’hui de ces dinosaures que le tyrannosaure, niché devant l’ancien Mattice Motel, détruit par un incendie en 2018.

« Pendant longtemps, les gens savaient qu’ils étaient arrivés à Mattice parce qu’il n’y avait pas vraiment de dinosaures ailleurs. On essaie de garder le cachet cute des dinosaures comme faisant partie de notre communauté », conclut la Franco-Ontarienne.

Curiosité locale aussi surprenante que familière, le dinosaure de Mattice-Val-Coté est ancré dans l’identité visuelle du village. Source : Dan Gaouette/DG Imaging.

Des figures d’ici, connues ailleurs

De ce coin reculé du Nord ontarien sont issus des visages marquants qui ont fait rayonner la communauté bien au-delà de ses frontières.

Parmi elles, Réal Tanguay, originaire de la municipalité, s’est illustré comme l’un des piliers de l’industrie automobile canadienne. Ancien président de Toyota Canada – le premier à ne pas être d’origine asiatique – et coordonnateur de la Stratégie ontarienne de fabrication de véhicules, il est reconnu pour avoir façonné le virage technologique et durable du secteur.

Yvan Breton s’est illustré comme l’un des plus grands joueurs de ballon‑balai (broomball) au pays. Véritable pilier de son sport, il a été nommé meilleur joueur au Canada à neuf reprises, un exploit qui témoigne de sa constance et de son talent hors norme.

Son parcours l’a mené jusqu’au Temple de la renommée du ballon‑balai, une reconnaissance nationale pour cet athlète enraciné dans le Nord ontarien. Autre fun fact : son gendre n’est nul autre que Claude Giroux, géant du hockey sur glace.