Décès de Karl Tremblay : l’Ontario pleure aussi
C’est une véritable onde de choc qui a déferlé sur le Québec à la suite de l’annonce du décès de Karl Tremblay. Le chanteur des Cowboys fringants se battait contre un cancer depuis 2020, mais c’est dans les derniers mois que le public a vraiment vécu le combat avec lui. Si, depuis 1997, les Cowboys fringants ont su s’imposer comme groupe culte de la belle province, ils ont aussi marqué les communautés francophones à travers le monde. Plusieurs personnalités franco-ontariennes ont tenu à rendre hommage à Karl Tremblay.
« C’est si triste… Doux voyage, Karl », a exprimé Luce Dufault sur ses réseaux sociaux. La chanteuse native d’Orléans est arrivée dans le paysage musical à la même époque que les Cowboys fringants et s’est aussi imposée comme l’une des grandes de la chanson franco-canadienne.
Directrice de la programmation chez Groupe Simoncic, Sophie Bernier se rappelle du passage des Cowboys fringants au Festival de la curd de St-Albert, en 2019. En entrevue avec ONFR, elle raconte : « J’ai écouté le spectacle depuis les coulisses. Donc, je voyais le groupe sur la scène, mais je voyais aussi la foule qui dansait et chantait toutes les paroles. C’était vraiment électrique. On sentait qu’il y avait quelque chose dans l’air qui était vraiment spécial. »
Selon Sophie Bernier, Karl Tremblay avait tout aussi bonne réputation en Ontario francophone, même si le Québécois affichait des opinions souverainistes. « C’est un exemple frappant de quand on dit que la musique dépasse les frontières. Eux, c’était vraiment ça. Même si leurs points de vues politiques ne rejoignaient pas nécessairement les publics partout, les paroles, les thèmes qu’ils abordaient, le regard qu’ils posaient sur la société… ça, ça parlait à tout le monde, partout. »
Mélissa Ouimet était en répétition avec d’autres musiciens pour une émission spéciale de TFO quand elle a appris la nouvelle du décès de Karl Tremblay, un artiste qui l’inspire, comme elle l’explique à ONFR : « J’ai eu une réaction comme si c’était un membre de ma famille, un cousin. C’est quelqu’un qui avait une empreinte très forte. »
L’artiste de Sudbury Stef Paquette a choisi de partager des paroles de la chanson Les étoiles filantes, une pièce emblématique des Cowboys fringants sur la vie et le temps qui passe.
Le propriétaire de la microbrasserie Cassel Brewery de Casselman, Mario Bourgeois, a promis de « continuer à crinquer (la) musique » du groupe culte.
Le bassiste des Rats d’Swompe, Martin Rocheleau, a affirmé à ONFR avoir été fortement influencé par les Cowboys fringants depuis l’époque de son école secondaire. « Karl avait une façon bien spéciale et naturelle de livrer ses textes, des fois plus humoristiques, d’autres fois plus sérieux, mais toujours vrais et authentiques. Je crois que c’est ce qui faisait de lui un chanteur/artiste aussi attachant. En plus, à Timmins, il se faisait peu de musique en français. Mais c’est en écoutant Les Cowboys avec mes chums, à gratter la guitare, à chanter leurs tounes, que j’ai pu comprendre que de jouer de la musique en français, ça pouvait être autant trippant. »
Donner le goût de la musique en français
Dans la pluie d’hommages à Karl Tremblay, on trouve plusieurs personnes pour affirmer que les Cowboys fringants ont joué un rôle important dans leur envie d’écouter de la musique francophone.
C’est le cas du président de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa), Éric Barrette, qui a écrit : « Karl et les Cowboys ont bercé mon univers musical des 20 dernières années! C’est aussi un des premiers groupes qui m’a accroché à la musique francophone! »
Pour l’auteur-compositeur-interprète Vincent Bishop, le décès de Karl Tremblay est un dur coup pour le combat culturel mené par les artistes francophones. « C’était déjà une épreuve difficile, depuis plusieurs années, mais là, ça le sera sûrement encore plus, de continuer à faire vivre la culture québécoise et franco-canadienne (…) C’est un deuil qu’on a à faire, parce que Karl Tremblay va laisser un grand vide à notre culture. »
La classe politique réagit aussi
En plus de nombreux politiciens québécois, les chefs des principaux partis fédéraux ont aussi salué Karl Tremblay sur les réseaux sociaux. Sur X, anciennement Twitter, le premier ministre Justin Trudeau a écrit : « L’influence de Karl Tremblay sur le Québec et sa culture est sans égale. Sa musique et ses paroles ont inspiré des millions de personnes. Mes sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à ses admirateurs, qui pleurent la perte d’une icône. »
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a écrit aux proches et aux fans endeuillés : « Je vous souhaite un courage digne du sien et l’amour digne de l’espoir qu’il a gardé et partagé. »
Le chef néo-démocrate, Jagmeeth Singh, a affirmé : « Il était un artiste qui savait raconter une histoire et celle de tout un peuple. Son courage et son talent auront marqué et inspiré plusieurs générations. »
Le chef conservateur Pierre Poilièvre a également salué le chanteur de la formation qui interprétait des chansons revendicatrices de gauche. « La nation québécoise est très émue par le décès de Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys fringants. Cet amour est très impressionnant et montre l’attachement viscéral des Québécois et des francophones à leur culture. Permettez-moi de partager votre deuil et votre tristesse. »
Le député franco-ontarien de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin, a résumé la pensée de plusieurs : « Je pleure Karl, la musique des Cowboys fringants et l’Amérique! Merci pour les tounes. »
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, la mairesse de Gatineau France Bélisle a annoncé que les drapeaux de la ville seraient en berne au cours de la journée de jeudi.
À travers le Québec, de nombreuses stations de radio dont celles de Bell Média, Cogeco Media, Arsenal Media et Leclerc Communication se sont entendues pour jouer simultanément la chanson Sur mon épaule à 8h jeudi matin. Un appel entendu entre autres par la station communautaire francophone d’Ottawa Unique FM. Jean-Philippe Marcil de Bell Média a incité ses pairs à l’accompagner en ces mots : « Au-delà de la compétition, faisons-le pour l’œuvre, pour l’humain… faisons-le pour Karl. »