Début du Festival franco-ontarien : « C’est comme si on ouvrait les festivités de la Saint-Jean », selon Daniel Simoncic

Le drapeau Franco-Ontarien bien visible dans la foule du FFO en 2022. Crédit image: Stéphane Bédard.

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Daniel Simoncic est le producteur délégué de Groupe Simoncic, qui s’occupe de l’organisation de différents événements, dont le Festival franco-ontarien (FFO).

LE CONTEXTE :

Depuis 1976, le FFO s’est imposé comme l’un des rassemblements majeurs pour la culture francophone de l’Ontario et ceux qui aimeraient la découvrir. La 48e édition débute aujourd’hui au parc Major’s Hill d’Ottawa.

L’ENJEU :

Après trois ans à avoir été déplacé en septembre, près du Jour des Franco-Ontariens, l’événement revient à sa case habituelle de juin, plus près de la Saint-Jean-Baptiste. Le public sera-t-il au rendez-vous pour cette première année officiellement post-pandémique, avec ce changement au calendrier et l’avertissement de smog toujours en vigueur dans la capitale?

« Quels sont les points forts de la programmation cette année?

C’est sûr que ce sont toujours les spectacles. C’est un peu spécial, parce que Gregory Charles était notre artiste vedette en 2006, lorsque Groupe Simoncic a pris les rênes du festival. Il revient ce soir et un de ses invités est Michel Lalonde de Garolou, qui avait chanté au tout premier festival, il y a 48 ans. Ce sera une soirée magique. Avec les autres invités aussi, dont Sophie Grenier, qui vient de gagner La Voix.

Les têtes d’affiche Lisa Leblanc, Gregory Charles et Zachary Richard sont des habitués du FFO. Crédits images : Annie-France Noël / Source FFO. Montage ONFR+

Et la soirée de samedi aussi, avec Zachary Richard et Lisa Leblanc. Elle a rempli la Place des festivals à Montréal dans les derniers jours. Ça va être un super spectacle. Elle était venue au FFO au début de sa carrière, on l’avait identifiée comme une étoile montante de la francophonie canadienne.

Et le dimanche, c’est familial, c’est gratuit.

Pourquoi avoir ramené le festival en juin?

La Saint-Jean-Baptiste est devenue une célébration d’une semaine et demie, quand on regarde tous les événements. Donc c’est comme si on ouvrait les festivités de la Saint-Jean en Outaouais et en Ontario français.

Il y a beaucoup d’activités lors de la Journée des Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens. On ne voulait pas être en compétition contre des levers de drapeaux à Vanier ou dans l’Est ontarien, par exemple. Et au tout début, la raison d’être du festival était vraiment la Saint-Jean-Baptiste. On a trouvé que c’était préférable de revenir à nos dates, pour célébrer l’été qui commence et être dans la semaine qui célèbre la francophonie canadienne.

À combien de visiteurs vous attendez-vous?

J’espère qu’il y en aura des dizaines de milliers. La vente de billets va très bien. On verra sur place. C’est sûr que comme pour n’importe quel festival, la température joue un rôle. Cette année, c’est spécial, avec la fumée des feux de forêt. On va voir ce soir.

Des visiteurs du FFO visitent les différents kiosques installés au parc Major’s Hill, en 2022. Crédit image : Stéphane Bédard

Quelles sont les retombées du FFO pour la communauté ottavienne?

Selon certaines études, pour les grands festivals, c’est environ sept pour un, c’est-à-dire que si le festival coûte un million, il y a sept millions en retombées économiques. Mais c’est difficile à juger. Est-ce que les gens vont au restaurant avant, est-ce qu’ils sortent après? On est en même temps que le Grand Prix (de Formule 1) et les Francos à Montréal, donc on ne fait pas exploser la demande des chambres d’hôtel non plus. Je crois qu’on apporte beaucoup d’activité économique, mais c’est difficile à juger.

On a toujours été choyés. Quand il fait beau, le parc Major’s Hill est toujours plein. Mais là, on est juste après la pandémie, on a encore changé les dates… mais on a un bon pressentiment. On a beaucoup d’intérêt de la part des médias, beaucoup de questions du public et la prévente de billets se passe très bien. On a même été obligés d’agrandir notre zone VIP deux fois.

Quel est l’impact du FFO sur le sentiment d’appartenance des Franco-Ontariens?

Ça a été un précurseur de la fierté franco-ontarienne. Il faudrait poser la question à ceux qui étaient là au début. Mais ça a commencé avec un souper spaghetti, cette histoire-là. Et l’événement a grandi, pour devenir l’un des plus grands festivals francophones au Canada. C’est le plus grand en dehors du Québec. Il a un rôle super important.

Depuis le parc Major’s Hill, on voit la Colline du Parlement et on voit le Musée canadien de l’histoire à Gatineau, sur l’autre rive. La basse-ville a été construite par des Franco-Ontariens. On est au cœur de la francophonie, ça représente beaucoup. Des fois, on oublie nos racines, à moins qu’il y ait une crise. Mais le FFO, c’est un festival qui fait ressortir notre fierté.

Les visiteurs du FFO n’hésitent pas à afficher leurs couleurs franco-ontariennes. Crédit image : Stéphane Bédard

Et c’est tout inclusif. Des écoles d’immersion participent à nos matinées scolaires. C’est super de voir les poussettes sur le pont, les familles de Gatineau traversent en Ontario pour la matinée familiale. Et on invite aussi les anglophones qui veulent se retrouver dans une expérience francophone. Ce sont souvent des parents anglophones qui ont des enfants dans les écoles d’immersion. Ils veulent que leurs enfants soient un peu accrochés dans cette culture francophone. Alors des fois, eux se déplacent et même s’ils ne comprennent rien, leurs enfants comprennent!

On n’est plus comme avant, quand le bilinguisme est devenu officiel et qu’il y avait une grande résistance des anglophones. En ce moment, les parents veulent que leurs enfants apprennent le français. C’est une langue à la mode et c’est l’occasion de la célébrer, et de célébrer la francophonie canadienne. »